Real Madrid-OM : les notes du match
Malgré un Rulli en feu, l’OM a cédé sur deux penaltys sifflés en faveur du Real Madrid. Un scénario cruel alors que les Olympiens avaient réussi à prendre l’avantage. Voici les notes du match.
De retour en Ligue des Champions après deux ans d’absence, l’Olympique de Marseille débutait sa campagne européenne par le plus gros choc possible : face au Real Madrid, vainqueur de l’épreuve à 15 reprises. Pour ce match, Roberto De Zerbi devait se passer notamment de Nayef Aguerd. L’Italien alignait un onze de départ inédit avec un quatuor Pavard-Balerdi-Medina-Emerson en défense et un bloc compact derrière avec la surprise O’Riley dans l’axe, derrière Pierre-Emerick Aubameyang. En face, Xabi Alonso affichait un énorme choix fort en installant Vinicius Junior sur le banc de touche, remplacé par Rodrygo. Pour le reste, c’était du classique avec Courtois dans les cages, Alexander-Arnold, Huijsen, Militão et Carreras en défense, le trio Tchouameni, Güler, Valverde au milieu et donc Rodrygo devant, aux côtés de Kylian Mbappé et du jeune Argentin Franco Mastantuono. L’autre choix fort de la composition du coach merengue.
Sans surprise, les Merengues ont rapidement pris le contrôle de la rencontre. Depuis l’arrivée de Xavi Alonso sur le banc madrilène, la Casa Blanca opère désormais un pressing plus intense sur ses adversaires et l’OM l’a bien constaté. Acculé aux abords de sa surface et obligé de tenter des relances compliquées pour s’en sortir, le club olympien s’est mis sous pression dès la deuxième minute quand une reprise acrobatique de Mbappé sur un ballon mal renvoyé d’Hojbjerg est venue frôler le poteau de Geronimo Rulli (2e). Dans la foulée, le gardien argentin y allait de son contrôle de balle raté juste devant sa ligne de but, sur une passe de son défenseur (2e). Asphyxié, l’OM a vu Trent Alexander-Arnold sortir sur blessure dès la 4e minute, mais cela ne changeait rien à son calvaire. Balerdi enchaînait les relances ratées, pendant que ses coéquipiers perdaient le ballon trop rapidement. Les vagues d’attaque madrilènes se sont logiquement succédé, mais l’OM pouvait compter sur son dieu protecteur, Rulli. Si les tentatives adverses étaient généralement sur lui, l’Argentin a quand même répondu présent face à Rodrygo (8e, 10e), Mbappé (10e, 21e) et Güler (15e), quand il n’était pas sauvé par son poteau sur une incursion du jeune Mastantuono (6e). Fébrile, la défense phocéenne semblait ne plus avoir beaucoup de minutes à vivre avant de s’écrouler. Mais le football reste un sport où des miracles peuvent se produire.
Rulli, héros malheureux
Incapable de rivaliser avec le Real Madrid dans le jeu, l’OM a su faire déjouer les pronostics en contre. Après une frappe enroulée dangereuse (14e), Timothy Weah, qui a été le Phocéen le plus dangereux des 45 premières minutes, a su profiter d’un bon ballon cité à Güler par Greenwood pour aller climatiser le Bernabéu (0-1, 22e). Le scénario était improbable et l’Américain a même eu l’occasion d’obliger Thibaut Courtois à la parade sur une frappe lointaine (26e). Malheureusement, le hold-up olympien n’a pas duré longtemps. Sur un rush de Rodrygo, Kondogbia provoquait un penalty stupide cinq minutes après l’ouverture du score des siens. Une occasion que Mbappé n’a pas manqué de transformer (1-1, 28e). Rassuré, Madrid reprenait sa domination, mais encore une fois, Rulli veillait au grain sur des tentatives de Mastantuono (30e, 45e), Tchouameni (33e) et Mbappé (41e). Un héros puisque, selon Opta, «Rulli a réalisé dix arrêts lors de la première période, aucun gardien n’en a compté plus sur une période (première ou seconde) de Ligue des Champions depuis qu’Opta l’analyse (2003/04)». Un incroyable manque d’efficacité merengue dont l’OM aurait une nouvelle fois pu profiter si Aubameyang n’avait pas manqué son duel face à Courtois (39e). À la mi-temps, les hommes de Roberto De Zerbi pouvaient avoir quelques regrets, mais ils se savaient aussi chanceux de rentrer au vestiaire avec ce score de 1-1.
