Liga

Pourquoi la Liga a dépensé la somme ridicule de 26 M€ cet hiver

Le peu d’argent dépensé par les écuries espagnoles cet hiver interpelle, forcément. Mais il ne faut pas forcément tirer un constat alarmant sur la situation du championnat ibérique, loin de là. Explications.

Par Max Franco Sanchez
4 min.
Bellingham et Baldé lors du Clasico @Maxppp

26 millions d’euros. C’est la somme dépensée par les 20 clubs de Liga cet hiver. C’est moins que la D2 allemande par exemple, sachant qu’en plus, la moitié de ces 26 millions d’euros est partie sur un joueur, Cucho Hernandez, le nouvel attaquant du Betis. Une situation qui peut être vue comme une catastrophe par certains - et ce mercato rachitique fait d’ailleurs beaucoup parler chez nos voisins - mais qui a de nombreuses explications. Forcément, la première raison se situe du côté du règlement de la Liga et de son fair-play financier très strict, qui empêche les clubs de vivre au-dessus de leurs moyens. Généralement, les clubs ont l’habitude d’atteindre leur plafond salarial et de dépenser tout l’argent que leur permettent les règles de la Liga lors du mercato estival. Sauf ventes, ils n’ont donc pratiquement pas de marge ni de pouvoir d’achat pour l’hiver.

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Justement, si la Liga n’a pratiquement pas dépensé, c’est aussi parce que ses clubs n’ont pas connu de départs majeurs. 46 millions d’euros sont entrés dans les caisses des clubs au total, et il s’agit de départs de joueurs peu importants, à l’image de Tasios Douvikas, remplaçant au Celta vendu à Côme pour 14 millions d’euros, ou d’Assane Diao, aussi vendu au club italien pour 12 millions d’euros après n’avoir été titularisé qu’à deux reprises avec le Betis sur la première partie de saison. Vous l’aurez compris, si la Liga ne s’est pas vraiment renforcée, c’est aussi parce qu’elle ne s’est pas affaiblie.

Un mal pour un bien ?

Il faut aussi signaler que le marché hivernal est avant tout un mercato où on "répare" et où on saisit d’éventuelles opportunités. Le Betis l’a par exemple fait avec Antony, arrivé de Manchester United en prêt, ou Villarreal avec Tajon Buchanan. Mais généralement, les clubs de Liga qui ont du pouvoir d’achat n’avaient pas forcément besoin de se renforcer, ou ont volontairement choisi de ne pas le faire. Les 3 gros n’ont ainsi pas fait venir le moindre joueur, et des clubs qui ont aussi des possibilités financières assez importantes comme la Real Sociedad, l’Athletic ou Villarreal sont aussi restés calmes, ayant déjà des effectifs plutôt solides et complets.

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Avec son contrôle financier, la Liga vise à ce que ses clubs soient plutôt sains et surtout, qu’ils ne dépendent pas des ventes de joueurs pour pouvoir vivre, et ensuite recruter. Un objectif qui commence à se concrétiser, et comme le rapporte El Mundo, en l’espace de quatre ans seulement, les sommes récoltées par la vente de joueurs ont diminué de 50%, preuve que la Liga parvient, de plus en plus, à conserver ses talents, d’où les faibles ventes cet été encore. Même s’il y a encore certains mauvais élèves, les clubs espagnols sont aujourd’hui plutôt sains financièrement, ce qui n’était pas encore le cas il y a une dizaine d’années. Et c’est, en partie, à cause de ce fair-play financier qui bride un peu les équipes sur le mercato. Ne pas dépenser ne veut pas forcément dire pauvreté ou crise financière.

La sélection en profite

Le fait que les clubs de Liga n’aient pas recruté n’est donc pas une fatalité - du moins pour la plupart d’entre eux - et cette austérité est voulue, faisant partie d’un plan sur le long terme pour rendre les clubs de Liga de moins en moins dépendants de facteurs extérieurs comme le mercato pour survivre. C’est aussi une très bonne opportunité pour les jeunes joueurs, et les récents succès de l’Espagne mais surtout de ses équipes de jeunes, avec le titre aux JO et à l’Euro U19 cet été, s’expliquent clairement par la volonté de sortir des joueurs des centres de formation. Si certains clubs misaient déjà énormément sur l’académie et ont toujours donné leur chance aux jeunes, ces mesures restrictives et cette politique d’austérité ont poussé d’autres équipes, parfois sous la contrainte, à devoir en faire de même.

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Il y a de plus en plus de jeunes Espagnols lancés dans le grand bain, et forcément, plus de marge de progression pour ces jeunes et plus de potentiels joueurs ibériques de qualité pour les sélectionneurs nationaux. Bien entendu, comme d’habitude, il faut un peu nuancer et cette politique assez restrictive pourrait aussi, à terme, porter préjudice aux formations espagnoles, notamment dans les compétitions européennes. Tout comme certains clubs, pour des raisons différentes, restent dans une situation financière compliquée, à l’image de Valence ou de l’Espanyol, alors que d’autres clubs comme Séville, historiquement très friands du trading de joueurs, peinent à s’adapter à ce nouveau contexte plus paisible en termes de mercato. Mais globalement, il n’y a pas matière à s’inquiéter…

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