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L'orientation du corps, un élément clé dans le football

Par Frederic Yang - ThomasCvrK - 29/01/2021 - 17:45

L'orientation du corps est un élément importantissime dans le football et pourtant plus que perfectible chez de nombreux joueurs professionnels. Une bonne orientation du corps permet d'être plus efficace à la réception du ballon, sur phase de pressing, pour défendre les lignes de passes, couvrir l'espace dans son dos et plus généralement dans les duels. Focus sur un aspect du jeu encore trop sous-estimé.

Dans un football moderne de plus en plus intense où l'espace et le temps sont réduits, tous les gains marginaux peuvent avoir une importance cruciale. Sans parler spécifiquement de statistiques avancées, de combinaisons sur coups de pied arrêtés ou de préparation mentale, une simple orientation du corps peut donner de très grands bénéfices pouvant carrément changer la donne d'une rencontre ou même faire passer un joueur d'un niveau moyen à bon. Savoir orienter son corps pour gagner les petits centièmes de seconde qui feront une grande différence est donc crucial pour chaque joueur et joueuse de football. Et cela dans toutes les situations de jeu.

L'orientation du corps à la réception du ballon

Quand on pense à l'orientation du corps dans le football, on pense quasiment automatiquement au contrôle orienté. « Quand le contrôle orienté est réussi, c'est magnifique ! Parce que quand tu élimines ton adversaire direct sur ton contrôle orienté, derrière, tu as tout le champ libre », expliquait Zinedine Zidane.

Quand on parle de contrôle orienté, le plus important c'est d'orienter le ballon dans la bonne direction qui n'est pas forcément en direction du but mais là où se trouve l'espace libre. Sous la pression des adversaires, l'espace libre peut paradoxalement se trouver de l'endroit où est venu la passe (et vers son propre but). Parfois, l'espace sera sur le côté, parfois derrière soi. Pour réussir un contrôle orienté, il faut donc au préalable détecter où se situe l'espace libre avant même de recevoir la balle.

Andrés Iniesta Luján

Pour ce faire, la position du corps idéale est le 3/4 par rapport à la passe. Soit une position où le joueur va pouvoir voir ce qui se passe dans son dos quand il recevra le ballon. Un angle mort existera toujours dans son dos mais celui-ci sera réduit par rapport à une position basique dos au bus. L'astuce sera donc d'orienter le corps là où se situe l'espace libre et où l'angle mort sera forcément occupé par l'adversaire.

Réfléchir à la notion d'orientation du corps

Durant les années 2010, la maîtrise de ces notions d'orientation du trio Xavi-Iniesta-Busquets comme celle de Messi dans une position de faux 9 a permis au Barça d'être une équipe insaisissable. La pratique du futsal à un jeune âge permet justement un apprentissage du positionnement du corps dans la densité pour avoir un temps d'avance et résister au pressing alors que l'espace-temps est très faible.

Si se positionner de « 3/4 » est fortement conseillé, il arrive que des très bons joueurs fassent différemment mais de façon volontaire. C'est le cas, par exemple, de l'un des meilleurs milieux du monde, Thiago Alcantara. Le milieu de Liverpool est un véritable spécialiste pour se mettre totalement dos au jeu et inviter son adversaire à le presser avant de soudainement changer de direction pour l'éliminer.

Plus que de promouvoir une position du corps plutôt qu'une autre, il faut apprendre aux joueurs/joueuses à comprendre et à réfléchir à la notion d'orientation de leur corps. À se poser des questions comme : « pourquoi j'oriente mon corps de cette façon ? Quelle est mon intention ? Quels sont les bénéfices de cette orientation ? Quelles sont les contraintes ? » Il s'agit donc de laisser une liberté créative aux joueurs et non pas de les domestiquer car le jeu n'offre quasiment jamais les mêmes bonnes réponses. Il faut sans cesse s'adapter et donc réfléchir aux solutions plutôt que d'appliquer des recettes.

S'offrir des meilleurs angles de passe

Dans tous les cas, un mauvais contrôle suite à une mauvaise orientation du corps va directement handicaper la conservation du ballon et pénaliser la progression du joueur vers le but adverse et donc celle de son équipe. Et un mauvais positionnement peut aussi être pénalisant sur une simple réception de passe latérale. Même si cela peut paraître anodin, une mauvaise orientation du corps sur une passe latérale peut faire perdre du temps à un défenseur central mais surtout lui couper de bons angles de passe vers ses coéquipiers.

Rúben Dias 1920

En cas de mauvaise orientation du corps, un défenseur devra sans doute multiplier les touches de balle, donc multiplier ses chances d'être sous la pression de l'adversaire, pour trouver des bons angles de passe. Bien souvent dans ces situations, il se retrouve à devoir jouer latéralement voire en retrait pour ne pas perdre la balle, ce qui n'aide pas la progression vers l'avant et permet surtout à l'adversaire de presser plus efficacement. Un bon positionnement de départ et/ou un bon contrôle orienté à la place permet, en une touche de balle, de trouver un angle de passe qui « casse » les lignes défensives adverses, ce qui permettra à toute l'équipe d'avancer dans le camp adverse et se créer des occasions.