Au retour des vestiaires, on pensait voir un Real Madrid désireux de sceller le sort de la rencontre le plus rapidement possible après une première période mitigée. Mais il faut croire que la chance n’était pas avec eux ce soir. Mbappé a vu une frappe anodine être déviée par Aubameyang et finir sur la barre transversale de Rulli (50e). Quatre minutes plus tard, le Bondynois se faisait sérieusement secouer par Balerdi, sans pouvoir obtenir de penalty (54e). De leur côté, les Phocéens tiraient rapidement la langue, mais ils n’étaient plus soumis au pressing intense des Merengues toujours aussi peu rassurants derrière. Résultat : Aubameyang et Greenwood ont eu une nouvelle fois l’occasion de faire briller Courtois (57e, 59e). Peu après l’heure de jeu, Xabi Alonso tentait de redynamiser son attaque en remplaçant Mastantuono et Rodrygo par Brahim Diaz et Vinicius Junior. Victimes de crampes, les Marseillais pouvaient trembler, pensait-on. Quelques minutes plus tard, Carvajal pétait un plomb et venait asséner un coup de tête à Rulli, provoquant son expulsion (71e) quelques instants après un croyable sauvetage d’Emerson sur sa ligne (68e). En supériorité numérique, l’OM pensait alors tenir un gros coup, d’autant que Rulli repoussait une énième frappe madrilène (79e). C’était sans compter sur une décision de l’arbitre de siffler un penalty en faveur des Merengues après un tacle de Medina sur Vinicius Jr. Une main qui fera sans doute parler à l’issue du match. Il n’en fallait pas plus à Mbappé pour s’offrir un doublé, même si Rulli aurait pu être définitivement le héros de ce match, car l’Argentin a touché la tentative du Français (2-1, 81e). Marseille a bien eu quelques occasions d’égaliser par Greenwood (86e, 90e), mais la lucidité a fait défaut à des Olympiens complètement exténués. L’OM perd pour son grand retour en C1, mais l’exploit était tout proche. De son côté, Madrid assure l’essentiel, mais la Casa Blanca version Xabi Alonso n’a pas spécialement impressionné.
L’homme du match : Geronimo Rulli (8,5) : on passera sous silence ses deux contrôles ratés qui ont fait passer un frisson de terreur chez les supporters marseillais, car le reste a été fabuleux. 11 tirs cadrés en première période pour le Real Madrid, mais Rulli était là pour tout détourner. Mbappé l’a battu sur penalty, mais a buté à deux reprises sur le portier, qui a aussi été très vigilant sur les frappes lointaines. 10 arrêts en première période, un record, et encore décisif après la pause. Il a même obtenu l’expulsion de Carvajal, qui a dégoupillé en lui mettant un petit coup de tête. Battu à nouveau sur un penalty de Mbappé, il n’aura rien à se reprocher.
Real Madrid :
- Courtois (4,5) : s’il n’a pas eu autant de travail que son homologue marseillais, le portier belge a tout de même dû s’appliquer à plusieurs reprises, notamment sur une tentative lointaine de Weah (26e). Sur le but de l’Américain, quatre minutes plus tôt, il serait mesquin de dire que l’ancien de Chelsea pouvait faire mieux.
- Alexander-Arnold (non noté) : sorti sur blessure à la 5e minute de jeu, il a été remplacé par Carvajal (2). Le vétéran espagnol a plus brillé par ses excès d’engagement et ses vices sur le terrain que par ses qualités de footballeur, comme ce coup de coude sur Kondogbia peu après le quart d’heure de jeu. Coupable d’un coup de tête sur Rulli, il a logiquement écopé d’un carton rouge direct après que l’arbitre a été appelé à visionner les images du VAR (72e). Quelques minutes plus tôt, il avait failli renverser le score grâce à une déviation subtile à la suite d’un corner.
