Manchester United-Chelsea : les notes du match

Quelle composition d'équipe Carlo Ancelotti allait-il aligner pour renverser la vapeur à Old Trafford ? C'était la grande question de l'avant-match. L'entraîneur italien a tranché en faveur de Fernando Torres et Anelka, laissant Drogba sur le banc. Un choix peu compréhensible en regard des prestations de l'Espagnol, et qui a été sanctionné par Manchester United. Mis à part deux frappes lointaines d'Anelka et une de Lampard, les Blues semblaient incapables d'aller inquiéter la défense des Red Devils, pourtant rendue fébrile par les atermoiements physiques de Rio Ferdinand. Invisible, toujours aussi mal inspiré et au manque de confiance évident, Torres n'a jamais pu se mettre en position de frappe. Et comme souvent cette saison, sans être génial mais porté par un duo Rooney-Giggs éblouissant, MU a été impitoyable en contre.

Le club mancunien a porté la première estocade à la 43e minute : renversement de Rooney, une-deux entre Giggs et O'Shea, et but de Chicharito sur le service parfait du Gallois. Chelsea rentrait au vestiaire la tête basse, mais le contrat était resté le même : inscrire 2 buts. Enfin, Ancelotti sut dresser le même constat que tous les spectateurs et fit rentrer Drogba à la place du fantôme de Torres. L'entrée de l'Ivoirien a apporté ce supplément d'âme qui manquait tant aux Blues. En l'espace de 15 minutes, il avait mis Evra au supplice et frappé deux fois au but. Et même après l'expulsion logique de Ramires, pourtant l'un des meilleurs Blues jusque-là, l'ancien Marseillais parvenait à redonner confiance aux siens en exploitant à la perfection un ballon dans la profondeur donné par Essien (76e). Drogba une nouvelle fois sauveur des Blues ? L'espoir n'a duré que quelques secondes.

Car le vieux sage gallois Giggs a livré un nouveau caviar, à destination de Park, qui concrétisait l'offrande (77e). Old Trafford pouvait souffler et Ancelotti pouvait ruminer sur son banc. Il sera probablement désigné coupable de l'élimination des Blues par la presse anglaise demain, et non sans raison. Qu'aurait été le match avec un Drogba aligné d'entrée ? L'Ivoirien a montré plus d'envie et de talent à lui seul que la paire Torres-Anelka. En faisant aveuglément confiance à l'Espagnol, Ancelotti a condamné Chelsea à une saison sans titre. Et a peut-être dit adieu à son poste. Sir Alex Ferguson, lui, partira quand il le voudra. Et il aura peut-être un autre fantastique triplé dans ses bagages au moment de se retirer.

L'homme du match : Ryan Giggs (8) : Man Utd a marqué trois buts en deux matches face à Chelsea grâce à trois caviars de Ryan Giggs. Le Gallois de 37 ans n'en finit plus d'étonner en cette seconde partie de saison. Impeccable à l'aller, il fut époustouflant au retour. Positionné aux côtés de Carrick dans l'entrejeu, il a régalé ses partenaires par ses décalages. Bien sûr, il y a quelque fois du déchet, mais comment le lui reprocher ? Ce n'est ni Hernandez, servi au second poteau sur le premier but (43e), ni Park, lancé par une superbe balle piquée (77e), qui lui feront la moindre remarque. Décisif et indispensable.

Manchester United :

• Van der Sar (6) : peu d'arrêts à effectuer en première période. Pas besoin des mains donc, mais plutôt des pieds, lorsqu'il est sort de sa surface pour aller tacler Anelka à la limite de la régularité (30e). Il s'est aussi bien détendu sur un coup-franc de Drogba (60e) mais a finalement cédé face à l'Ivoirien (73e).

• O'Shea (5) : très moyen durant toute la rencontre. Il ne fut pas impérial défensivement et a peu apporté offensivement. Mais son seul fait d'arme a été décisif : son bon décalage pour Giggs amène le premier but mancunien.

• Ferdinand (4) : un match très bizarre. Touché dès le début de la rencontre, il a boité durant plusieurs minutes, mettant en péril toute son équipe. Il ne pouvait pas sauter normalement, ni intervenir comme à son habitude. Cela s'est amélioré par la suite, mais il ne fut jamais réellement serein.

• Vidic (6,5) : Ferdinand a joué sur une jambe ? Pas grave, Vidic est là ! Le roc serbe a encore fait parler sa puissance et son sens du placement. Ce n'est pas pour rien qu'il a le brassard de capitaine, il est indispensable.

• Evra (5,5) : Anelka dézonant souvent, il n'a eu aucun adversaire direct en première période et a pu apporter de l'aide à Nani. Quelques déboulés donc, sans que cela ne débouche sur un action dangereuse. Plus en difficulté par la suite, après l'entrée de Drogba, qui l'a fait souffrir par ses innombrables appels et ses contrôles orientés.

• Carrick (5,5): invisible en première période, le milieu de terrain anglais a été dépassé par l'entrejeu des Blues. Il récupérait alors peu de ballons, et n'était pas vraiment la rampe de lancement attendu. Du mieux après la pause, où il a enfin pu poser le pied sur le ballon.

• **Giggs (8) :**voir ci-dessus

• Ji-Sung Park (6) : un gros début de rencontre, où sa générosité a vite sauté aux yeux. Un joli numéro dans la surface (9e) et des passes précises démontraient son importance dans le dispositif de Ferguson. Moins brillant par la suite, il est surgi au meilleur moment pour redonner l'avantage aux siens, sur un caviar de Giggs (77e), d'une frappe sèche du gauche.