Bien s'orienter pour presser l'adversaire et couper les lignes de passes

Il n'y a pas que sur phase offensive que l'orientation du corps est importante. Alors qu'on parle souvent d'intensité, d'endurance, de coordination et d'équilibre quand on évoque le pressing, l'orientation du corps est souvent oubliée. Elle a pourtant un rôle clé : celui de fermer les espaces désirés par l'adversaire et surtout de cibler l'endroit où l'on veut qu'il amène le ballon pour mieux le piéger. Que ce soit par la conduite de balle pour enfermer un joueur ou par la passe vers un autre joueur, l'orientation du corps des joueurs qui pressent contraint les adversaires à un choix limité.

Repérer « le maillon faible » adverse vers lequel une passe trouvée serait finalement une bonne chose ou forcer un défenseur à conduire le ballon alors qu'il n'est pas à l'aise sont, par exemple, des plans de jeu envisageables. Avec la préparation des joueurs et des staffs spécialisés pour scruter les forces et faiblesses des équipes adverses, il est de plus en en plus facile de cibler ces maillons faibles sur phase de pressing et d'orienter le jeu de façon à les faire déjouer.

Lors du quart de finale entre Manchester City et le Real Madrid, les Citizens avaient pris l'avantage sur une erreur de Raphaël Varane. Une erreur causée par le pressing de Manchester City et plus particulièrement l'orientation du corps des joueurs offensifs du club anglais. Sur l'action, Kevin de Bruyne couvrait Toni Kroos et Casemiro dans l'axe, Phil Foden coupait la ligne de passe vers Dani Carvajal alors que Raheem Sterling s'était orienté de manière à gêner Thibault Courtois et que Gabriel Jesus a mis l'intensité nécessaire pour forcer le défenseur français à reculer jusqu'à commettre une erreur.

Les solutions de Raphaël Varane étaient minimes. Il pouvait jouer sur Ferland Mendy mais il était sur son mauvais pied. Il pouvait aussi tenter de trouver Casemiro ou Kroos mais encore une fois, la tâche était compliquée en étant sur son mauvais pied. Pas sûr que Manchester City aurait pressé Sergio Ramos, ou un autre très bon relanceur de ce calibre, de la même façon. Le Français, souvent fébrile sur ces phases de jeu, a sans doute été ciblé.

L'orientation du corps dans les duels défensifs

Pour défendre efficacement en un contre un, il ne faut surtout pas défendre de face. Défendre de face équivaut à rester « scotché » sur ses appuis lors de l'accélération de l'adversaire, les talons plantés dans le sol. En défendant de profil ou de 3/4 avec le poids sur l'avant des pieds en étant fléchi pour être réactif, le défenseur peut tout à fait suivre l'accélération du porteur de balle.

L'orientation du corps du défenseur implique donc directement l'orientation du porteur de balle, le défenseur choisissant où il veut l'emmener. Idéalement, le défenseur ferme l'axe et emmène l'attaquant sur les côtés en lui ouvrant la porte. De même, orienter l'adversaire sur son pied faible grâce à une bonne orientation du corps qui lui ferme l'accès au pied fort est préconisé.

Tous ces attributs sont également valables pour défendre d'autres situations telles que les un-contre-deux par exemple. Orienter son corps de manière à empêcher la passe pour un but facile tout en défendant le porteur de balle est l'une des clés du un-contre-deux. C'est également une situation très cérébrale où il faut finir par faire un choix en se posant la question suivante : « qui du porteur de balle ou du second joueur voudrais-je voir finir l'action ? » Cette problématique est déterminée par l'orientation du corps du défenseur qui oblige le porteur du ballon à finir l'action ou à passer le ballon.

Dans cette vidéo, Virgil Van Dijk défend un un-contre-deux face à Moussa Sissoko et Heung-Min Son. Durant toute l'action, il couvre la passe vers l'attaquant sud-coréen qui est l'un des meilleurs finisseurs de Premier League. Il reste fléchi, au cas où il devrait accélérer pour suivre Sissoko, en étant positionné de « 3/4 » pour lui fermer l'axe et l'inciter à s'excentrer sur son mauvais pied. Résultat sans appel : ne pouvant pas servir son coéquipier et s'orienter sur son bon pied, Sissoko décide de frapper du gauche en s'excentrant et manque le cadre. Van Dijk a fait un choix. Le « moins mauvais » dans cette situation qui allait quoi qu'il arrive donner une occasion de but à l'adversaire. Là encore, la notion de réflexion a été déterminante mais aussi celle de prospection (connaître les qualités et les faiblesses de ses adversaires). Pour résumer, il n'y a pas de bonne orientation, sans bonne réflexion au préalable. À bon entendeur !

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