- Militao (3) : le Brésilien a été en retard dans la plupart des actions qu’il a dû gérer, à l’image de la frappe de Weah, qui a terminé sa course au fond des filets (22e). Il a aussi perdu un duel physique important contre Aubameyang (39e). En voulant jouer l’homme plutôt que le ballon, il a laissé l’ancien joueur d’Arsenal et de Dortmund passer devant lui et frapper sur le filet extérieur de la cage de Courtois. Averti d’un carton jaune à la 54e, sur une autre intervention en retard.
- Huijsen (4) : connu pour sa qualité technique supérieure à la moyenne pour un défenseur central, le joueur de 20 ans s’en est bien mieux sorti que son compère brésilien, même s’il s’est retrouvé, malgré lui, assez loin des actions dangereuses de l’équipe de Roberto De Zerbi. Sa passe vers Güler, juste avant la perte de balle menant au but marseillais, n’était pas bien sentie (22e).
- Carreras (5) : sûrement l’élément le plus solide du quatuor défensif. Très offensif en entame de match, il a combiné plusieurs fois avec Rodrygo et Mbappé sur le côté gauche merengue. Avec un centre dévié par la défense marseillaise, c’est lui qui est à l’origine du retourné acrobatique de Mbappé à la 2e minute. Son influence offensive a toutefois diminué au fil des minutes.
- Tchouaméni (3,5) : très en forme ces dernières semaines, que ce soit avec la Casa Blanca ou l’équipe de France pendant la trêve, il a livré une prestation plus que quelconque, ne remportant aucun des cinq duels au sol disputés Averti d’un carton jaune à la 35e minute.
- Valverde (4,5) : dans ces matchs où les Madrilènes manquent d’efficacité, le capitaine apparaît souvent pour réveiller ses coéquipiers avec une frappe de loin. Cette fois, l’Uruguayen n’a pas testé une seule fois les gants de Rulli, pourtant très sollicité. Il s’est montré (un peu) plus utile pour contenir les attaques marseillaises.
- Güler (4,5) : malgré les espaces laissés par Marseille dans l’axe, l’ancien de Fenerbahçe n’a pas fait assez de différences, ni balle au pied ni par la passe. C’est aussi lui qui est à l’origine du but marseillais, en se faisant subtiliser le ballon par Greenwood, qui sert ensuite Weah dans la profondeur. À la pause, l’international turc n’avait remporté que 4 de ses duels au sol. Sa frappe lointaine à la 45e+1, passée juste au-dessus de la barre, prouve aussi qu’il n’a pas tout fait pour se rapprocher de la surface adverse. Remplacé par Asencio (73e).
- Mastantuono (5,5) : on l’a connu moins tranchant et plus discret en Liga. Face à l’OM, l’Argentin de 18 ans a montré beaucoup de personnalité, multipliant les dribbles sur son côté et se procurant plusieurs occasions franches, comme ce poteau trouvé sur un tir du bout du pied (6e), ou ce slalom dans un mouchoir de poche avant que Rulli ne s’empare du ballon (30e). Il peut surtout s’en vouloir d’avoir manqué de conviction à la 45e+3, alors qu’il était absolument seul dans la surface après un décalage intelligent de Mbappé. Malgré tout, une prestation encourageante pour la suite de son aventure madrilène. Remplacé par Brahim Diaz (63e).
- Mbappé (6,5) : aligné en pointe de l’attaque madrilène, il a fait trembler la défense marseillaise dès les premières minutes : d’abord avec une reprise acrobatique passée tout près du cadre 70 secondes après le coup d’envoi, puis avec une frappe puissante repoussée par le bras ferme de Rulli (10e). Il a parfaitement transformé les deux penalties, obtenus par Rodrygo puis Vinicius. On peut néanmoins lui reprocher un manque d’efficacité tout au long de la rencontre.
- Rodrygo (5,5) : comme depuis le début de la saison, le Brésilien n’a pas été adroit devant le but – en témoigne cette « passe » à Rulli après un rush individuel (9e) –, mais il a le mérite d’avoir mis à mal le côté droit de l’OM, surtout en début de match, profitant du manque de solidarité défensive de Greenwood et de la lenteur de Pavard. Il a aussi exploité la naïveté de Kondogbia pour obtenir un penalty après un énième crochet du droit. Remplacé par Vinicius Jr. (63e), qui a obtenu le second penalty.
OM :
- Rulli (8,5) : lire ci-dessus.
