Warmed Omari : «j’ai été déçu à l’OL mais je me sens bien à Hambourg»
Cet été, Warmed Omari a quitté notre chère Ligue 1 pour aller tenter l’aventure à Hambourg, de l’autre côté du Rhin. Un club où le défenseur se sent heureux et épanoui, avec toujours l’envie d’apprendre et de progresser à tous les niveaux. Pour Foot Mercato, il est revenu sur son choix tout en évoquant ses premiers pas en Allemagne et sa fabuleuse découverte de la Bundesliga. L’ancien joueur du Stade Rennais en a aussi profité pour nous raconter son passage compliqué mais enrichissant à l’Olympique Lyonnais, avant d’en dire plus sur ses ambitions en sélection comorienne. Entretien.

Foot Mercato : vous avez rejoint Hambourg, mais vous aviez d’autres options sur la table. Pourquoi avoir dit oui au club allemand ? Qu’est-ce qui a fait pencher la balance ?
Warmed Omari : j’ai rejoint Hambourg il y a quelques semaines maintenant. Bien sûr, il y avait d’autres options sur la table. Mais des options concrètes, je ne pense pas. D’après les retours que j’avais de mes agents, Hambourg était l’option la plus concrète. Il y avait peut-être aussi des clubs de Ligue 1. Mais j’ai eu le coach, le staff et le directeur sportif d’Hambourg. Nous avons parlé directement. J’ai pu avoir leur avis sur moi, sur la façon dont ils voulaient me faire jouer, progresser et retrouver le temps de jeu que j’ai pu avoir les années précédentes avant Lyon. J’ai tout de suite accroché. On en a parlé avec tout le monde, ma famille, mes agents. Tous ont validé le fait que ça pourrait être une bonne opportunité pour moi de repartir de l’avant dans un très bon club allemand.
FM : comment vous sentez-vous dans cette nouvelle écurie ?
W.O. : je me sens bien dans ce nouveau club. J’ai été bien accueilli. Je me sens bien avec les membres du staff, le groupe et tous mes coéquipiers. Il y a beaucoup de nouveaux joueurs et il y a des liens à créer. Mais la saison est encore longue et on est tous là pour faire avancer l’équipe. On peut tenir les objectifs du club cette saison. Je mens bien à Hambourg. J’espère que l’avenir va être aussi bon que tout le monde le pense.
FM : que pensez-vous de la ville ?
W.O. : je ne connaissais pas Hambourg avant d’y être. Je suis assez surpris parce que c’est une grande ville. Il y a des choses à faire. Il y a de quoi s’occuper pour ma femme et ma fille. C’est le plus important pour moi. Je sors tous les jours, j’ai des choses à faire tous les jours avec le foot. Donc que ma femme et ma fille aient des choses à faire, c’est un élément que j’ai pris en compte dans mon choix de club. Quand j’en ai parlé avec les membres du staff et le coach, ils m’ont dit que c’était une ville intéressante. Que ma famille se sente bien ici, c’était une raison de plus pour dire oui à Hambourg.
FM : vous découvrez le football allemand. Quelles sont vos premières impressions ?
W.O. : ma première impression est que c’est un football direct. Ça attaque beaucoup et c’est ce que j’avais pu déjà voir lorsque je regardais les matches de Bundesliga. C’est un championnat où il y a beaucoup d’occasions et beaucoup d’intensité. J’ai été surpris car j’ai joué mes premiers matches ici. C’est normal d’être surpris quelque part. Mais je m’y attendais aussi parce que le championnat allemand est connu pour ça. Je suis assez surpris et en même temps je suis content de voir autre chose que la France. C’est un autre monde. Apprendre d’autres choses, c’est aussi important pour ma carrière.
Omari est heureux à Hambourg
FM : quelles sont les principales différences avec la Ligue 1 ?
W.O. : comme je l’ai dit précédemment, la différence avec la L1 est que c’est beaucoup plus direct. Il y a plus d’intensité, je pense. Il y a aussi beaucoup de courses vers l’avant, de jeu vers l’avant, de transition. C’est comme ça, c’est le football allemand. C’est un peu moins posé que la Ligue 1 et un peu moins dans la possession de balle. Ici, on est plus dans la recherche d’efficacité je vais dire. Il faut toujours se montrer dangereux. C’est la plus grosse différence que j’ai vue pour le moment sur mes premiers matches.
FM : on parle aussi d’une grosse ambiance dans les stades. Est-ce réellement le cas ?
W.O. : j’ai été très surpris par l’ambiance dans les stades en Allemagne. Quand je suis arrivé, j’ai posé des questions à tout le monde par rapport à l’ambiance. Ils m’ont tous dit qu’ici c’est dingue, que les gens aiment le football et que les stades peuvent être remplis jusqu’en D3. C’est assez impressionnant, sachant qu’Hambourg a fait plusieurs années en deuxième division. On m’a dit que le stade était pratiquement complet à chaque match. C’est plutôt dingue. En France, on a l’habitude d’avoir des stades pas si complets que ça en Ligue 1. Ça montre l’amour que les gens ont ici pour le football allemand. Même quand on a joué en Coupe d’Allemagne contre Pirmasens, il y avait beaucoup de monde. C’est une bonne surprise de voir comment les gens aiment le football dans un autre pays.
