À la découverte du Dakar Sacré-Cœur, le club partenaire de l’OL qui révolutionne le foot sénégalais

Par Dahbia Hattabi
8 min.
Olympique Lyonnais @Maxppp

De la Chine au Brésil, en passant par le Vietnam, la Corée du Sud, le Liban, le Maroc ou encore le Sénégal, plusieurs clubs se sont unis à l'Olympique Lyonnais pour le meilleur et seulement le meilleur. Des partenariats positifs qui font le bonheur des pensionnaires du Groupama Stadium qui s'enrichissent aussi bien professionnellement qu'humainement tout en exportant leur marque, leur savoir-faire et leur image. Depuis 2015, les Gones avancent ainsi main dans la main avec le Dakar Sacré-Cœur. Un club atypique dans le paysage du football sénégalais.

Plus qu'un club. Depuis plusieurs années, le Dakar Sacré-Cœur détonne dans le paysage du football professionnel sénégalais en proposant un modèle innovant. Crée en 2005 en partenariat avec les Frères du Sacré-Cœur, le DSC avait notamment pour objectif d'aider au développement du football africain et à la mise en place d'une organisation sportive structurée. Cela passait donc par la construction d'infrastructures modernes et sophistiquées. Après un chantier d'une durée de cinq ans, celles-ci sont sorties de terre en 2010. Trois terrains de football synthétiques, dont un petit de foot à 5, ou encore des bâtiments ont pris place sur le complexe sportif de 2.5 hectares. Cinq ans après, le Dakar Sacré-Cœur a franchi un nouveau cap important dans sa quête de développement. En effet, le club a signé un partenariat d'une durée de trois ans avec l'Olympique Lyonnais. Déjà liés à l'Athletico SC (Beyrouth, Liban, depuis 2011) et au Jeonbuk Hyundai Motors FC (Corée du Sud, depuis 2015), les Gones, qui ont une communauté de 100 000 fans au Sénégal, ont souhaité poursuivre leur développement à l'international en se liant au Dakar Sacré-Cœur. Un projet qui avait rapidement fait l'unanimité du côté des dirigeants rhodaniens comme nous l'a confié Vincent Ponsot, le Directeur Général Adjoint de l'OL.

La suite après cette publicité

Le Dakar Sacré-Cœur travaille main dans main avec l'OL

«Le Dakar Sacré-Cœur a été une opportunité. On a fait la connaissance de Matthieu Chupin (Président Délégué du Dakar Sacré Cœur), par le biais d’un ancien éducateur de chez nous, Alain Olio. Il a rencontré cette structure-là qui voulait l’embaucher mais n’avait pas le financement pour le faire. Ce type de partenariat, comme d’autres clubs le pratiquent, on n’y croyait pas trop. Mais un point nous a particulièrement plu dans le projet du Dakar Sacré-Cœur, c’est que ce n’était pas une académie comme il peut y en avoir ailleurs. C’était un modèle totalement différent, fondé sur le foot loisir et surtout avec un projet éducatif très prononcé. On n’y croyait pas trop, mais pourquoi ne pas tenter. C’est bien d’avoir des a priori mais faisons l’expérience pour voir si l’a priori est justifié ou pas. En l’occurrence, il ne l’était pas. Dakar Sacré-Cœur, c’était la bonne opportunité au bon moment pour faire ce test-là. C’est un projet qui nous ressemble. On ne se contente pas d’aider une structure à former des joueurs pour les récupérer. La rencontre avec Matthieu Chupin a été positive. L’homme nous a bien plu. Son projet aussi». Après trois mois d'échanges, le DSC et l'OL ont donc rapidement scellé leur union.

À lire L1, discipline : les sanctions sont tombées

«On a tenté l’expérience et on est parti sur un premier partenariat de trois ans (jusqu'en 2018), où l’objectif était de les aider à structurer leur compartiment football, qui n’était pas le football loisir mais plus le football formation et éducation. Ils ont embauché Alain Olio pendant trois ans pour structurer le projet. On a été enchanté de ce qui s’est passé, notamment des actions qui ont été réalisées là-bas et dont on a pu se rendre compte en allant sur place». Très investi dans ce projet, l'Olympique Lyonnais, dont le logo apparaît sur le blason du DSC, n'impose pas pour autant ses idées. L'objectif n'est pas de faire de l'ingérence, mais de travailler main dans la main dans le respect des convictions de chacun. Ce qu'a tenu à rappeler Vincent Ponsot. «On est sur le principe de les aider dans leurs projets. Mais on ne mène pas le projet à leur place. C’est leur projet. On veut leur permettre d’utiliser au mieux notre marque et notre image de marque. L'OL a l'image d'un club sérieux, qui travaille avec des valeurs. Pour eux, c’est bénéfique. Par exemple, le Dakar Sacré-Cœur a pour projet d’ouvrir une activité sport-étude qui n'est pas uniquement destinée au football. Donc ils ont besoin d’ouvertures politiques et institutionnelles. Ils voulaient lancer ce projet l’année dernière. Ça voulait dire rencontrer les institutions. On s’est déplacé. Le fait d’annoncer la venue de l’OL à Dakar a permis de faire des rendez-vous avec le Consulat Français».

