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Thierry Ambrose : « jusqu’à la fin de ma vie je pourrai dire que j’ai joué à Manchester City »

Par Augustin Delaporte
8 min.
Thierry Ambrose : « jusqu’à la fin de ma vie je pourrais dire que j’ai joué à City » @Maxppp

Presque six ans après y avoir signé professionnel, Thierry Ambrose n’est plus un joueur de Manchester City depuis que le maintien du FC Metz en Ligue 1 est entériné. Après trois prêts consécutifs, dont le dernier chez les Grenats, l’heure semble venue pour lui de se stabiliser pour faire pleinement éclater un talent si souvent loué. Comme un symbole de cette maturité nouvelle il est depuis peu devenu papa et c’est dans l’intimité des jours suivant la naissance de son premier enfant que Foot Mercato s’est entretenu avec lui pour parler musique et jeu de possession.

Foot Mercato : votre premier enfant est né il y a quelques jours. Comment avez-vous vécu ce moment de vie exceptionnel avec la conjoncture actuelle ?

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Thierry Ambrose : c’est vrai que c’était assez particulier de ne pas pouvoir être tous les jours à l’hôpital avec ma femme. Je n’ai été présent que deux ou trois heures pendant l’accouchement. Tu es chez toi et tu sais que ta femme accouche, le bébé est sorti et toi tu ne te sens pas trop concerné… Ça m’a rendu un peu triste mais sinon ça a été l’un des meilleurs moments de ma vie !

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FM : comment avez-vous accueilli la décision de la LFP de mettre un terme à la saison ?

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TA : je suis tout à fait d’accord. On ne peut pas reprendre. Ça ne servait à rien de reprendre alors que tout le monde pouvait être touché (par le virus). J’ai de l’entourage qui a été touché. C’est mieux comme ça. Ça pouvait aller très loin donc je suis satisfait de leur décision.

FM : dans vos dernières stories Instagram on peut voir des gens chanter/rapper. Vous pouvez m’expliquer le concept ?

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TA : je suis quelqu’un qui apprécie beaucoup le rap et les petits qui n’ont pas percé. Donc avec le truc que je fais, qui s’appelle Rap Contest, le but c’est de faire chanter des jeunes rappeurs en live pour leur donner un peu de visibilité.

FM : vous avez aussi sorti le titre Ballon de roro l’an passé.

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TA : (Rires)… C’est ça !

FM : la musique, ça représente quoi pour vous ?

TA : j’aime beaucoup et j’espère qu’après le foot je pourrais réussir à faire les deux (foot et musique, ndlr). Que cela soit de travailler dans la musique ou de faire des sons.

FM : ça vous vient d’où ?

TA : de chez moi, de ma famille. Mes parents aiment beaucoup la musique, on est des Antillais. Il m’ont fait écouter du zouk, des choses comme ça, des choses de chez moi. Vous savez, quand depuis que vous avez trois ou quatre ans vous écoutez de la musique en boucle, qu’il y’en a partout dans la maison… ça devient une habitude. Et puis, parfois, ça fait du bien d’arrêter un peu le foot, de le mettre de côté et de penser à autre chose. Ça enlève de la pression. Souvent les fans de foot ne comprennent pas et se disent «mais pourquoi il fait de la musique ? Concentre toi !» Non ! Tu t’entraînes le matin, l’après-midi tu peux faire ce que tu veux : te reposer, aller au cinéma, faire de la musique, juste kiffer ta vie quoi.

FM : depuis quelques années, on a le sentiment que le style et la musique sont beaucoup plus présents dans la carrière des footballeurs qu’avant.

TA : c'est parce que les jeunes nous suivent beaucoup. Je reçois tout le temps des messages comme : «oh j’adore ci, j’adore comment tu t’habilles, j’adore tes chaussures». On va dire qu’on est comme des exemples pour eux. Et puis on a une image (publique), il faut se différencier des autres, c’est important. Moi par exemple, j’ai des cheveux rouges et ça me différencie. On me reconnait à ça.

FM : à 23 ans, vous avez déjà connu une grosse blessure, deux départs à l’étranger, vous avez été coaché par Patrick Vieira et Pep Guardiola,… Vous vous sentez plus mature que les autres joueurs de votre âge ?

TA : c’est sûr ! Surtout qu’une carrière de foot ça va très vite. J’ai envie de devenir le meilleur joueur possible et de progresser. Mon but c’est de faire une belle carrière dans le foot et après soit de travailler dans la musique ou soit d’être coach donc j’ai besoin d’apprendre le plus possible.

FM : le maintien validé, vous êtes désormais officiellement un joueur du FC Metz. Ça fait du bien de se poser après trois prêts successifs ?

TA : je ne vous cache pas que j’aurais aimé le faire dans de meilleures conditions. Je sais que l’année dernière a été une année compliquée pour moi au niveau des statistiques ou du temps de jeu, donc l’objectif de la saison prochaine c’est de m’imposer à Metz.

