Brésil : qui est Dorival Júnior, le nouvel homme fort de la Seleção ?

Par Valentin Feuillette
6 min.
Dorival Junior, nouveau sélectionneur du Brésil @Maxppp

Après l’officialisation de la CBF, le choix de nommer Dorival Júnior à la tête de la Seleção ne finit pas de faire parler au pays du football. Mais l’entraîneur de 61 ans possède un pédigrée loin d’être inintéressant, alors que sa philosophie offensive semble aujourd’hui coller aux forces présentes de l’effectif.

Alors que des noms ronflants tels que Carlo Ancelotti, Zinedine Zidane et José Mourinho circulaient depuis plusieurs mois pour prendre la succession de l’intérimaire Fernando Diniz à la tête de la sélection brésilienne, la Confédération brésilienne de football (CBF) a finalement opté pour un nouveau profil très national en engageant l’entraîneur, Dorival Júnior (61 ans) : «Le São Paulo Futebol Clube annonce le départ de l’entraîneur Dorival Júnior, qui a demandé sa démission pour prendre les commandes de l’équipe brésilienne», a annoncé sur les réseaux sociaux le club paulista, alors que le communiqué officiel de la CBF se faisait encore attendre. Mais l’arrivée de Dorival Júnior à la tête de Seleção a été officialisée en ce début de soirée. La CBF attendait seulement le bon timing pour faire une annonce en bonne et due forme, à l’heure où un dossier urgent est venu entacher le paysage autour du football brésilien : la destitution puis le retour d’Ednaldo Rodrigues au poste de président de la CBF, avec l’ombre d’une énorme suspension que menaçaient d’appliquer conjointement la Fédération internationale de football association (FIFA) et la Confédération sud-américaine de football (CONMEBOL).

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«C’est la réalisation d’un rêve personnel, qui n’a été possible que parce que j’ai reçu une reconnaissance pour le travail réalisé à São Paulo. C’est pourquoi je dois vous remercier d’avoir participé à cette importante période de reconstruction, dirigée avec compétence par la présidence et le conseil d’administration. Grâce aux investissements en infrastructure et en planification de ces dernières années, le Club est prêt à accueillir les professionnels les plus qualifiés du marché. Je voudrais également remercier les supporters pour tout leur amour et leur soutien», a déclaré Dorival Júnior, neveu du légendaire Dudu, au moment de son départ. Si le natif d’Araraquara ne possède pas le pédigrée des tacticiens susmentionnés comme Mourinho, Ancelotti ou Zidane, il jouit néanmoins d’une forte expérience au Brésil et va donc inscrire son nom dans la longue lignée des entraîneurs très brésiliens issus majoritairement du championnat brésilien et de la formation nationale (Tite, Dunga, Mano Menezes ou encore Émerson Leão).

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Une icône nationale

A 61 ans, l’expérience de Dorival Júnior sur les bancs brésiliens n’est plus à prouver. Il a dirigé tous les plus grands clubs du pays : Santos, Palmeiras, Flamengo, Fluminense, Vasco da Gama, Saõ Paulo, Internacional ou encore Cruzeiro. Le désormais nouveau sélectionneur du Brésil n’a jamais entraîné en dehors de son pays natal et aime changer de défis. Entre 2002 et 2023, il a changé pas moins de 25 fois de banc avec une moyenne de sept mois passés sur les bancs. Son record du passage le plus long est à Santos mais il n’était resté «que» deux ans. Sur le plan du palmarès, Dorival Júnior peut se targuer d’avoir de jolis trophées dans son armoire avec trois coupes du Brésil, une Série B et une Copa Libertadores, remportée avec le club de Flamengo. Au cours de sa carrière, il a coaché de nombreux jeunes pépites brésiliennes qui ont, par la suite, explosé en Europe avec plus ou moins de succès : Juninho, Ricardo Oliveria, Lucio, Ramires, Oscar, Hernanes, Lucas Paqueta, Lucas Moura, Eder Militão, Ganso, Leandro Damião et surtout Neymar.

