Habib Habibou : « il y a plus grave que le football actuellement »

Par Dahbia Hattabi
7 min.

À bientôt 33 ans, Habib Habibou a déjà pas mal bourlingué dans sa carrière. Depuis quelques semaines, l'attaquant a posé ses valises en Roumanie puisqu'il a rejoint le club de Poli Iasi. Contacté par Foot Mercato, il évoque sa saison et ses objectifs. Celui que l'on surnomme "Superbibou" a aussi raconté son quotidien, lui qui est actuellement confiné en Roumanie en raison de l'épidémie de coronavirus. Entretien.

**Foot Mercato : cet hiver, vous avez vécu un mercato agité et vous avez finalement quitté Lokeren. Comment en êtes-vous arrivé à prendre cette décision ?

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Habib Habibou** : suite à ma grosse blessure, qui m'avait éloigné des terrains pendant plus de dix mois, ce n'était pas évident de pouvoir rebondir. J'ai eu l'opportunité de pouvoir me refaire une santé en Belgique. C'était le moment idéal, dans un bon club qui plus est. Il avait été racheté et il y a eu beaucoup de problèmes de salaires, de gestion administrative, etc... C'était vraiment compliqué et c'était difficile de pouvoir jouer et s'épanouir en ayant du temps de jeu quand tout était dans le rouge dans le club. Donc en accord avec le club, j'ai décidé de prendre un nouveau départ. J'ai longuement réfléchi. Et puis j'ai échangé avec Mircea Rednik, que j'avais connu en Belgique. Il m'a sollicité pour venir l'aider ici, en Roumanie. Il m'a exposé son projet qui était très intéressant. Dès que je suis arrivé ici, j'ai repris le rythme et je me suis épanoui. Sur les quatre derniers matches, l'équipe était sur de bons rails. On restait sur trois victoires et on était aussi qualifiés pour les demi-finales de la coupe nationale avec, peut-être, au bout une place qualificative pour la Ligue Europa. Le challenge était bon et tout se passait bien jusqu'à l'épidémie.

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**FM : plusieurs clubs étaient intéressés par vous cet hiver, mais vous avez fait le choix de rejoindre le club de Poli Iasi. La présence du coach ainsi que le projet proposé ont-ils fait pencher la balance ?

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HH** : oui, effectivement le coach a fait pencher la balance. Quand tu as besoin de temps de jeu, c'est mieux d'aller avec quelqu'un qui te connaît, qui t'a déjà mis en selle et fait briller. Pour moi, c'était très important. Il me connaît, sait comment me faire jouer. Je savais qu'avec lui j'allais avoir du temps de jeu et c'est ce qu'il me fallait. C'est très important pour un footballeur de pouvoir jouer. Tu dois faire des concessions et des sacrifices pour pouvoir le faire. Donc tant que tu as l'opportunité d'évoluer en D1 et de te montrer, c'est important. Ici, on me donne cette opportunité. Je suis vraiment satisfait d'avoir fait ce choix.

**FM : vous connaissiez déjà le championnat roumain puisque vous avez évolué par le passé au Steaua Bucarest. J'imagine que cela a pesé au moment de faire votre choix. Que pensez-vous de cette ligue ?

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HH** : c'est un bon championnat. Quand j'étais plus jeune, j'ai évolué ici avec le Steaua Bucarest, qui est le plus grand club roumain et qui a déjà gagné la Ligue des Champions. C'est quand même un club phare. Je connais pas mal de clubs ici. Je suis arrivé dans un pays que je connais un peu et donc l'adaptation a été plus facile que si c'était un autre pays. C'est aussi pour ça que j'ai fait le choix de revenir ici. De plus, ça me convenait car je restais en Europe et j'étais à deux heures de Paris et Bruxelles. C'était pas mal aussi.

**FM : que pensez-vous de votre saison jusqu'à présent ?

HH** : ça se passait très bien sur le plan professionnel et au niveau de l'état d'esprit. Je pense que j'apportais un plus. Sur les trois matches où le coach a fait appel à moi, j'ai su répondre présent. C'est vrai qu'il me manquait un peu de coffre. On était en train de travailler dessus. Durant cette trêve, on va prolonger ce travail pour récupérer le cardio.

