CAN 2023 : l’Égypte veut couper des têtes après son terrible fiasco !

Par Aurélien Macedo
7 min.
Mohamed Salah face au Ghana @Maxppp

Annoncé parmi les favoris de la Coupe d’Afrique des Nations 2023, l’Égypte a totalement raté sa compétition. Entre la perte de Mohamed Salah, une défense en grande difficulté, des cadres défaillants et un sélectionneur contesté, les Pharaons sont sortis par la petite porte et les critiques fusent au pays.

Difficile de ne pas être candidat à chaque édition pour remporter la Coupe d’Afrique des Nations quand on s’appelle l’Égypte et qu’on a le record de titres avec 7 trophées glanés. Ce statut est encore plus difficile à cacher quand on dispose dans ses rangs Mohamed Salah qui est une référence continentale depuis près d’une décennie et qu’on a atteint la finale de la dernière édition. Les Pharaons se savaient donc très attendus à l’occasion de cette Coupe d’Afrique des Nations 2023 et se présentaient avec une équipe ambitieuse. Devant, Mohamed Salah était accompagné par des joueurs en forme à l’instar de Mostafa Mohamed (Nantes) et Omar Marmoush (Francfort) quand en défense Mohamed Abdelmonem qui avait été la révélation de la dernière CAN était attendu au tournant. Finalement, les espérances ont laissé place à une grande déception.

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Débutant la phase de poules contre une équipe du Mozambique qui faisait office de petit Poucet, l’Égypte démarrait vite avec un but de Mostafa Mohamed (2e), mais Witi (55e) et Clésio (58e) renversaient la situation. Sans un penalty de Mohamed Salah en toute fin de rencontre (90e +7), les Égyptiens auraient démarré la compétition par un sacré accroc. Un match nul 2-2 finalement qui a été le score référence de cette phase de poules puisque les Pharaons ont aussi partagé les points avec le Ghana et le Cap-Vert sur ce résultat. Trois petits points, zéro victoire et une qualification arrachée dans la douleur, le bilan comptable était clairement insuffisant, mais l’essentiel était assuré avec une participation acquise pour les huitièmes de finale. Pourtant, certains signaux étaient alarmants avec une défense particulièrement friable avec 6 buts encaissés en trois matches. Jamais dans son histoire l’Égypte n’avait concédé autant de buts après trois rencontres à la Coupe d’Afrique des Nations. Symbole de cette fragilité, Mohamed Abdelmonem (24 ans) devenu une référence en Afrique avec son club d’Al Ahly et impressionnant il y a deux ans où il a aidé son équipe à aller en finale de la CAN, passait à côté de son début de tournoi. Sur le plan des ratés, il y avait également les pépins physiques.

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Rui Vitoria poussé vers la sortie

Contre le Ghana, Mohamed Salah est sorti sur blessure. Parti à Liverpool pour se soigner, il avait alors créer un véritable tôlé au pays à l’image des propos d’Ahmed Hassan sur MBC Masr : « l’équipe nationale égyptienne est plus importante que n’importe quel joueur, et ce qui s’est passé a été un choc pour tout le monde avec sa décision de quitter la sélection. Je pense que le moment était mal choisi. La décision a été préparée à l’avance et n’a pas été prise en compte, et ce n’était pas une coïncidence.» Le gardien Mohamed El-Shenawy s’est blessé au match suivant contre le Cap-Vert laissant sa place à Gabaski. Après le match contre les Requins Bleus, Emam Ashour qui avait été une des rares satisfactions de l’équipe a été hospitalisé pour une commotion cérébrale après un retourné manqué à l’entraînement. « Merci à Dieu pour tout. La première chose c’est que j’étais entre la vie et la mort […]. Je remercie tous ceux qui étaient à côté de moi hier, je remercie les médecins de l’équipe, je remercie le personnel » avait notamment déclaré le joueur suite à cet accident qui aurait pu avoir de plus grandes conséquences. Trois cadres perdus, une défense en difficulté et un petit scandale avec sa star Mohamed Salah retournée à Liverpool pour se soigner, l’Égypte et son sélectionneur Rui Vitoria n’affrontaient pas la République Démocratique du Congo dans les meilleures conditions ce dimanche.

