Euro 2020, Espagne : Unai Simon, le grand pari réussi de Luis Enrique

Par Aurélien Macedo - Max Franco Sanchez
4 min.
Unai Simon (Espagne) durant la séance de tirs au but contre la Suisse @Maxppp

Après deux compétitions où David De Gea a gardé les buts espagnols, c'est cette fois le jeune Unai Simon qui officie comme dernier rempart lors de l'Euro 2020. Un rôle qu'il entretient avec brio lui qui a réalisé 3 clean-sheets en 5 matches et qui sort d'une séance de tirs au but où il aura notamment repoussé deux pénalties suisses.

Il revient de loin. De très loin même. Aujourd'hui, Unai Simon est considéré de façon unanime comme l'un des principaux artisans du bon parcours espagnol pendant cet Euro. Il y a eu cette boulette face à la Croatie certes, vite rattrapée par de belles interventions au cours de ce même match, puis face à la Suisse, avec une séance de tirs au but excellente. Lui aussi a pourtant fait partie de ces quelques joueurs décriés par certains observateurs, tout comme Luis Enrique a aussi reçu des critiques en faisant de lui son numéro 1. Un poste de titulaire qu'il a pourtant occupé tout au long de la saison en sélection, profitant également des mésaventures de David de Gea et de Kepa Arrizabalaga en terres britanniques. Une saison pendant laquelle le Basque n'a pas toujours été à son avantage, affichant un niveau assez irrégulier, étant capable du meilleur comme du pire.

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Si l'équipe de Marcelino Garcia Toral n'a pas pu accrocher l'Europe, on peut le dire, c'était en partie à cause de lui. Avant le début du tournoi, la presse dévoilait une statistique assez peu glorieuse pour le portier de 24 ans : il est le gardien qui a réalisé le plus d'erreurs ayant débouché sur un but - 6 au total - des cinq grands championnats européens cette saison. Mais dans le même temps, il a aussi rendu d'excellentes copies, en Copa del Rey notamment, avec une séance de tirs au but particulièrement réussie face au Betis en quarts. En sélection, il y a là aussi eu du bon, et du moins bon, avec une sortie loin de sa surface désastreuse qui avait permis au Kosovo de marquer un but face à la Roja, qui l'avait finalement emporté 3-1 fin mars. Pur produit du centre de formation de l'Athletic, véritable usine à gardiens de qualité, Simon n'avait donc pas préparé cet Euro de la meilleure des manières, contrairement à son homologue Gigi Donnarumma qui sort d'une belle saison à Milan. De presque paria à pari réussi de Luis Enrique, comme Pablo Sarabia par exemple, il n'y avait qu'un pas, et Unai Simon l'a franchi.

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Le protégé de Luis Enrique

«Unai me donne pleine satisfaction. Je ne juge pas mes joueurs sur leurs erreurs. Les erreurs font partie de ce sport. La croissance se fait aussi en surmontant les petits échecs» expliquait Luis Enrique le 31 mars dernier après la bourde d'Unai Simon contre le Kosovo. Le sélectionneur espagnol qui a tranché suite aux méformes de David De Gea (Manchester United) et Kepa Arrizabalaga (Chelsea) a désormais une totale confiance en Unai Simon et l'a utilisé lors de tous les matches de l'Espagne où il était disponible depuis le 11 novembre 2020. Ce qui a fait la différence au-delà de l'état de forme - puisque la saison 2020/2021 d'Unai Simon n'est pas exceptionnelle - c'est surtout le jeu au pied du gardien basque.

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Ancien coach du FC Barcelone et adepte du tiki-taka dont il apporte une variété, Luis Enrique voulait un gardien à l'aise balle au pied : «les gardiens doivent participer au jeu et nous apporter de la fluidité. Dominer le jeu aérien sur les corners et les coup francs parce que nous ne sommes pas très puissants dans ce domaine, couvrir la ligne défensive quand on fait le pressing dans la moitié de terrain adverse. Unai Simon, même s'il doit progresser, a un très haut niveau dans ces domaines-là» expliquait-il à l'automne dernier. Depuis le début de l'Euro 2020, cela se ressent puisque l'Espagne s'appuie sur son portier comme premier relanceur et dispose d'une belle maîtrise technique depuis le début de la compétition.

Une force de caractère

Solide en phase de poules avec deux clean-sheets contre la Suède (0-0) et la Slovaquie (5-0), il aurait pu sortir de son tournoi après une grosse bourde contre la Croatie. Menée 1-0, l'Espagne a repris l'avantage à 3-1 avant de craquer et de concéder les prolongations. Alors que le score était de 3-3, il a su repousser une tentative énorme d'Andrej Kramaric (96e) et a de nouveau dégouté le buteur d'Hoffenheim alors que l'Espagne menait 4-3 (103e). Décisif dans un moment compliqué, il avait reçu les louanges de Koke : «il a de si grosses cou--les. Ce qui lui est arrivé contre la Croatie était malheureux, mais ce qu'il a fait ensuite était incroyable, avec une grande tranquillité. J'espère qu'il continuera à ce niveau.»

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Des déclarations qui ne seront pas tombées dans l'oreille d'un sourd. Contre la Suisse (1-1), il a été relativement épargné avant de réaliser une séance de tirs au but de grande classe. Excellent dans ce registre, il a arrêté les tentatives de Fabian Schär et de Manuel Akanji avant de "rentrer dans le cerveau" de Ruben Vargas. L'ailier d'Augsbourg avait ensuite frappé nettement au-dessus du but de la Roja. Héros de tout un peuple, Unai Simon est en train de faire ce que David De Gea n'a pas su faire depuis 5 ans, prendre la suite d'Iker Casillas et s'imposer comme le patron dans les buts espagnols. En demi-finale contre l'Italie, la mission sera encore plus compliquée, mais c'est dans l'adversité et la difficulté que le portier de Bilbao ressort à chaque fois plus fort.

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