**FM : vous allez avoir bientôt 33 ans (il les aura le 16 avril, ndlr) et vous êtes un joueur expérimenté. Sentez-vous à présent qu'on attend de vous que vous occupiez ce rôle de grand-frère ou de conseiller pour les jeunes ?

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HH** : à présent, je prends plus de responsabilités, en sachant que quand je suis arrivé ici, ils savaient que c'était un nom qui arrivait dans le vestiaire avec une certaine expérience. Il y a des joueurs ici qui ont toujours évolué en Roumanie et qui ne connaissent pas le très haut niveau. Donc tu dois leur apporter un plus, leur dire que ça, ça peut être bien et que ça en revanche non. Il y en a qui écoutent, d'autres qui n'écoutent pas. Le plus important est de faire le nécessaire, de se faire comprendre et d'être correct et droit avec tout le monde. Quand tu es comme ça, tu te fais respecter.

Habibou raconte son confinement en Roumanie

**FM : en ce moment, le football est en pause en raison de l'épidémie de coronavirus. En Roumanie, l'état d'urgence a été décrété. Quelles mesures ont été prises ?

HH** : l'état d'urgence a été décrété ici par le Président de la République, un peu comme chez vous en France. Nous, on est confinés ici. Comme je venais d'arriver, je suis à l'hôtel. On ne peut pas bouger. Je pense que c'est une bonne chose avec tout ce qui se passe. En Europe, on a un peu du mal. Mais c'est juste une question de respect des consignes. Si tout le monde écoutait, on n'en serait peut-être pas à ce stade. Les Européens, on est un peu têtus, on ne veut pas écouter. Quand on dit "restez chez vous", il faut rester chez soi, ce n'est pas compliqué. Il ne faut pas être stupide, écouter et rester chez soi pour profiter de sa famille. Il ne faut pas être égoïste. Il faut écouter et espérer que le plus grand nombre s'en sorte.

**FM : personnellement, comment vivez-vous la situation ? Comment vos journées s'organisent-elles ?

HH** : ici, le championnat est suspendu jusqu'au 22 avril. Mais cela peut se prolonger. C'est un peu compliqué. La semaine prochaine, il est possible qu'on reprenne l'entraînement mais il n'y a rien de certain. Le club s'organise bien car on a un programme individuel. Les docteurs passent nous rendre visite pour voir si on fait bien les programmes. Je suis à l'hôtel, donc j'ai la possibilité d'accéder à la salle de fitness et à la piscine. On est des joueurs de football professionnel, donc c'est à chacun de prendre ses responsabilités. Il faut s'entretenir. Tu ne peux pas rester comme ça à ne rien faire ou attendre que quelqu'un te dise de faire quelque chose. Il faut prendre les devants aussi. Donc si tu le fais, tout va bien. Le club prend aussi les devants mais c'est aussi à nous d'anticiper pour prendre nos propres responsabilités.

**FM : vous avez signé un contrat de 6 mois, assorti d'une option pour une année supplémentaire. La situation actuelle vous inquiète-t-elle pour votre avenir ou vous ne pensez pas à ces détails ?

HH** : pour l'instant tout se passe bien, mais il y a plus grave actuellement que le football. Donc on va laisser l'option de côté et s'intéresser surtout à la santé et au fait que tout se passe bien. Après, on pourra reprendre le football et notre passion. Il y a d'autres priorités actuellement. Je ne suis pas inquiet de ce côté-là. Le plus inquiétant, c'est la santé et si tu n'as pas la santé tu ne peux pas jouer, donc il faut se conduire de manière vigilante.

**FM : comment occupez-vous votre temps libre en dehors des séances de sport ?

HH** : c'est Prison Break en ce moment chez moi (rires). C'est le confinement total. Je regarde Netflix, la télé, des films… Comme il n'y a plus de foot, on s'occupe autrement. C'est la purge totale. Tu fais ton sport, tu rentres chez toi et tu regardes la télé. J'ai ma famille par téléphone, ils sont actuellement à Porto Rico. Ils me manquent beaucoup mais je suis rassuré qu'ils soient là-bas. Je vois aussi cette période comme l'opportunité de forger des liens avec sa famille et ses proches avec lesquels les liens n'étaient peut-être pas aussi forts. C'est un mal pour un bien. Il faut aussi tirer le positif de cette situation.

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