Challenger Pro League

Kays Ruiz-Atil, l’itinéraire chaotique d’un talent gâché prédit par Ángel Di María

À seulement 23 ans, Kays Ruiz-Atil incarne déjà un paradoxe du football moderne : celui d’un immense talent qui n’a pas su franchir le cap entre promesse et professionnalisme. Star précoce de la Masia, encensé au PSG, passé par le Barça et Auxerre, le milieu franco-marocain tente aujourd’hui de se reconstruire dans l’anonymat relatif de la D2 belge. Un destin que certains, comme Ángel Di María, avaient prédit bien avant la chute.

Par Josué Cassé
3 min.
Kayz Ruiz avec le PSG face à Lens en Ligue 1 @Maxppp

Déception, échec, chute libre, frustration… Les qualificatifs définissant la trajectoire de Kays Ruiz-Atil sont, aujourd’hui, nombreux. Né à Lyon en août 2002, ce dernier est pourtant repéré dès son plus jeune âge par les recruteurs du FC Barcelone. Rejoignant la prestigieuse Masia à 7 ans, où il côtoie les futures stars Ansu Fati ou Gavi, Ruiz-Atil se distingue rapidement. Sa technique épurée, son aisance balle au pied et sa vista font de lui un phénomène. Surnommé 'le nouveau Messi’, il semble promis à un avenir radieux mais en 2015, un premier coup d’arrêt administratif précipite son départ. Le Barça, sanctionné par la FIFA pour irrégularités dans le recrutement de mineurs, est contraint de le libérer. Le PSG s’empresse alors de l’accueillir dans ses rangs.

La suite après cette publicité

L’ascension manquée au PSG

À Paris, Ruiz-Atil continue de briller avec les jeunes. En 2020, sous Thomas Tuchel, il fait même ses débuts en équipe première, au milieu des stars Neymar, Mbappé ou Di María. Le potentiel est indéniable, mais l’histoire tourne court. En refusant de prolonger son contrat, il s’attire la défiance du club et est rapidement écarté du groupe professionnel. L’été suivant, Ruiz-Atil opte finalement pour un retour symbolique au FC Barcelone. Mais cette fois, il ne rejoint que l’équipe réserve et les espoirs sont vite douchés.

La suite après cette publicité

Problèmes disciplinaires, manque d’implication, blessures, tensions avec l’entraîneur Sergi Barjuan… en mai 2022, son contrat est alors résilié à l’amiable. Le début de ce qui ressemblera bientôt à une lente descente aux enfers. En juin 2022, l’AJ Auxerre lui tend la main mais là encore, l’intégration tourne à l’échec. Ruiz-Atil ne joue qu’un seul match officiel, contre Lyon, son club formateur. Le reste du temps, il végète avec la réserve, dans un climat tendu avec l’entraîneur Christophe Pélissier. En juillet 2023, il finit par quitter le club et Auxerre évoque une résiliation du contrat, tandis que le joueur affirme avoir lui-même demandé à partir. Il dénonce même un traitement injuste, se disant mis à l’écart «sans raison valable».

Le verdict sans appel de Di María

Au-delà des faits, un témoignage revient aujourd’hui avec force. Dans un podcast récent, l’ancien Parisien Ángel Di María confiait ainsi une anecdote révélatrice. Alors que Ruiz-Atil venait à peine d’intégrer le groupe pro, l’Argentin aurait soufflé à Ander Herrera, alors impressionné par le niveau du jeune parisien : «oublie, regarde sa voiture, regarde comment il s’habille. Regarde sa chemise Dior. Crois-moi, tu verras». Un avertissement que beaucoup ont ignoré à l’époque. Pour l’Argentin, les signes étaient pourtant déjà là : une mentalité décalée, un goût pour les apparences, et une absence de recul sur les exigences du très haut niveau.

La suite après cette publicité

Après une année dans l’ombre, Ruiz-Atil a finalement trouvé refuge en mai 2024 chez les Francs Borains, club modeste de deuxième division belge. Une destination inattendue, mais peut-être salutaire. Dans une interview récente, le franco-marocain reconnaissait d’ailleurs ses erreurs du passé : «j’ai fait des erreurs de jeunesse. Je les ai comprises. Je veux repartir de zéro». Avec déjà quelques bonnes prestations sous ses nouvelles couleurs, le natif de Lyon tente de prouver que tout n’est pas perdu. À 23 ans, le polyvalent milieu de terrain n’a pourtant plus vraiment le droit à l’erreur.

L’exil en Belgique, le dernier espoir

Sous contrat jusqu’en juin 2026 avec l’écurie belge, Kays Ruiz-Atil a conclu la saison dernière avec 4 buts et 5 passes décisives en 22 matches toutes compétitions confondues. Depuis la reprise, l’ancien Parisien n’a toutefois pas le même rendement : 86 petites minutes de jeu, 3 entrées en jeu et pas grand-chose à se mettre sous la dent. Reste désormais à savoir si, loin du tumulte des grands clubs, le numéro 11 de Francs Borains, pointant actuellement à la 9e place du classement, trouvera enfin la régularité nécessaire pour redevenir ce qu’il n’aurait peut-être jamais dû cesser d’être : un joueur de football avant tout.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Copié dans le presse-papier