La FIFA et l’UEFA s’attaquent encore au football espagnol

Par Valentin Feuillette
4 min.
Gianni Infantino et Aleksander Čeferin @Maxppp

Le football espagnol traverse une crise importante et cette semaine s’annonce décisive, alors que de grosses sanctions planent au-dessus de la Fédération royale espagnole de football (RFEF).

Les semaines se suivent et se ressemblent pour le football espagnol qui s’enfonce dans une épaisse crise totale. Ces derniers mois, le pays est embourbé dans de multiples scandales politiques impliquant la fédération. Deux hommes sont particulièrement pointés du doigt : Luis Rubiales et son président intérimaire Pedro Rocha. Devant ces affaires inédites, le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez avait récemment pris une décision radicale, celle de placer la Fédération royale espagnole de football (RFEF) sous tutelle. «Le gouvernement espagnol a pris cette décision pour remédier à la situation grave de la RFEF et lui permettre d’entamer une période de renouvellement dans un climat de stabilité », avait ainsi communiqué sur son site le Conseil supérieur des sports (CSD), un organisme dépendant du ministère des Sports. Si les dirigeants espagnols ont décidé de conforter dans l’urgence Pedro Rocha à la tête de la RFEF, les jours à venir s’annoncent capitaux avec un important bras de fer entamé contre l’Union européenne des associations de football (UEFA) et la Fédération internationale de football association (FIFA).

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Les désaccords entre les principales organisations internationales de football, la FIFA et l’UEFA, et le gouvernement ont provoqué un désastre d’une ampleur sans précédent pour le football espagnol. La situation d’instabilité due aux enquêtes autour de la RFEF a motivé le Conseil supérieur des sports à opter pour une Commission qui protégerait l’entité fédérative. Mais ce mouvement a été perçu par la FIFA et l’UEFA comme une menace d’ingérence politique qui pourrait les inciter à agir. Du côté du gouvernement, José Manuel Rodríguez Uribes, président du CSD, a répondu avec force : «ce qui serait irresponsable serait de rester les bras croisés, de ne rien faire, pendant que les dommages à la réputation du football espagnol continuent de croître». Une manifestation au parfum d’épreuve, qui n’a pas plu à l’UEFA et à la FIFA, même s’il semble que la question soit encore loin d’être réglée avant que l’affaire n’atteigne sa résolution la plus radicale : l’interdiction du football espagnol de toutes les compétitions internationales.

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Vendredi sera un jour clef

Le football espagnol retient son souffle et a marqué la date du vendredi 3 mai 2024 au stylo rouge dans son calendrier. Vendredi est la date limite pour que le CSD clarifie les questions posées par la FIFA et l’UEFA, à savoir : sur quelle base juridique et/ou factuelle la Commission a-t-elle été nommée ? Quelle est la composition de la Commission et qui a nommé ses membres ? Quel est le mandat exact de la Commission ? Quels sont les pouvoirs de la Commission ? Quelles relations la Commission entretient-elle avec les organes décisionnels statutaires de la RFEF ? Cinq interrogations majeures qui devront être éclaircies avant la fin de la semaine. Il existe désormais deux possibilités : soit la réponse du CSD aux exigences est satisfaisante, ce qui impliquerait que la FIFA et l’UEFA suivent le dossier de près mais sans prendre aucune mesure en attendant les événements futurs ou soit il est prouvé que l’ingérence politique est réelle et que donc la RFEF est intervenue. Les deux institutions du football mondial alarment, depuis Nyon et Zurich, que cette dernière hypothèse impliquerait ainsi des conséquences mortelles pour le football espagnol. Sur le plan financier, ce bazar conduirait les entités espagnoles à une grave crise, car elles ne pourraient pas prétendre aux prix lucratifs offerts pour leurs droits TV. Si cela venait à être confirmé, la FIFA suspendrait la fédération espagnole qui serait automatiquement exclue de toutes les compétitions et aussi de celles de l’UEFA.

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En d’autres termes, les équipes nationales seraient éliminées du prochain Euro en Allemagne et des Jeux Olympiques (masculins et féminins), alors que ses clubs ne pourraient pas non plus disputer la Ligue des Champions, la Ligue Europa, la Ligue Europa Conférence et le Mondial des Clubs. Ce serait une situation similaire à celle que vit la Russie, dont les équipes nationales et les clubs ne participent pas aux compétitions internationales pour une raison très différente : la guerre en Ukraine. Néanmoins, il y a bien eu des cas dans lesquels la FIFA a émis une interdiction similaire à celle que risque l’Espagne. Les fédérations du Zimbabwe, du Kenya, du Pakistan et du Tchad ont été sanctionnées pour des cas dans lesquels des « ingérences politiques » ont été évoquées et ont conduit à des vétos dans des compétitions internationales. L’Espagne serait également retirée de la course à l’organisation de la Coupe du Monde 2030, dont l’élection n’a pas encore été approuvée et qui a comme date prévue le Congrès extraordinaire de la FIFA de décembre au cours duquel la seule candidature existante sera officialisée (Espagne, Maroc et Portugal avec trois pays d’Amérique du Sud pour les matchs d’ouverture). Depuis la Suisse, on rapporte déjà que le Maroc et le Portugal sont parfaitement capables de réaliser le tournoi seuls, sans la présence de l’Espagne. Une semaine cruciale s’annonce donc pour l’avenir du football espagnol…

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