• Nani (5) : décevant. Bien sûr, ses dribbles et ses arabesques agacent ses adversaires et offrent des coups-francs dangereux à MU. Mais il n'a pas de véritable impact sur le jeu de son équipe. A signaler toutefois une belle frappe avec rebond juste devant Cech (68e) et un rush vers la surface stoppé irrégulièrement (72e). Remplacé par Valencia (75e), peu en réussite dans ses passes.

• Rooney (8) : quel joueur exceptionnel. Il a le numéro 10 sur le dos et se comporte comme tel : ouvertures millimétrées, transversales impeccables, centres parfaits, contrôle du tempo dans le jeu, ou lob de 50 mètres, c'est une publicité pour le football à lui seul. Et si ce n'était que cela : il pourrait aussi bien s'adjuger le numéro 6 à force d'aller tacler ses adversaires et de compliquer la moindre relance. Un énorme match donc, où il a étalé l'étendue de sa palette. Il est impliqué sur les deux buts mancuniens.

• Hernandez (6,5): on se répète, mais quel poison pour les défenseurs ! Toujours prêt à bondir derrière ou devant son garde du corps, il a marqué son but habituel : bien placé au deuxième poteau, il a repris le centre au cordeau de Giggs (43e). Il s'était déjà distingué par un beau déboulé dans la surface (12e), et aurait même pu être crédité d'un autre but en première période, non validé pour cause d'un hors-jeu sujet à débat. Il a par contre du mal à finir ses actions lorsqu'il démarre de plus loin.

Chelsea :

• Cech (5,5) : vigilant sur des frappes lointaines de Rooney (14e) et Nani (67e), le gardien tchèque ne peut pas grand chose sur les deux réalisations des Red Devils. Toujours aussi serein dans ses interventions, il reste l’un des hommes forts de Chelsea.

• Ivanovic (4) : repositionné dans le couloir droit alors qu’il évoluait dans l’axe au match aller, le Serbe a souffert face à Nani. S’il rend une copie plutôt propre dans l’ensemble, il a été bien moins apte que Cole à faire la différence sur son côté. Il a profité de la sortie d’Alex pour récupérer sa place en charnière centrale lors des dix dernières minutes.

• Terry (4,5) : alors qu’il n’a pas eu un énorme travail défensif à réaliser, le capitaine des Blues n’a pas semblé en confiance durant la rencontre. Visiblement agacé, il reste cependant l’un des piliers défensifs de son équipe. Averti (40e).

• Alex (4) : de retour d’une blessure au genou, le Brésilien a manqué de repères ce soir. Souvent imprécis dans ses relances, son placement a parfois semblé hasardeux. Pas exempt de tout reproche sur le but de Chicharito, puisque le Mexicain est juste dans son dos. Auteur d’une tête hors du cadre sur corner (66e). Cède sa place à Paulo Ferreira (81e). La rentrée du Portugais, qui a occupé le flanc droit, a réorganisé la défense de Carlo Ancelotti.

• Cole (5,5) : omniprésent sur son flanc gauche, il n’a pas hésité à déborder afin d’apporter un soutien précieux à ses attaquants. Sobre dans ses interventions, il est l’un des seuls joueurs londoniens à avoir répondu présent ce soir.

• Ramires (5,5) : le jour et la nuit pour l’ancien joueur de Benfica. Alors qu’il a réalisé une bonne prestation en première mi-temps, tant dans la récupération que dans l’orientation du jeu, il ne terminera pas la rencontre. Une expulsion pour le moins préjudiciable, alors que son équipe aurait bien eu besoin de ses qualités jusqu’au bout. Averti (32e), puis exclu (70e) pour une intervention musclée sur Nani.

• Essien (4,5) : moins présent que son coéquipier brésilien dans l’entrejeu, l’ancien Lyonnais reste l’un des atouts physiques des Blues au milieu de terrain. Plus en vue en seconde mi-temps, il sert parfaitement Drogba sur l’égalisation londonienne (76e).

• Lampard (4) : auteur d’une frappe bien captée après un excellent service de Malouda (14e), le numéro 8 des Blues n’a pas été à la hauteur de l’évènement ce soir. Discret dans le jeu, il n’a pas connu plus de succès sur ses coups de pied arrêtés. A l’instar de Terry, il n’a clairement plus le même impact qu’autrefois dans le onze de Chelsea.

• Malouda (3,5) : en perte de confiance depuis plusieurs semaines, le joueur de l’équipe de France ne s’est pas rassuré ce soir. Pourtant autant d’un beau slalom qui permet de servir Lampard à l’entrée de la surface (14e), il a par la suite manqué de justesse dans ses choix. Averti (36e).

• Anelka (3,5) : comme à son habitude le Français a beaucoup décroché au milieu de terrain, facilitant ainsi le travail défensif de Manchester. Il aurait pu profiter d’une sortie complètement ratée de Van der Sar mais s’est finalement bien fait reprendre par le gardien mancunien (29e) après deux frappes non cadrées (13e) (22e). Clairement fautif sur l’ouverture du score pour avoir abandonné le marquage de Giggs. Remplacé par Kalou (60e), qui n’a pas réellement fait mieux durant la dernière demi-heure.

• Torres (2) : auteur d’une tête non cadrée (11e) et puis... plus rien. L’Espagnol est resté fidèle à l’ensemble de ses prestations depuis son arrivée à Chelsea : inexistant. Remplacé par Drogba (45e) (7,5). Très en forme, l’Ivoirien a beaucoup apporté en attaque et n’a pas hésité à prendre sa chance à plusieurs reprises (56e), (59e), (72e). Il trouve finalement le chemin des filets après un bon service d’Essien (76e), en vain. Il fut le seul à tout donner. Et pourra éternellement se demander pourquoi son entraîneur ne l’a pas aligné dés le coup d’envoi...