- Pavard (6,5) : positionné latéral droit ce mardi soir par De Zerbi, l’international français a montré qu’on pouvait compter sur lui. Si Rodrygo l’a parfois déstabilisé, il n’a pas démérité, affichant une solidité intéressante. Quelques scories dans les relances toutefois et une entente à affiner avec le reste de la défense sur le placement. Mais une performance qui prouve que son expérience est une denrée rare et appréciable pour son club. Remplacé par Egan-Riley (87e).
- Balerdi (5) : « calme », disent ses bras après chaque action. Mais il donne pourtant toujours l’impression d’être dépassé par les événements, jamais sur les points chauds. Il s’est fait balader à plusieurs reprises. Mais c’est encore une fois sa qualité de relance qui pose question, avec 4 ballons rendus dans l’axe en première période. Beaucoup mieux après la pause, son intervention décisive devant Mbappé lui a donné confiance et il a enchainé plusieurs bonnes interventions. De quoi enfin lancer sa saison ?
- Medina (4,5) : moins fébrile que son partenaire de la défense centrale, la recrue estivale a joué sur ses points forts, même s’il a eu du mal à étaler son agressivité face à des attaquants aussi rapides et fuyants. Il est resté concentré mais a eu le malheur de toucher la ballon avec le bras sur un tacle sur Vinicius. Pas verni.
- Emerson (6,5) : la bonne surprise de la soirée. Fiable techniquement, au point physiquement, il s’est montré disponible, se recentrant lorsque son équipe tenait le ballon. Un sauvetage sur sa ligne (68e), et de bonnes interventions dans les duels. Très solide. Il a peut-être gagné ses galons de titulaire pour la saison. Remplacé par Murillo (77e).
- Kondogbia (5) : avec son expérience, il n’a pas le droit de commettre une telle faute dans la surface sur Rodrygo. Cela a gâché une bonne prestation jusque-là, puisque le milieu mettait l’impact nécessaire dans les duels pour faire mal à l’adversaire. Remplacé par Vermeeren (66e), dans le ton dans les duels mais parfois un peu trop facile avec le ballon.
- Höjbjerg (4) : il n’a que 30 ans et joue à un rythme de vétéran. Vouloir contrôler le tempo, pourquoi pas, mais à force de jouer aussi lentement, il met son équipe en difficulté, sur le reculoir. Reste son impact physique, utile.
- O’Riley (3) : titularisé en 10, sous Aubameyang, le Danois n’a pas laissé une grande impression. Lent, emprunté avec le ballon, il ne change jamais de rythme. Alors, oui, il a fait sa part dans le pressing, mais il a été introuvable dans le jeu. Remplacé par Paixao (66e), qui s’est positionné sur le côté gauche, et n’a pas tenté grand-chose, jouant un peu trop la sécurité.
- Greenwood (6) : sa qualité technique au-dessus de la moyenne a permis à son équipe de se montrer dangereuse. L’Anglais est à l’origine du but de Weah, avec une récupération de balle haute et une passe décisive bien dosée. Souvent critiqué la saison passée pour son manque d’implication défensive, il a fait le boulot ce soir, revenant aider Pavard sur les montées de Carreras. Il a un peu disparu en deuxième période, se signalant tout de même par une frappe sèche, détournée par Courtois (86e).
- Weah (7) : ses premiers pas avec l’OM avaient laissé perplexe. Ses premiers pas sur la pelouse du Bernabeu ont dévoilé un joueur impactant, prêt à aller au duel et à manger les espaces. Et il a été récompensé avec un très joli but sur l’ouverture du score olympienne. Un bel appel croisé et une frappe létale pour battre Courtois. Il a eu une deuxième cartouche en première période, a de nouveau cadré mais cette fois-ci, le gardien belge a détourné le cuir. Un bel investissement dans son couloir gauche, puis droit à l’entrée de Paixao. Remplacé par Gouiri (77e), pas inspiré.
- Aubameyang (4) : pas un match évident pour le Gabonais, avec Militao et Huijsen sur le dos. Il n’a pas vraiment réussi à bonifier ses ballons dos au but, mais a fait parler sa qualité technique sur quelques contres. Il a eu un ballon de but en première mais n’a pas cadré, et a tiré sur Courtois en deuxième période. Trop de déchet toutefois. Il est resté sur la pelouse jusqu’au bout, jouant principalement en déviation.
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