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Dos à dos pendant 90 minutes et même 120 minutes (1-1). Les deux formations ont donc dû se départager lors d’une séance de tirs au but qui a tourné à l’avantage des Léopards (8-7). Symbole de cet échec, le gardien remplaçant Gabaski qui avait été héroïque deux ans plus tôt à partir des 1/8e de finale et la perte de Mohamed El-Shenawy a loupé sa séance en ne repoussant pas un tir et en manquant sa tentative. Une sacrée désillusion pour l’Égypte qui sort de manière précoce comme en 2019 au stade des huitièmes de finale alors qu’elle avait d’autres ambitions. Il faut remonter à 1992 pour voir l’Égypte sortir d’une Coupe d’Afrique des Nations sans la moindre victoire, un vrai fiasco qui ne passe pas au pays. Maître d’orchestre de cette formation avec qui il n’a pas su trouver le fil durant la compétition, le sélectionneur Rui Vitoria a assumé cet échec : «la responsabilité incombe toujours à l’entraîneur. Nous avons préparé l’équipe pour cette compétition et les joueurs ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Nous ne nous attendions pas à ce résultat, nous devrons réfléchir à notre avenir.» Et justement l’avenir du principal intéressé est particulièrement attendu. Selon le média local Al-Masry Al-Youm une réunion urgente de la Fédération va se tenir dans les prochaines heures et pourrait conduire à son départ. Sous contrat jusqu’en juin 2026, le coach portugais dispose d’une clause dans son contrat qui fait qu’un licenciement quinze jours après son élimination de la Coupe d’Afrique des Nations obligerait l’Égypte à lui verser une somme égale à celle qu’il doit toucher jusqu’à la fin de son contrat. Cela pousse donc la fédération à s’affairer pour trancher son cas.

La sélection et Rui Vitoria pointés du doigt

Médiatiquement en tout cas, les mots des consultants sont tranchants pour évoquer son cas. Ancien défenseur de la sélection triple vainqueur en 2006, 2008 et 2010 de la Coupe d’Afrique des Nations, Wael Gomaa a notamment cartonné Rui Vitoria sur beIN Sports : «nous avons une bonne équipe. Les capacités des joueurs nous ont qualifiés pour remporter le championnat, d’autant plus qu’ils ont une grande expérience et que nous avons des joueurs de qualité à tous les postes. Nous avons souffert d’un mauvais comportement de la part du directeur technique. L’entraîneur a fait la pire chose pour les joueurs. C’est le pire football que j’ai jamais vu pour l’équipe nationale égyptienne. Comment allons-nous nous qualifier alors que l’équipe a réalisé 4 nuls ? Nous ne savons pas comment gagner un match ! Ses changements ne sont pas créatifs. Nous nous sommes surqualifiés pour les tours finaux. Notre chemin était le plus facile.» Ancien milieu de Zamalek entre 1983 et 1998, Ismaïl Youssef a lui aussi lâché son coup de gueule en critiquant surtout le rendu collectif.

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«L’équipe nationale égyptienne comprend un bon groupe de joueurs, mais ce n’est pas clair au niveau collectif. L’équipe nationale égyptienne ne s’est pas présentée comme prévu, et Vitoria n’a pas été convaincant au niveau technique lors des 4 matches du tournoi et aurait pu utiliser au mieux les éléments. Nous aurions peut-être pu marquer un but ou deux en première mi-temps. Vitoria tarde à faire des changements. Il est loin du football africain et sa personnalité sur le terrain n’est pas bonne» a-t-il lâché lors de l’émission Remontada sur Al-Mehwar. Il a aussi glissé un tacle à Mohamed Salah : «Vitoria a perdu sa personnalité après la blessure Salah, et je n’aurais pas accepté le retour de Mohamed Salah s’il se remettait de sa blessure.» Ancien joueur de l’Olympique de Marseille Ahmed Hossam dit Mido a lui plutôt critiqué la Fédération et surtout son président Gamal Allam lors de l’émission Remontada sur Al-Mehwar : «le président de la Fédération de football doit être un homme fort avec une grande expérience […] Le football en Égypte a besoin d’un projet pour développer les joueurs et le football égyptien, et si les erreurs commises par Vitoria avaient été commises par un entraîneur égyptien, il aurait quitté la direction depuis longtemps.» Explosif, le climat en Égypte risque de faire plusieurs victimes et Rui Vitoria apparaît en première ligne.

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