FM : quels sont vos objectifs ici ?
W.O. : cette saison, mes objectifs sont très clairs. Je veux retrouver du temps de jeu avec Hambourg. Je veux pouvoir rejouer au foot toute une saison. Je veux aussi remplir les objectifs du club, dont le premier est de rester en Bundesliga. Ensuite, voir ce que l’on peut jouer durant la saison si c’est faisable. Je pense qu’on a les qualités pour. Ensuite, avec la sélection (comorienne, ndlr), je veux toujours aller plus haut. Je pense qu’on ne doit pas se fixer de limites et qu’on peut faire de bonnes choses avec le groupe que l’on a. Pour les prochaines échéances, en octobre, il faut essayer de donner notre maximum pour essayer de nous qualifier et finir au minimum à la deuxième place de notre groupe pour pouvoir postuler à une éventuelle qualification à la Coupe du Monde. Ça va être très compliqué. On y croit toujours parce qu’on est des croyants et qu’il le faut. Concernant la CAN, on va essayer de faire de bonnes choses et pourquoi pas y faire croire à tout le pays. Ce sont mes objectifs cette saison.
FM : vous avez joué tous les matches en intégralité. C’est aussi ce que vous étiez venu chercher ici.
W.O.: comme je l’ai dit, mon objectif est de retrouver du temps de jeu. Jusqu’à présent, j’ai joué tous les matches en intégralité (5 rencontres toutes compétitions confondues, ndlr). Je suis plutôt content de ce que je fais pour le moment. J’espère continuer sur cette lancée-là. Quand on a discuté avec mes agents cet été, ma priorité était de rejoindre un club qui me donnerait du temps de jeu tout au long de la saison et c’est ce qu’il se passe pour le moment. Je suis content et j’espère que le club est heureux de ce que je fais sur le terrain.
Des déceptions et leçons à Lyon
FM : vous sortez d’une saison un peu compliquée à l’OL, où vous avez peu joué. Pourtant, ce n’est pas ce qui était forcément prévu. Avez-vous été déçu ? Vous êtes-vous senti trahi quelque part ?
W.O. : bien sûr. J’ai été déçu de ne pas jouer à l’OL, mais je me sens bien à Hambourg. Lyon est un club avec lequel j’ai grandi parce que j’étais un très grand supporter de l’OL quand j’étais plus jeune. Le fait de pouvoir être dans ce club l’année dernière, c’était une opportunité pour moi et ma famille. On était tous des supporters de l’OL. J’étais heureux de les rendre fiers. Mais tout a été gâché. Je n’ai pas joué comme je l’aurais voulu. Bien sûr, je suis déçu. Mais je ne me sens pas trahi. Le football est comme ça. Souvent, tout ne se passe pas comme prévu. Parfois, il n’y pas d’explications. Tant que moi je suis resté fidèle à mes valeurs et que je n’ai pas changé, ça me va. Ça devait se passer comme ça. C’était une leçon et je le prends plutôt comme ça. Je n’ai pas envie de voir autre chose. L’aspect trahison, c’est quelque chose que j’enlève de ma tête.
FM : comment expliquez-vous la situation vécue à Lyon ?
W.O. : c’est comme ça le football. C’est comme ça que je l’expliquerai. Il y a peut-être des choses qui se passent plus haut et qu’on ne contrôle pas. En tout cas, sur ce que j’ai pu contrôler sur le terrain, j’ai fait de mon mieux. Je pense que je n’ai rien à regretter à Lyon. Mes coéquipiers étaient assez contents de ce que j’ai pu apporter durant la saison, de comment j’ai pu être en tant qu’être humain. J’ai appris beaucoup de choses. J’ai été entouré de joueurs expérimentés et j’ai pu apprendre beaucoup des joueurs là-bas. Je n’ai pas joué mais il y avait peut-être d’autres choses à apprendre cette saison-là et je pense que ça me fera du bien pour la suite de ma carrière.
FM : quelles étaient vos relations avec Paulo Fonseca ? Que pensez-vous de lui ?
W.O. : mes relations avec le coach et son staff étaient plutôt bonnes. Il n’y avait rien de plus. Quand ils sont arrivés, ils m’ont parlé et m’ont expliqué la situation. Moi, je leur ai expliqué la mienne. On a eu une discussion. Et quand on a une discussion, c’est beaucoup plus simple à accepter. Dans ma tête, j’étais beaucoup plus serein. Une fois qu’on a eu cette discussion-là, qu’il m’a dit ce qu’il pensait et comment il voyait les choses pour la fin de la saison, j’étais plus tranquille et je pouvais m’entraîner avec sérénité. Le coach Paulo Fonseca est un grand homme. Il le démontre encore aujourd’hui avec ce qu’il fait à Lyon. C’est un très bon coach et il sait comment mener un groupe et emmener des hommes avec lui. Mes anciens coéquipiers sont contents d’avoir un coach comme lui cette saison. J’espère qu’ils vont faire de grandes choses.
