Que devient Jérémy Clément ?

Par Dahbia Hattabi
5 min.
Bourgoin-Jallieu Jérémy Clément @Maxppp

L'Olympique Lyonnais, les Glasgow Rangers, le Paris Saint-Germain, l'AS Saint-Étienne et enfin l'AS Nancy-Lorraine. Le Curriculum Vitae de footballeur de Jérémy Clément est particulièrement garni. Mais après seize années de carrière dans le milieu professionnel, marquées par des moments de joie et d'autres plus difficiles comme sa double fracture ouverte du tibia-péroné en mars 2013 chez les Verts, le Français de 35 ans a décidé d'emprunter un autre chemin, loin des strass et des paillettes. Depuis quelques mois, il est donc revenu jouer à Bourgoin-Jallieu en amateurs. Parallèlement à cela, le natif de Béziers avance sur d'autres projets liés à sa reconversion. Entretien.

**Foot Mercato : l'été dernier, vous avez quitté Nancy et le monde professionnel pour rejoindre Bourgoin-Jallieu, club qui évolue en National 3. Pourquoi avoir fait ce choix ?

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Jérémy Clément :** j'ai tout simplement voulu me rapproche de l'endroit où j'ai grandi. Je suis originaire de Rives dans l'Isère. J'avais envie de rentrer à la maison et de profiter des gens que je n'ai pas pu voir tout le long de ma carrière professionnelle. Je voulais aussi permettre à mes enfants et à ma femme d'avoir une vie un peu plus stable. Bourgoin, c'est aussi un club qui me permettait de passer mes diplômes et qui va me permettre de faire pas mal de choses. C'est cool. Je pense que je vais faire mes gammes et grandir petit à petit avec ce club.

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**FM : vous n'avez pas encore raccroché les crampons. Peut-on parler d'une saison de transition, d'une pré-retraite ?

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J.C :** je joue encore en National 3. Pour ceux qui jouent à ce niveau, je vous assure que ce n'est pas du tout une pré-retraite. Je prends énormément de plaisir cette année avec les joueurs avec lesquels je joue. En ce moment, on est sur une bonne dynamique. J'essaye de profiter du jeu, du foot, du terrain. Je prends tout simplement du plaisir à faire ce que j'aime et à jouer au foot.

**FM : après avoir baigné dans le milieu professionnel pendant seize années, n'était-ce pas trop dur de redescendre au niveau amateur ?

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J.C :** c'est différent, c'est certain. Ce n'est pas du tout la même chose en termes d'infrastructures, de conditions, etc...C'est le jour et la nuit. Mais l'important n'est pas là selon moi. L'important c'est ce qu'on veut faire. Je savais où je mettais les pieds quand j'ai signé et que ça n'avait rien à voir avec le monde professionnel. Ce que je recherchais, c'était une aventure différente. Bien sûr que ça change du monde professionnel. Mais quand on y est préparé, c'est plus facile pour y faire face tous les jours.

**FM : votre objectif était aussi, j'imagine, de revenir à la base du foot et de ce sport qui vous a tant donné pendant des années.

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J.C :** oui, tout à fait. C'est exactement ça. Je voulais jouer pour le plaisir. La N3, c'est différent. Mes coéquipiers travaillent à côté, on s'entraîne tous les soirs alors qu'on s'entraînait la journée quand j'étais professionnel. C'est sûr que ça change. Mais il y a de bons joueurs. Ce sont des passionnés qui font tout pour faire de belles saisons, être compétiteurs et amener le club de Bourgoin le plus haut possible. C'est une belle aventure humaine.

**FM : vous passez vos diplômes d'entraîneur. Où en êtes-vous actuellement ?

J.C :** je passe le BEF (brevet d'entraîneur professionnel). Mes examens finaux auront lieu au mois de mai 2020.

**FM : comment a germé en vous l'idée de devenir entraîneur, ou du moins de passer vos diplômes ?

J.C :** pour être franc, ma décision n'est pas encore arrêtée. Quand j'étais à Nancy, j'avais fait des études dans le management du sport, pour tout ce qui est un peu autre que le terrain. Mais je voulais également voir cet aspect terrain. Je voulais entraîner, être éducateur pour transmettre un savoir. Ma réflexion n'est pas encore arrêtée, dans le sens où je ne sais pas encore ce qui m'attire le plus. Ce que je sais, c'est que je vais rester dans le football. Où et comment ? C'est encore assez vague, je vous l'avoue.

Clément jongle entre terrain et formation

**FM : vous entraînez les U14 de Bourgoin cette saison. Comment votre saison avec eux se passe-t-elle ?

J.C :** on est en R1 et bien classés. À la trêve de Noël, on était en première position. Là, on a eu deux revers consécutifs. Mais ça reste un bon groupe, des gamins sympas. En tout cas, pour une première année en tant que coach, je ne pouvais pas espérer mieux. Ce sont de bons jeunes, vraiment.

**FM : quel genre d'entraîneur êtes-vous ?

J.C :** je pense qu'il faut demander à mes joueurs. Je ne sais pas quel genre d'entraîneur je suis. Je ne me pose pas trop de questions, je fais les choses comme je les ressens. Je ne sais pas comment mes joueurs me perçoivent, mais j'espère qu'ils apprennent à mes côtés.

**FM : quelle est votre philosophie de jeu ?

J.C :** c'est une catégorie différente dans le sens où il découvre le terrain à onze. On n'est pas dans un centre de formation professionnel, donc on ne peut pas avoir la même exigence. J'essaye toutefois d'être exigeant avec eux et de leur transmettre mes convictions et ce en quoi je crois pour qu'ils puissent progresser et être de meilleurs joueurs. Je leur donne des conseils pour qu'ils s'améliorent.

**FM : vous avez évolué sous les ordres de pas mal d'entraîneurs. Vous inspirez-vous de certains dans votre façon de gérer votre groupe ou entraîner ?

J.C :* on est forcément impacté par les entraîneurs que l'on a eus. Moi, j'en ai connu pas mal. Mais il y en a deux qui m'ont un peu plus marqué que les autres. Il s'agit de Paul Le Guen, qui m'a lancé à Lyon, et de Christophe Galtier, que j'ai eu à Saint-Étienne. Il y a eu des liens et des relations qui se sont créés. Mais sans parler forcément d'eux, je pense qu'on est tous impactés en bien ou en mal par les entraîneurs qu'on côtoie. On se dit : "si j'étais entraîneur, je ne referais pas ce qu'il m'a fait ou je ferais ça*". Mais forcément, on est toujours impactés par les éducateurs que l'on a.

**FM : en quoi votre vie a-t-elle le plus changé depuis que vous avez quitté le monde pro ?

J.C :** au niveau temps. J'ai beaucoup moins de temps qu'avant (rires). Je dis ça, car entre ma formation, le fait de jouer le samedi avec les seniors et de coacher les U14 le dimanche, c'est beaucoup plus prenant qu'avant. Mais c'est ainsi. Quand on joue au foot, on sait qu'on est fait pour ne pas avoir de week-end, ou du moins on les passe sur un terrain de foot (rires). J'ai un peu moins de temps avec mes enfants (il en a trois, ndlr). Mais j'essaye de faire des breaks et de profiter quand même au maximum d'eux. C'est paradoxal mais maintenant que j'ai arrêté j'ai moins de temps.

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