Les folles coulisses de la rencontre polémique entre Donald Trump et Cristiano Ronaldo
La rencontre très médiatisée entre Cristiano Ronaldo et Donald Trump a déclenché une tempête politique et médiatique, du Portugal aux États-Unis. Entre opération de charme, accusations d’instrumentalisation et retour inattendu de CR7 sur le sol américain, les coulisses de cet échange explosif révèlent un jeu d’influences où se mêlent diplomatie, image et enjeux géopolitiques.
Depuis plusieurs jours, les images de la rencontre entre Cristiano Ronaldo et Donald Trump ont envahi les réseaux sociaux, déclenchant un flot de commentaires passionnés, notamment au Portugal où voir l’idole nationale s’afficher avec le président américain a provoqué une véritable onde de choc. L’événement a d’autant plus surpris qu’il s’agissait de la première apparition de CR7 sur le sol américain depuis 2009, année des accusations formulées par Kathryn Mayorga l’accusant de viol à Las Vegas, affaire fermement niée par le joueur et pour laquelle aucune charge n’a jamais été retenue. Cette visite, organisée dans le cadre de la réception de la délégation saoudienne menée par Mohammed ben Salmane, a été orchestrée avec faste à la Maison-Blanche. Accueilli par Donald Trump en personne, Ronaldo a rapidement été placé au centre de l’attention, au point que le président a plaisanté sur l’admiration que son fils Barron porte au Portugais : « Nous avons Ronaldo avec nous, mon fils me respecte encore plus maintenant », a-t-il lancé. Les services de communication de la Maison-Blanche ont ensuite amplifié l’événement en diffusant une vidéo où CR7 et Trump marchent côte à côte, décrits comme « deux GOATS », une publication qui a engrangé plus de 7,7 millions de likes et attiré l’attention de nombreuses célébrités du monde sportif.
Cristiano Ronaldo a lui-même participé à la mise en scène médiatique en publiant un message de remerciement destiné à Trump et à la Première dame, évoquant son désir d’inspirer « un avenir fondé sur le courage, la responsabilité et une paix durable ». Ce post a dépassé les 18 millions de likes et a été relayé par un large éventail de figures du football international, soulignant l’ampleur du retentissement de cette rencontre. Mais si la communication a été un succès planétaire, l’image laissée par cette soirée est loin de faire l’unanimité. Sur les réseaux sociaux, CR7 est accusé d’être devenu un outil politique au service de deux dirigeants controversés : Donald Trump, critiqué pour son rôle dans l’armement du conflit à Gaza, et Mohammed ben Salmane, à nouveau associé à des violations des droits humains et au meurtre du journaliste Jamal Khashoggi. Au Portugal, si le président Marcelo Rebelo de Sousa a tenu à saluer « le génie » de Ronaldo pour la visibilité qu’il offre au pays, d’autres voix se montrent beaucoup plus sévères. L’ancienne journaliste Ana Garcia Martins a ironisé sur le selfie de CR7 aux côtés d’Elon Musk et de membres de l’administration américaine, fustigeant un joueur qui « refuse d’être le centre de l’attention lors des matches de la Seleção, mais n’a aucun problème à s’afficher avec Trump à la Maison-Blanche ». De nombreux analystes portugais, de SIC à CNN Portugal, dénoncent un rôle « indigne » et une instrumentalisation politique d’un joueur jusque-là considéré comme apolitique. Amnesty International a également regretté que Ronaldo n’ait pas profité de cette tribune mondiale pour défendre les droits humains, rappelant qu’il contribue malgré lui à la « machine de relations publiques » de l’Arabie saoudite.
Plusieurs raisons derrière cette rencontre
Comme le précise The Athletic, cette visite très remarquée à la Maison Blanche s’inscrit dans un contexte plus large où les États-Unis et le Portugal s’apprêtent à annoncer un match amical de prestige, prévu pour mars 2026 au Mercedes-Benz Stadium d’Atlanta. L’accord est déjà signé et validé entre les deux fédérations, en attente d’une confirmation publique, rendue possible par la qualification du Portugal au prochain Mondial après une victoire écrasante (9-1) contre l’Arménie. Cette rencontre, qui s’inscrit dans une tournée incluant également un match amical contre la Belgique, revêt une importance particulière : elle mettra fin à près de douze ans d’absence de Cristiano Ronaldo sur les terrains américains. La dernière apparition du Portugais aux États-Unis remonte à 2014, lorsqu’il avait joué un match de pré-saison entre le Real Madrid et Manchester United devant 109 000 spectateurs dans le Michigan. À l’époque, il avait aussi porté le maillot de la Seleção dans un amical face à l’Irlande au MetLife Stadium. Mais depuis les révélations de Der Spiegel en 2017 concernant l’affaire Mayorga, Ronaldo s’était tenu éloigné du territoire américain, n’apparaissant dans aucun match de pré-saison, ni avec la Juventus, ni avec Manchester United, ni avec Al-Nassr. Plusieurs discussions avaient pourtant eu lieu en 2022 pour un possible transfert à Kansas City en MLS, mais le joueur s’était finalement engagé avec l’Arabie saoudite.
Ce retour en 2026 aura une résonance d’autant plus forte qu’il intervient alors que Ronaldo s’est récemment rapproché des États-Unis et de Donald Trump dans un contexte quasi diplomatique. Ces derniers mois, CR7 a multiplié les signaux d’ouverture vers Washington : Antonio Costa, président du Conseil européen et Portugais, avait déjà remis à Trump un maillot signé par Ronaldo portant la mention « Playing for Peace ». Et dans une interview à Piers Morgan, le joueur avait explicitement exprimé son désir de rencontrer Trump pour parler de paix dans le monde, estimant que le président américain fait partie de ceux « qui peuvent changer les choses ». Pour la sélection américaine, cette confrontation face au Portugal de Roberto Martínez s’annonce comme un test capital dans la préparation du Mondial, sous la houlette de Mauricio Pochettino, qui cherche à affiner son groupe face à une nation européenne majeure. Après des matches contre l’Équateur, le Paraguay ou le Japon, affronter le cinquième pays mondial représentera un défi inédit pour les Américains. À l’heure où Ronaldo traverse l’une des polémiques les plus retentissantes de sa carrière, ce match amical va donc bien marquer un tournant pour CR7 avec la fin de sa longue attente, mais aussi une nouvelle étape dans la construction ou la reconstruction de son image internationale, à l’approche d’un rendez-vous qui mêle sport, diplomatie et enjeux géopolitiques.
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