Sifflets, banderoles, mouvements anti BlueCo… la fronde s’organise à Strasbourg !
Malgré un début de saison convaincant sur le plan sportif, le Racing Club de Strasbourg traverse une zone de turbulences. En cause : la colère croissante d’une partie des supporters, qui dénoncent la perte d’identité du club depuis son rachat par le consortium BlueCo. Entre tensions en tribunes, critiques dirigées contre Marc Keller et polémique autour du capitaine Emmanuel Emegha, l’inquiétude grandit à La Meinau.
Trois victoires, une petite défaite, neuf points glanés, cinq buts marqués, trois encaissés et une cinquième place en Ligue 1 après quatre journées. Sur le plan sportif, tous les voyants semblent au vert du côté du Racing Club de Strasbourg. Pourtant, ce lundi, quelques heures après un nouveau succès des Alsaciens face au Havre, le climat reste plus que jamais pesant. La raison ? La colère d’une partie des supporters, dénonçant la situation du RCSA depuis son rachat il y a deux ans par le consortium BlueCo et son patron américain Todd Boehly, qui détiennent également Chelsea.
La colère monte…
Malgré un mercato XXL et un début de saison presque parfait, les voix sont, en effet, en train de se lever dans les travées de La Meinau. Dimanche, avant d’accueillir les Ciel et Marine, la fédération des supporters du Racing a notamment diffusé un communiqué cinglant pour réclamer le départ du président Marc Keller. « Il apparaît désormais clair que le Racing est utilisé comme une réserve spéculative, destiné à accumuler des joueurs surpayés pour en tirer une plus-value ou alimenter Chelsea, véritable équipe première dans ce système multipropriétaire », pouvait-on lire.
« Le service de communication du club osait conclure ce sinistre mercato par le slogan : ‘Cet effectif se construit autour de nos valeurs’. Oui, autour des valeurs du football-buisness, de la dépendance et de la spéculation à outrance. Non, pas autour de celles du Racing Club de Strasbourg : indépendance, identité forte, football populaire et différence, qui nous sont chères depuis de nombreuses années, contre vents et marées, et qui ont rendu à Strasbourg ses lettres de noblesse », ajoutait par ailleurs le communiqué, s’appuyant également sur les cas de Mamadou Sarr et Ishé Samuel-Smith, passés par le Racing avant de signer à Chelsea.
« Le summum de l’indignité a été atteint le 12 septembre, quand Chelsea, le Racing et Emegha ont annoncé conjointement son transfert pour 2026. Comment accepter qu’un capitaine du RCS pose avec le maillot de Chelsea, tout sourire, alors qu’il est encore sous contrat et censé défendre nos couleurs toute la saison ? Nous ne cautionnons pas ce que ce club devient. L’institution est piétinée par un fonds d’investissement étranger qui menace l’intégrité même du Racing ». En première ligne de ces critiques acerbes ? Marc Keller, qualifié de « pseudo président », qui « n’est plus maître des décisions dans ce club qu’il avait su rebâtir avec des bases solides il y a une décennie ».
Marc Keller et Emmanuel Emegha pris pour cible
« Aujourd’hui, il n’est plus qu’un communicant chargé de défendre la politique de BlueCo. Il lui appartient désormais de prendre ses responsabilités : s’en aller et laisser les vrais décideurs occuper son siège. La défense du club avec qui il a partagé tant de choses n’est visiblement plus de son ressort », concluait finalement le communiqué. Des protestations qui se sont d’ailleurs poursuivies dans les tribunes strasbourgeoises. En effet, si la recrue estivale, Joaquín Panichelli, a libéré les siens sur le gong en transformant son penalty, le kop strasbourgeois a lui profité de cette rencontre pour afficher sa colère.
Officiellement recruté par Chelsea - club qu’il rejoindra l’été prochain - Emmanuel Emegha a ainsi été la cible de banderoles vindicatives. «Emegha pion de BlueCo après avoir changé de maillot, rends ton brassard ». Une révolte largement dénoncée par Liam Rosenior en conférence de presse. « Emegha est anéanti », a notamment déploré le technicien anglais, rappelant que son joueur « donne tout pour l’équipe » et qu’il était l’« un des meilleurs joueurs la saison passée », où il a compilé 14 buts et 3 passes décisives. Avant la rencontre face au HAC, le buteur néerlandais avait d’ailleurs reçu le trophée du joueur du mois décerné par les supporters.
Liam Rosenior s’agace !
« Emegha mérite de jouer dans un grand club. Il le mérite au vu de ses performances de la saison passée. Si ça n’avait pas été Chelsea, ça aurait été un autre grand club. Je suis dévasté. J’ai l’impression que tout revient à zéro. On a tout donné pour les fans la saison dernière. Nous sommes déçus de leur réaction. Ce n’est pas tous les supporters, c’est une minorité. Ils ne respectent pas mes joueurs. Mais je les invite chez moi. S’ils veulent mon adresse, je leur donne et nous allons nous asseoir et discuter. Je peux comprendre leur avis sur la multipropriété, mais nous jouons l’Europe depuis bien longtemps. Donc, respectez-nous et respectez le club ».
La dernière story d'Emmanuel Emegha sur Instagram. 💥
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Dans la soirée, le joueur a lui réagi sur son compte Instagram en publiant une photo de lui portant un maillot floqué "EmeGOAT" avec la légende : Que vous le vouliez ou pas. Mais ce n’est pas tout. Outre le buteur de 22 ans, Marc Keller a, lui aussi, été visé par des banderoles. « Marc Keller merci pour cette décennie dorée il est temps de s’en aller ». De quoi, là-encore, susciter la colère du coach strasbourgeois… « Il est de la région, il a porté les couleurs du club. Je suis bouleversé pour lui parce qu’il travaille 24 heures sur 24 pour ce club. Il a investi dans un moment critique (en 2011) et il a su faire remonter ce club qu’il aime en Ligue 1. Il a demandé de l’aide pour continuer à grandir et malheureusement pour ceux qui sont contre lui, toutes les décisions qu’il a prises étaient bonnes ».
Pour rappel, depuis l’arrivée de BlueCo, devenu actionnaire majoritaire à l’été 2023, les Ultra Boys 90, groupe d’ultras majoritaire, s’opposent au consortium et en particulier à la multipropriété, en faisant une grève des applaudissements le premier quart d’heure de chaque match. Dès lors, si les résultats sont, jusqu’alors, bons, la fracture identitaire avec une partie des supporters continue, elle, de grandir et illustre finalement une crise plus profonde : celle d’un club traditionnel enrôlé malgré lui dans la logique du football globalisé, financiarisé, et multiclubs.
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