FM : c’est ce qu’il vous manquait pour passer un cap ?

TA : je pense (il répète). Et puis quand on a un enfant on pense autrement, même s’il n’a qu’une semaine. Maintenant je ne peux plus déménager tout le temps.

FM : comment jugez-vous votre première saison en Ligue 1 ?

TA : beaucoup de gens disent : «il n’a marqué aucun but, il n’est pas prêt». Vous savez quand vous jouez, ce n’est pas pour critiquer, mais quand vous jouez dix ou quinze minutes (par match) ce n’est pas facile de marquer. Ce n’est pas une excuse, je dis juste que ce n’est pas facile. C’est mon point de vue. Je suis quelqu’un qui a besoin de temps de jeu et j’espère que l’année prochaine j’aurais le plus de temps de jeu possible.

FM : ça vous a fait cogiter de ne pas être décisif ?

TA : oui. Tu te remets en question et à chaque fois que tu rentres tu te dis qu’il faut que tu marques. Avant, je voulais jouer en Ligue 1 ou ci ou ça, mais maintenant je veux juste jouer parce que passer une année remplaçant ce n’est pas du tout agréable !

FM : le passage de la Ligue 2 à la Ligue 1, c’est un pallier important notamment sur ce point-là ?

TA : franchement, je ne l’ai pas trouvé vraiment impressionnant. Aux Pays-Bas, j’ai joué contre des équipes comme l’Ajax alors que je venais de commencer ma carrière (en professionnel), là c’était impressionnant. Mais de la Ligue 2 à la Ligue 1, oui il y a une petite étape à passer, mais ça ne m’a pas choqué. Pour moi, je le répète, c’est surtout une question de temps de jeu. Quand tu joues dix minutes, c’est très dur. C’est ça que les gens ne comprennent pas parfois.

FM : en devenant joueur du FC Metz, par ricochet vous mettez fin à votre aventure de sept ans à Manchester City. Quel bilan en faites-vous ?

TA : j’en fais un bon bilan. Je suis arrivé très jeune, j’ai fini meilleur joueur avec les jeunes, meilleur buteur, j’ai gagné le championnat, j’ai fait un banc (en équipe première). J’ai énormément appris là-bas. Mon seul regret c’est de ne pas m’y être imposé. Je pense que j’ai eu ma chance à un moment et je me suis fait les croisés. Donc il n’y a même pas de vrai regret, quand tu te blesses c’est comme ça. Mais j’ai beaucoup appris et je sais que jusqu’à la fin de ma vie je pourrais dire que j’ai joué à City. C’est beau !

FM : si la porte s’ouvre à nouveau…

TA : (Il coupe et se répète trois fois ) : Bien sûr ! Au fond de ma tête il y a ça.

FM : sur quels points pensez-vous que ces années vous ont fait évoluer ?

TA : la langue mais aussi la manière de voir le football… J’aime jouer un football avec de la possession et c’est en grande partie grâce à eux. Dans tout ce que je fais maintenant je recherche un jeu de possession et j’essaie de mieux comprendre pourquoi c’est important. Dans l’aspect tactique et mental j’ai beaucoup appris.

FM : et pourquoi, selon vous, c’est important d’avoir la possession ?

TA : déjà, dans la tête de l’adversaire, le match va être long. Quand tu démarres dans une tactique où tu n’as pas la balle, tu sais que tu vas subir le jeu. Et puis on joue au foot pour toucher le ballon. Attention il y a des équipes qui défendent super bien mais moi j’aime toucher la balle, redoubler les passes.

FM : vous aviez expliqué que lors de votre première rencontre avec Guardiola, vous aviez essayé de l’impressionner et qu’il vous avait rassuré en vous disant qu’il avait regardé des vidéos sur vous et qu’il vous faisait confiance. Comment s’est passé la suite de votre cohabitation ?

TA : j’étais un jeune. Il m’a dit de prendre de l’expérience en prêt. City ce n’est pas un club qui ferme les portes. Je sais que si tu fais une très bonne année, c’est un club qui peux te racheter.

FM : qu’est-ce qui vous a marqué dans ce club ?

TA : pour moi, jouer dans ce genre d’équipe, c’est être une superstar. Jouer en Ligue 1, tout ça, c’est être un bon joueur professionnel, mais jouer dans une grande équipe c’est être une superstar mondiale. C’est quelque chose de différent. C’est un autre football pour moi.

FM : en 2017 vous nous confiez vouloir tout faire pour retrouver les Bleus. Qu’est-ce qu’il manque aujourd’hui ?

TA : déjà il manque des buts (rires), des passes, d’être décisif. En Ligue 1, ça peut aller très vite. Tu fais une super saison avec des buts et tout de suite on parle de toi. J’en suis encore très loin mais pour retrouver les Bleus il faut que je sois décisif.

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