Les médias adorent dépeindre de façon machiavélique les joueurs de football. En noir et blanc. Comme au pays de Candy, il y a, dans le football, des méchants et des gentils. Pelé ? Un génie. Edmundo ? Un fou. Cantona ? Les deux. Mihajlović? Bien avant Materazzi, il est LE méchant du football.
Ses coups francs sont aussi tranchants que sa langue de vipère. Seuls ses tacles étaient aussi retors que ses frasques. Mais Mihajlović n'est pas qu'un "salaud". Il est aussi, et surtout, un footballeur talentueux. C'est d'abord un grand technicien, normal quand on est élevé à l'école yougoslave des années 90. Aux côtés des Belodici, Jugovic, Prosinecki, Pancev et autres Savicevic, il danse sur le ventre de l'Europe et bat le grand OM de Jean Pierre Papin en finale de la C1 à Bari. Du talent, il en faut pour devenir le seul joueur, avec Michel Platini, à avoir inscrit un triplé... sur coup franc ! C'est justement dans le Calcio qu'il a bâti sa légende. Ses frappes sont si puissantes que les gardiens de la Lazio, de la Roma, de la Samp ou de l'Inter refusent de s'entraîner avec lui. Il faut dire qu'avec un record à plus de 160 km/h, il faut être fou pour mettre la main là où d'autres ne mettraient pas le pied.
Mais Mihajlović a aussi sa part d'ombre. Un mythe entretenu à coups de sombres histoires. Violemment nationaliste, Mihaj ne se laisse jamais faire. Alors qu'il jouait avec le club de Vojvodina, dans la situation politique explosive de la fin des années 80, il a passé à tabac un adversaire croate qui l'a traité de "Sale Serbe". Le latéral a également fait les unes de journaux pour des problèmes de racisme : en 2000, lors d'un match de Ligue des Champions entre la Lazio et Arsenal, il traite Patrick Vieira de "Noir de merde". Mihajlović est suspendu, mais ne se calme pas. Il s'excuse, mais pointe du doigt le Français qui l'aurait appelé "gitan de merde". Ambiance. Quelques mois plus tard, il est suspendu pour 8 matches pour avoir craché sur Adrian Mutu avant de le frapper. Ultime preuve, pour ses détracteurs, que Siniša est le diable incarné, il est très apprécié des tifosi laziales qui n'hésitent pas à lui dédier des banderoles à la gloire d'Arkan, un nationaliste serbe accusé de crimes de guerre. Fidèle en amitié, il part, en 2004, dans la valise de son ami Roberto Mancini, qui passe du banc de la Lazio à celui de l'Inter. Le temps de décrocher un dernier Scudetto, trois Coppa Italia et une Super Coupe d'Italie et il raccroche les crampons en 2006
Le Serbe ne reste cependant pas loin des terrains puisqu'il devient, quelques mois plus tard, entraîneur-adjoint de l'Inter sous les ordres de Mancini. Lorsque ce dernier quitte le club, Mihajlović s'en va. Il rejoint Bologne où il devient entraîneur. Un sacré challenge pour ce dur à cuire puisqu'il doit sauver le club rossoblù de la relégation. Mais il n'a rien perdu de sa verve : les arbitres, Totti, Mourinho... Tout le monde du football italien en prend pour son grade. « Sans ma permission, il n'ira nulle part », a-t-il confié au Corriere dello Sport en réponse à l'intérêt de l'Inter Milan pour son buteur Marco di Vaio, avant de nuancer : « Nous pourrions le laisser partir en échange d'Ibrahimovic, Maicon et quelques autres joueurs... » On ne se refait pas.
En savoir plus sur