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L’année 2015 a été un tournant dans la carrière d’entraîneur de Dorival Júnior puisqu’il a pris une année sabbatique, non pas pour s’éloigner des pelouses et des stades, loin de là. En effet, il a déménagé en Europe pour un an avec l’objectif d’accroître ses compétences tactiques en rencontrant plusieurs grands entraîneurs européens et en parcourant les centres d’entraînement de Chelsea, de l’AS Roma, du Real Madrid et du Bayern Munich. Il assiste à des conférences et des séances dirigées par Pep Guardiola : «Je suis allé en Europe pour chercher certaines choses qui s’y passaient. J’ai essayé de les adapter le mieux possible à mon travail, à ma façon de voir le football. J’ai aimé donner plus d’importance à la partie tactique, sans oublier la partie technique, pour contribuer à l’amélioration du football brésilien», avait-il expliqué. Cette expérience enrichissante lui fait d’ailleurs gagner le surnom du «Guardiola brésilien» dans la presse à son retour au Brésil et l’ancien milieu du LOSC, Thiago Maia, qui a côtoyé Dorival à Santos, disait à ce sujet : «c’est vraiment le Pep Guardiola brésilien. Il s’est beaucoup inspiré du Bayern. Il y a fait son apprentissage et a apporté ce qu’il a appris ici».

Football offensif et gestion rugueuse

Discutons un peu plus de sa patte tactique. Dans le pays du joga bonito, le jeu offensif semble faire évidence. Et la philosophie de Dorival, articulé autour d’un 4-2-3-1, est résolument tournée vers l’attaque. Durant sa carrière, il a beaucoup évolué et son séjour en Europe lui a permis de transformer et moderniser son jeu. À l’origine, Dorival Júnior était un adepte d’un jeu plus vertical et direct, avant de s’inspirer notamment de Pep Guardiola, assimilant les avantages de la possession et de l’innovation tactique. Sous sa houlette, ses équipes s’appuient sur un bloc médian efficace qui effectue des passes rapides pour faire remonter le ballon rapidement sur le terrain, tandis que les arrières latéraux font des percées dans le dernier tiers pour provoquer des occasions sur coups de pied arrêtés. Lorsqu’elle n’est plus en possession du ballon, la défense forme une forteresse dans sa moitié de terrain avec deux hommes postés devant la ligne arrière à quatre pour récupérer le ballon et contenir les contre-attaques. Avec le choix Dorival, la CBF prend le contrecoup de la méthode de Diniz axée sur le jeu oppositionnel. Le plus gros défaut dans le profil de Dorival Júnior réside finalement sur la gestion du vestiaire. Son nom avait quelque peu voyagé outre-Atlantique le 15 septembre 2010, lorsqu’il entraînait Santos et dirigeait un certain Neymar.

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L’entraîneur de 61 ans a eu une altercation avec le futur joueur du FC Barcelone, lors d’une victoire (4-2) à domicile contre l’Atlético Goianiense. Après avoir provoqué un penalty, Neymar a demandé le ballon pour le tirer mais Dorival Júnior a exigé que ce soit Marcel qui s’en charge. Malgré la tentative réussie de Marcel, la discussion entre le joueur et l’entraîneur avait laissé des séquelles, Neymar refusant plus tard de passer le ballon à Marcel pendant le reste du match. Le 21 septembre 2010, il a été rapporté que Dorival Júnior ne convoquerait pas Neymar pour le prochain match contre les Corinthians en guise de punition pour ses actes d’indiscipline. Quelques heures plus tard, cependant, l’entraîneur a été licencié par la direction de Santos. A voir comment le désormais nouveau sélectionneur de la Seleção gérera un vestiaire aussi riche d’égo et de talent. Sa mission est néanmoins claire : trouver les remèdes au mille maux du Brésil qui enchaîne trois défaites consécutives (Uruguay, Colombie et Argentine), occupant la 6e place des qualifications sud-américaines pour la Coupe du Monde 2026.

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