Angers : l'effet Gérald Baticle n'est pas juste un tube de l'été

Par Josué Cassé
7 min.
Sofiane Boufal face à l'Olympique Lyonnais @Maxppp

Dauphin du Paris Saint-Germain après cinq journées, le SCO d'Angers poursuit son excellent départ en championnat et pointe désormais à la quatrième place avant de se déplacer, ce vendredi soir, dans le club de la capitale à l'occasion de la dixième journée de Ligue 1. Sous la houlette de Gérald Baticle, successeur de Stéphane Moulin, les Angevins confirment les belles impressions laissées en début de saison.

Nouvel homme fort du SCO d'Angers, Gérald Baticle, arrivé sur le banc des Scoïstes cet été, avait la lourde responsabilité de prendre la succession de Stéphane Moulin, entraîneur du club entre 2011 et 2021 et qui avait fait monter le SCO en Ligue 1 en 2015. Dans cette optique, nombreux sont les observateurs ayant fait, tout d'abord, part de leur scepticisme quant à l'arrivée de l'ancien attaquant de l'AJ Auxerre à la tête de l'équipe angevine. Une frilosité en partie justifiée pour un tacticien âgé de 52 ans qui n'avait connu jusqu'alors qu'une expérience - décevante - entre novembre 2008 et mai 2009 en tant qu'entraîneur principal de Brest, alors en Ligue 2. Pourtant, après neuf journées de Ligue 1 cette saison et avant un choc sur la pelouse du Paris Saint-Germain (vendredi, 21h), force est de constater que le pari est pour le moment réussi.

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Au pied du podium avec le même nombre de points (16 unités) que l'OGC Nice (qui dispose d'un match en retard), le SCO d'Angers de Gérald Baticle (4 victoires, 4 matches nuls, 1 défaite) dispose, à l'aube de la dixième journée, de la deuxième meilleure défense du championnat (9 buts encaissés) et de la cinquième attaque de L1 (14 buts marqués). Des statistiques parlantes pour un club qui avait terminé l'exercice précédent à la treizième place. Si l'heure n'est évidemment pas à l'emballement, compte tenu du nombre important de journées restant à disputer, ce premier bilan peut malgré tout s'analyser à l'aune d'une nouvelle philosophie de jeu incarnée par Gérald Baticle.

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La mise en place d'un 3-4-3 efficient

Sans volonté de créer une véritable révolution, le coach angevin est cependant arrivé avec de nouvelles intentions de jeu pour le SCO, plus offensives que celles observées par le passé. Et pour cause, comme d’autres nouveaux entraîneurs de Ligue 1 – Pascal Gastien à Clermont ou Peter Bosz à Lyon pour ne citer qu'eux – Gérald Baticle fait partie de ces techniciens, partisans du beau jeu et dans la lignée de cette idée du «football total». Un état d'esprit affiché dès sa venue cet été : «je veux que la suite soit intéressante, plaisante pour le public, constructive pour les joueurs et que cela corresponde à la progression du club. Je ne suis pas arrivé avec des idées arrêtées, j’avais envie d’analyser. J’avais deux systèmes différents en tête et j’ai choisi avec mes adjoints celui qui nous permettrait d’être le plus solides».

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En effet, après avoir testé un schéma à quatre défenseurs, utilisé par Stéphane Moulin pendant dix ans, lors des deux premiers matches amicaux de la présaison, Gérard Baticle s'est finalement orienté vers une défense à trois avec l'apport de deux pistons dans les couloirs. Une organisation permettant à ses joueurs de mieux s'exprimer collectivement. A titre d'exemple, Jimmy Cabot (27 ans) repositionné en tant que piston droit après avoir connu le rôle de milieu offensif excentré laisse depuis une impression visuelle déroutante, confirmée dans les chiffres (4 passes décisives depuis la reprise).

Parallèlement à cette tendance tactique donnée par l'ancien joueur strasbourgeois sur le terrain, Baticle s'est également imposé en dehors du rectangle vert : utilisation intensive de la vidéo, exploitation du drone pour analyser les phases de jeu arrêtées. Une nouvelle méthodologie, pour l'heure, couronnée de succès, qui n'exclut cependant pas l'importance d'un management adapté à son groupe. Dès lors, le nouveau coach angevin n'hésite pas à utiliser le terrain de football comme comparaison pour faire comprendre à ses joueurs ce qu'il attend d'eux dans leur investissement au quotidien : «c'est simple. Il faut un cadre pour pouvoir s'exprimer, et sur le terrain, il y a des limites. Celui qui franchit les lignes, il s'exclut tout seul.» Un discours qui a d'ailleurs conquis l'ensemble du groupe.