La suite après cette publicité

Le football comme vecteur d’éducation et d’intégration socio-professionnelle

Il poursuit : «On est là pour leur permettre de donner plus de visibilité à leurs projets, d'ouvrir certaines portes mais aussi de nous utiliser. Et on se laisse utiliser bien volontiers pour un projet qui est le leur et qu’on valide. Je ne dis pas ça dans le sens où si on ne valide pas, ils ne le font pas. On vérifie juste que ça correspond au cadre initial. Mais c’est leur projet». Un projet qui évolue positivement et qui s'articule autour du ballon rond sans pour autant ne s'arrêter qu'à cela. Car le DSC est bien plus qu'un simple club de football. Bien sûr, il possède une section professionnelle de football avec une équipe pro masculine (1ère division) et féminine, ainsi qu'un centre de formation pour les catégories allant d'U13 à U19 précise le site officiel de l'écurie sénégalaise (80 jeunes au centre de formation). Mais le Dakar Sacré-Cœur est aussi investi dans deux autres secteurs d'activités tout aussi importants à ses yeux. Il y a tout d'abord l'activité "Sport Loisir" avec le développement d'une école de foot loisir (plus de 1800 enfants) et l'organisation d'activités pour des entreprises (200 entreprises). Le DSC loue aussi ses équipements tous les soirs entre 18 heures et 3 heures du matin à ceux qui souhaitent taper dans le ballon. «Sur la partie loisir, il faut compter entre 8000 à 10 000 passages par semaine», nous précise Vincent Ponsot.

Cela représente une part importante des revenus du club, en plus de la vente des joueurs. Enfin, l'activité "Club Citoyen" a pour but est d'utiliser le football comme moyen de développement notamment au niveau scolaire. Des activités destinées aux enfants déficients intellectuels ou aux enfants des rues mais également des tournois visant à sensibiliser à des causes importantes (diabète, éco-responsabilité), sont aussi organisés. Il faut aussi ajouter qu'au-delà du centre de formation, le DSC possède aussi un centre d'hébergement pour des jeunes avec des situations personnelles bien différentes. Qu'il soit pratiqué de manière professionnelle ou qu'il soit un simple loisir, le football est au cœur du projet du Dakar Sacré-Cœur. Mais il est également vecteur d’éducation et d’intégration socio-professionnelle. Ce qui en fait donc un club atypique au Sénégal. «Le Dakar Sacré-Cœur est un club qui est très visible. C’est une référence de lieu. Un club dynamique qui monte et qui a un modèle nouveau», souligne Vincent Ponsot. Pour toutes ses raisons, mais aussi parce que cela permet à l'OL de s'enrichir tant humainement que professionnellement, ce partenariat avec le Dakar Sacré-Cœur tient à cœur aux Gones. Ce que nous a avoué Clément Michon, Chargé des Relations Internationales à l'OL. Ce dernier en a ensuite dit plus sur les dessous de cette collaboration.

La suite après cette publicité

Un partenariat gagnant-gagnant

«Il y a plusieurs axes. On travaille sur différents projets. Le cœur, c’est la coopération sportive. Il y a des échanges fréquents soit à Lyon, soit à Dakar. En juillet 2019, Pierre Sage, qui est éducateur U16 mais aussi référent méthodologie, est allé faire un état des lieu et cibler les perspectives d’amélioration. Les échanges sont constants. Un partenariat n’est pas uniquement composé de temps forts chez nous ou le partenaire. Il faut aussi des échanges entre pour qu’il y ait un vrai suivi du projet. Dans le cas de Dakar, on a une approche globale c’est-à-dire à chaque fois sur la méthodologie. Comment les aider et comment les aider à recruter ? On les aide aussi à se structurer et à faire évoluer leur modèle. Ça c’est pour la partie sportive. Il y a aussi de la mise en réseaux. Sur la partie 2015-2018, la fondation OL a financé le poste de volontaire pour animer tout le volet citoyen car ils ont un volet citoyen qui est assez énorme. C’est une grosse fierté pour nous. Ils ont un engagement énorme. C’est un club qui est très dynamique. L’OL a aussi travaillé sur ce volet citoyen. Il y a eu des dotations de matériels qui ont permis de bonifier leur partie élite comme leur partie loisir. Il y a une approche qui est constante. Le but est de faire des points réguliers avec eux sur différentes thématiques, sportives, citoyennes ou business car il y a aussi de vraies perspectives. Là-dessus, il y a un échange qui est régulier et constant sur du suivi de projet».

Les pensionnaires du Groupama Stadium sont donc ravis de ce partenariat comme l'assure Vincent Ponsot. «Par rapport à tout ce qu’on fait au quotidien, Dakar donne un autre sens à ce que l’on fait. Ça se rapproche de notre activité RSE et de tout ce qu’on peut faire ici sur le territoire. Mais là, on le fait sur un autre territoire». Une vraie fierté pour l'OL qui espère pouvoir compter dans ses rangs des éléments issus du Dakar Sacré-Cœur dans les prochaines années. Ousseynou Ndiaye a ouvert la voie puisqu'il a rejoint Lyon en juillet 2017. Ce dont se félicite Vincent Ponsot. «Ousseynou est le premier. Pour l’instant, ça se passe très bien. Il a signé un contrat professionnel et il a prolongé (jusqu'en 2023). La fin de l’histoire, on verra par la suite. On souhaite que ce type d’expérience se renouvelle car pour eux, pour leur visibilité mais aussi pour nous, avoir des garçons comme Ousseynou est une bonne chose. On a rencontré son papa quand on est allé à Dakar. On peut parler de valeurs. Pour nous, c’est très positif. J’espère qu’il y en aura d’autres». Seul l'avenir nous le dira. Ce qui est certain, c'est que les deux clubs sont encore liés pour au moins deux ans. «L'an dernier, on a prolongé Dakar Sacré Cœur jusqu’en 2021 en leur donnant des moyens plus importants (...) Il y a toujours des discussions (concernant une nouvelle prolongation) . En 2021, ça fera six ans que nous sommes partenaires. Je pense que Matthieu Chupin a encore plein de projets. J’espère qu’on sera là pour l’accompagner». L'histoire d'amour entre l'OL et le Dakar Sacré-Cœur est donc encore loin d'être terminée !

Plus d'infos sur...

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité