Ligue 1

La DNCG a assassiné le football français !

La DNCG a frappé fort lors de son audience du 24 juin 2025 : près des deux tiers des clubs français contrôlés se voient sanctionnés, entre restrictions salariales, rétrogradations et exclusions. Lyon descend administrativement en Ligue 2, Ajaccio chute en National et Nîmes est purement rayé des compétitions nationales, tandis qu’Angers, Bastia ou encore Concarneau sont placés sous un strict encadrement financier. Un rappel brutal que la santé économique prime désormais sur la performance sportive.

Par Valentin Feuillette
3 min.
Jean Marc Mickeler président de la direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), la commission indépendante hébergée par la Ligue de football professionnel (LFP), chargée de surveiller les comptes des clubs de football professionnels en France. @Maxppp

La saison 2024-2025 a fait vaciller tout l’édifice du football français. De janvier à mai, chaque week-end a vu se multiplier les polémiques autour du VAR, au point que plusieurs clubs de Ligue 1 ont réclamé la tête du patron de l’arbitrage, dénonçant des décisions « incohérentes » et un climat de défiance inédit. Parallèlement, la guerre ouverte entre la Fédération (FFF) et la Ligue (LFP) a franchi un nouveau palier : convoqués en mars au siège fédéral, Vincent Labrune et les présidents de clubs ont dû plancher sous l’œil du gouvernement sur un plan de sauvetage, tandis qu’un projet de loi prévoyant de retirer à la Ligue sa délégation de service public et de soumettre ses comptes à la Cour des comptes avançait au Parlement. Dans ce chaos, le diffuseur DAZN a retenu 35 millions d’euros de droits.

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La fédération, profitant de cette fragilité, a même dévoilé en mai un projet de structure « à la Premier League » destinée à se substituer à la LFP, une éventuelle « mort » de la Ligue professionnelle qui cristallise les craintes des clubs. Dans ce contexte déjà délétère, l’audience du 24 juin devant la DNCG a résonné comme la cerise sur un gâteau d’amertume. En reléguant administrativement l’Olympique Lyonnais, en précipitant Ajaccio en National, en plaçant Bastia sous double tutelle et, surtout, en excluant purement et simplement le Nîmes Olympique, le gendarme financier a confirmé que nombre de clubs flirtent désormais avec la disparition. Partout, les trésoreries vacillent : les ventes de joueurs servent de perfusion, les paye-rolls sont plafonnés, les ambitions sportives s’effacent derrière les tableurs. L’instance n’aura fait que placer un cachet sur une saison d’alertes rouges - loin de se refermer, la crise s’enfonce, et le football français, privé de gouvernance claire, de revenus télévisés solides et de confiance dans son arbitrage, s’avance vers l’été avec davantage de questions que de réponses.

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Des géants français au purgatoire !

La séance de contrôle de la DNCG du 24 juin a débouché sur un verdict lourd : 80 des 174 clubs audités à travers la pyramide professionnelle française écopent d’une sanction. Le dispositif le plus fréquent reste l’encadrement financier : 69 formations, dont Angers, Bastia et Concarneau, se voient plafonner à la fois leur masse salariale et leurs indemnités de mutations, tandis que les autres doivent seulement contenir leur masse salariale. La gendarme des comptes a également prononcé huit rétrogradations administratives – Lyon descend de Ligue 1 en Ligue 2, Ajaccio de Ligue 2 en National, Bourg-en-Bresse Péronnas glisse du National au N2, quatre clubs de N2 tombent en N3 et l’UCS Cosne recule en Régional 1 – ainsi que deux exclusions pures et simples (Bergerac-Périgord FC et surtout le Nîmes Olympique) et une interdiction d’accession frappant Six-Fours Le Brusc FC. Parmi ces décisions, celles qui concernent les clubs phares retiennent l’attention. L’Olympique Lyonnais, malgré un maintien sportif, est relégué et voit s’envoler quelque 30 millions d’euros de droits télé ; l’actionnaire devra abaisser de près d’un quart une masse salariale déjà parmi les plus élevées du pays.

Le Nîmes Olympique, lui, disparaît carrément de la carte professionnelle : exclu des compétitions nationales, le club gardois devra repartir d’un championnat régional, résilier nombre de contrats et trouver en urgence des liquidités pour combler un déficit supérieur à six millions d’euros. L’AC Ajaccio vit à son tour le cauchemar d’une rétrogradation financière, la DNCG ayant jugé son trou de trésorerie (environ quatre millions) incompatible avec la Ligue 2. Le SC Bastia, enfin, reste sous étroite tutelle : chaque nouveau contrat devra être intégralement compensé, sous peine d’invalidation, un rappel sévère après plusieurs exercices clos dans le rouge. Au-delà de ces cas emblématiques, la DNCG rappelle que la solidité budgétaire restera la condition première de toute ambition sportive. Le message est limpide : pour survivre, les clubs devront davantage compter sur des modèles durables que sur la seule réussite sur le terrain, faute de quoi le couperet tombera de nouveau, quels que soient leur palmarès ou leur popularité. À ce rythme, ce n’est plus une crise, c’est une chute libre. Et personne ne semble vraiment tenir le parachute.

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