Nike peut-il perdre l’Equipe de France ?

Par Sebastien Denis - Jordan Pardon
5 min.
Le onze titulaire des Bleus face à l'Allemagne @Maxppp

Alors que le contrat de l’équipe de France avec Nike prendra fin en 2026, la FFF a lancé un appel d’offres ce vendredi pour son futur équipementier. Si la marque à la virgule n’imagine pas une seule seconde perdre l’une des sélections les plus cotées du moment, elle devra faire face à une féroce concurrence…

Et si la FFF flanquait la porte à Nike ? Impossible, à date, de se montrer affirmatif sur un dossier aussi épineux, mais au regard des succès et de la popularité dont bénéficie l’équipe de France en 2024, on devine que la firme américaine devra sortir le chéquier pour espérer la conserver dans son portefeuille client. Habilleuse officielle de toutes les équipes de France de football depuis 2011, la marque à la virgule avait à l’époque succédé à son grand rival Adidas, pourtant partenaire des Bleus pendant près de 40 ans. Un contrat au départ évalué à 42,5 M€ par an, renégocié à hauteur de 50 M€ en 2017, et qui devrait, donc, à nouveau être redéfini dans les semaines à venir.

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Championne du monde en 2018 et vice-championne en 2022, l’équipe de France s’apparente aujourd’hui à un marché porteur pour son équipementier, renforcé par la présence de ses nombreuses stars à l’image de Kylian Mbappé, Antoine Griezmann ou encore Eduardo Camavinga, à la popularité retentissante notamment auprès des plus jeunes. Et avec de tels arguments à faire valoir, la 3F aura la ferme intention de revoir à la hausse son contrat, qui prendra fin en 2026. Ce vendredi, elle a d’ailleurs officialisé le lancement de son appel d’offres pour la période 2026-2034 (la date limite pour faire une offre à la FFF est fixée au 29 avril).

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Nike veut absolument prolonger son contrat avec les Bleus

Aujourd’hui, et même en prenant un regard distancié avec la vérité, difficile de trouver trace d’une sélection masculine aussi populaire que l’équipe de France à l’international. Sur les réseaux sociaux, - ce qui ne constitue pas une science dure, certes, mais qui reste un outil de mesure relativement fiable -, les Bleus réunissent plus de 40 millions de suiveurs, quand leur tête d’affiche, Kylian Mbappé, en mobilise à lui seul plus de 110 millions rien que sur son compte Instagram. Et à l’heure où le Français se rapproche plus que jamais de son départ au Real Madrid (club sponsorisé par le rival Adidas), Nike serait bien inspiré de s’aligner sur les prétentions de la FFF.

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Car dans l’hypothèse où la 3F décidait de virer de bord quant à l’identité de son habilleur, la marque à la virgule verrait son champ d’action et ses campagnes publicitaires se restreindre considérablement avec sa star tricolore. Aujourd’hui, Nike, sponsor de Kylian Mbappé depuis le début de sa carrière, a la chance de représenter ses deux équipes : le PSG, et l’équipe de France. Mais sous l’effet conjugué de la future arrivée du Bondynois à Madrid, et donc, d’un possible changement de sponsor des Bleus, ce luxe pourrait vite partir en fumée. Un risque que voudra absolument éviter la marque au swoosh, consciente que le Parisien, son fer de lance, est toujours appelé à devenir "the next big thing" à l’heure où Cristiano Ronaldo a définitivement perdu de son attrait marketing. D’ailleurs, depuis le départ de CR7 du paysage footballistique européen, Nike a laissé filer sans résistance le Portugal qui a rejoint Puma. Nul doute que la marque au swoosh se montrera plus motivée que jamais à l’heure de remporter l’appel d’offres lancé par la FFF. Plus qu’un besoin, une nécessité.

Mais la donnée qui pourrait également rebattre les cartes, c’est ce nouveau contrat historique conclu entre Nike et la Mannschaft ces derniers jours, autour d’un montant record estimé à hauteur de 100 M€ par an, et ce, à compter de 2027 (un montant colossal à trois chiffres réservé jusqu’alors aux grands clubs européens tels que Manchester United, le Real Madrid et le FC Barcelone). Désireuse de s’implanter sur le marché allemand, mais barrée par la concurrence d’Adidas et de Puma, sponsors des deux plus gros clubs du pays (le Bayern Munich et Dortmund), la firme américaine s’est donc stratégiquement tournée vers la sélection quadruple championne du monde. Ce qui pourrait alors inciter la FFF à revoir ses prétentions à la hausse, alors que son contrat, négocié en 2017 et donc antérieur à la période faste de l’équipe de France, est valorisé moitié moins (50,5 millions d’euros). Mais selon nos informations, Nike tient aujourd’hui obstinément à conserver ses partenariats avec l’équipe de France, l’Angleterre et l’Allemagne, et ce, au prix de ses autres collaborations avec les Pays-Bas et le Brésil, dont les contrats arriveront à leur terme en 2026, et qui pourraient être sacrifiés pour mieux se recentrer sur les Bleus, la Nationalmannschaft et les Three Lions.

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Adidas et Puma, menaces en approche ?

Sponsor officiel des Bleus entre 1972 et 2011, Adidas pourrait également avoir son mot à dire dans ce dossier. Encore plus après avoir perdu l’un de ses partenaires historiques - la Nationalmannschaft -, qu’elle représentait depuis 70 ans, la marque aux trois bandes sera en quête de nouveaux ambassadeurs, avec forcément l’équipe de France comme cible potentielle. Car au-delà de l’enjeu financier considérable, c’est aussi une guerre d’égo que se livrent les géants du sportswear en sponsorisant les meilleurs joueurs et les meilleures équipes de la planète. Mais Adidas le sait aussi : il faudra mettre la main au portefeuille pour figurer sur le maillot bleu, et certainement faire grimper les enchères, alors que la DFB (la fédération allemande de football) a poliment rejeté sa proposition de contrat de 50 M€ par an pour rallier Nike.

Un autre argument qui pourrait inciter Adidas à passer à l’action : son absence sur le marché français, à l’heure où les gros clubs de l’Hexagone sont représentés par ses concurrents (PSG par Nike et l’OM par Puma notamment). Outre Nike et Adidas, Puma pourrait aussi s’essayer dans le dossier, d’autant que la marque allemande ne cesse de gagner en attractivité, et enchaîne les gros coups ces dernières saisons (Neymar, Coman ou encore Varane ont été signés, tout comme les clubs de Manchester City et de l’AC Milan, entre autres). Par ailleurs, son possible échec dans le dossier FC Barcelone, qui pourrait, selon les dernières indiscrétions, finalement rester chez Nike malgré une longue période d’incertitude, l’incitera à ratisser large pour se trouver une autre tête d’affiche. En 2016, la marque au félin bondissant s’était déjà positionnée dans l’appel d’offres de la FFF, tout comme les Américains Under Armour et New Balance. Tout le monde est prévenu : il faudra avoir les reins solides et sortir le chéquier pour sortir vainqueur de cette bataille dont un grand gagnant se dessine déjà quoi qu’il arrive : la Fédération Française de Football.

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