FM : parmi vos coéquipiers, lequel vous a le plus surpris ou impressionné ?
W.O. : je pense que vous vous attendez à ce que je dise Rayan Cherki. Mais Rayan, je le connaissais déjà un peu avec les Espoirs ou même avant lorsque je regardais les matches. Il m’a surpris, parce que c’est toujours impressionnant ce qu’il fait sur le terrain. Mais comme je le connaissais déjà, on va dire que c’était le fait de le voir plus souvent à l’œuvre qui était impressionnant. Mais il y a des joueurs que je ne connaissais presque pas du tout comme Malick (Fofana) ou Ainsley (Maitland-Niles) et qui m’ont plutôt étonné durant cette saison-là. Il y aussi Max (Caqueret) que je connais depuis plus jeune car on est de la même génération. Donc pendant les entraînements, c’était l’un des joueurs les plus impressionnants. Mais au final, je dirai qu’un peu tout le monde m’a impressionné. Il y avait aussi Nemanja Matic. Chaque jour, j’ai pu en tirer des choses différentes. Il y a aussi Moussa Niakhaté, pour son leadership alors que c’était sa première année. C’est quelque chose que je n’ai pas en moi alors que chez lui c’est naturel. Pour moi, des choses comme celles-là sont encore plus impressionnantes que le football car c’est quelque chose qu’il a sur et en dehors du terrain. C’est respectable. Au final, c’est un peu tout l’environnement qui m’a impressionné, car j’ai côtoyé le très haut niveau du football aussi bien pour les qualités que le professionnalisme.
Objectif CAN avec les Comores
FM : au final, que retenez-vous de votre passage là-bas ?
W.O : je retiens l’expérience et les leçons que j’ai pu en tirer. Je garde en tête les bons moments que j’ai vécus même si on peut se dire en regardant ma saison qu’il n’y en a pas eu beaucoup. Pourtant, je vous assure qu’il y en a eu. Passer des semaines et des semaines avec un tel groupe, c’était bien. On a vécu de bonnes choses. Faire connaître cette ville à ma fille et à ma femme était aussi une bonne chose. Elles ont bien aimé la ville aussi. C’est un club que j’ai supporté plus jeune, donc je ne pouvais que kiffer. J’aurais pu kiffer autrement en jouant plus sur le terrain, mais c’était comme ça. J’ai pu trouver mon bonheur ailleurs que sur le terrain de foot. Je ne retiens que les bons moments passés là-bas, sur et en dehors des terrains.
FM : il y a eu des moments compliqués, notamment avec les problèmes liés à John Textor et la possible relégation en L2. Comment avez-vous vécu tout cela en tant que joueur ?
W.O : nous, en tant que joueur, ça ne nous a pas affecté. C’est un sujet qui n’a presque jamais été abordé durant la saison. Je n’ai pas de souvenir d’avoir entendu parler de ça la saison dernière. Ce n’est pas un sujet auquel on prêtait attention dans le vestiaire.
FM : vous allez participer à la CAN dans quelques mois avec les Comores. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
W.O. : on va participer à la CAN dans quelques mois si Dieu nous permet d’être en bonne santé. L’état d’esprit, je pense qu’il est le même chez tous les Comoriens. On part un peu d’en bas car personne ne nous attend. Notre objectif est d’aller le plus loin possible. On ne va pas essayer de se mettre des choses dans la tête. On va essayer de donner le meilleur de nous-mêmes et d’aller le plus loin possible durant cette compétition. On veut toujours faire grandir l’équipe et le pays au niveau international et en sélection. On veut donner envie aux jeunes de profiter de ces moments avec nous. C’est le plus important pour nous en tant que Comoriens. On veut remercier les gens et le peuple comorien.
FM : quelles sont vos ambitions pour la suite ?
W.O. : si on parle sur le long terme, je veux retrouver du temps de jeu et montrer ce que je sais faire que ce soit avec Hambourg et la sélection. Ensuite, on verra. Je ne veux pas brûler les étapes ou me projeter sur ce qui se fera plus tard. Je veux y aller petit à petit. Je pense d’abord bien repartir et rendre la confiance qu’on me donne à Hambourg et en Allemagne, mais aussi en sélection. Je ressens un peu la même chose dans les deux équipes. Ce sont deux styles différents de coaching, mais la relation humaine est très importante dans les deux. Je me sens bien et j’apprécie la confiance qu’on me donne. L’objectif est de rendre ce qu’on me donne et ensuite je veux progresser car je reste un jeune joueur. Je peux toujours apprendre. Chaque match, à chaque compétition, me permet d’améliorer mon jeu et d’être la meilleure version de moi-même.
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