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Le pari de la continuité

Pour autant, hors de question de parler de révolution à Gérald Baticle, arrivé cet été en toute humilité et avec la ferme intention d'inscrire son projet «dans la continuité» de celui proposé par Stéphane Moulin. Intronisé dans un contexte économique inquiétant, le natif d'Amiens a dû se plier aux obligations du club de l'Ouest de faire des économies sur sa masse salariale. Dès lors, le mercato estival angevin s'est avéré bien plus calme que certaines autres écuries de L1 (PSG, Marseille, Rennes) et malgré les arrivées du milieu marocain d'Avranches Azzedine Ounahi (21 ans), de l'ailier franco-algérien de Reims Billal Brahimi (21 ans) et du milieu franco-guinéen de Nantes Batista Mendy (21 ans), l'effectif angevin reste l'un des plus stables par rapport à la saison passée. Pour illustrer cela, sur les 21 joueurs que Baticle a utilisés depuis le début de la saison, 19 fréquentaient déjà les rangs de l'équipe première du SCO lors de l'exercice précédent. Un choix contraint mais payant, notamment grâce à l'apport d'une «vieille garde» toujours aussi performante.

Stéphane Bahoken, Thomas Mangani, Ismaël Traoré (capitaine du SCO), Romain Thomas, Vincent Manceau... Les joueurs d'expérience sont monnaie courante du côté des Noirs & Blancs, ce qui fait d'ailleurs du SCO d’Angers le quatrième effectif le plus âgé de Ligue 1 selon Transfermarkt. Des cadres présents pour accompagner la jeunesse angevine, que ce soit du très courtisé Fulgini aux minots Mohamed-Ali Cho (17 ans) et Azzedine Ounahi (21 ans), tous deux buteurs cette saison, et qui se montrent par ailleurs indispensables dans le début de saison remarquable des coéquipiers de Sofiane Boufal. Lors de la dernière journée de Ligue 1, avant la trêve internationale, c'est bel et bien la vieille garde du SCO qui a, une nouvelle fois, sauvé les meubles. Mal embarqués contre le FC Metz et menés 2-1, les Angevins ont ainsi renversé la situation face aux Grenats pour s’imposer 3-2, et ce grâce à des réalisations de Thomas Mangani (meilleur buteur du club cette saison avec 3 buts), au club depuis 2015, et de Stéphane Bahoken (220 matchs professionnels).

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Portés par Vincent Manceau (355 matches en professionnel, tous à Angers sa ville natale), Ismaël Traoré (35 ans) et Romain Thomas (au club depuis 2013), symboles de la solidité défensive de ce début de saison, les Angevins partent de ce bloc compact pour se déployer rapidement en phase offensive. Une transition rapide demandée par Baticle, même si ce dernier reconnaît le besoin de «continuer à travailler sur l'équilibre défensif». Forts d'un collectif affichant un visage séduisant depuis la reprise, les Angevins peuvent donc espérer de belles choses face au Paris Saint-Germain, ce vendredi soir, qui plus est après les difficultés éprouvées par les Parisiens face à des Rennais (défaite 2-0 face aux hommes de Bruno Genesio), adeptes de cette transition rapide.

Orphelin de plusieurs de ses stars, le PSG s'avancera malgré tout dans la peau d'ultra favori pour cette rencontre et le coach angevin est conscient des ingrédients indispensables à mettre place pour une telle rencontre : «il faudra répondre au niveau du rythme, de l'impact, de la rigueur défensive, de la capacité à suppléer un partenaire qui s'est fait éliminer. Il faut de la concentration pour essayer d'avoir un temps d'avance et des attaques rapides intéressantes. Si on ne peut pas avoir de temps d'avance, au moins ne pas être en retard. Depuis le début de saison, on cherche à poser des problèmes à l'adversaire. Quand on en pose, on en subit moins. Face à des équipes de haut niveau, le moment où on perd le ballon est crucial. Ils peuvent faire mal dans les transitions. L'équilibre dans le jeu va être important pour entrevoir une performance et faire un résultat», déclarait-il en conférence de presse ce jeudi. Face à ce défi immense que Gérald Baticle définit comme «le match de Ligue des Champions du SCO», les Angevins auront ainsi à cœur de montrer que cette quatrième place n'est pas liée au hasard et que le tube de l'été pourrait finalement se transformer en hit marquant de cette saison 2021-2022.

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