Violences dans les stades : l'énorme coup de gueule de Dimitri Payet

Par Maxime Barbaud
4 min.
Dimitri Payet victime d'un jet de projectile. @Maxppp

Dans une tribune diffusée par Le Monde, Dimitri Payet interpelle les joueurs, les dirigeants de clubs, les pouvoirs publics et les supporters à endiguer les phénomènes de violences bien trop présents dans les stades depuis le début de la saison.

Dimitri Payet vit une saison délicate. Sur le terrain pourtant, il se régale sous les ordres de Jorge Sampaoli. Malgré ses 34 ans, le meneur de jeu est en grande forme et assume toujours le rôle de leader technique de l'Olympique de Marseille. C'est sur les bords des pelouses que ça se complique pour lui, et ce n'est pas de son fait. Certes, il a toujours été un chambreur, y compris sur les réseaux sociaux, s'attirant les foudres des supporters adverses mais ça ne laisse pas l'autorisation à certains spectateurs de Ligue 1 de lui lancer directement des objets en tous genres. Par deux fois déjà, à Nice puis à Lyon, il a été touché par une bouteille d'eau venue des tribunes. À l'Allianz Riviera, cet événement avait même déclenché un envahissement du terrain par une cinquantaine de supporters venus en découdre directement avec les joueurs et l'encadrement olympien.

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Après ces premiers incidents, la commission de discipline de la ligue avait lourdement sanctionné le Gym : trois rencontres à huis clos, match à rejouer sur terrain neutre et retrait d'un point. Il y avait déjà de quoi être un peu dégoûté d'aller au stade et même de jouer. Mais quelques semaines plus tard pourtant au Groumapa Stadium, rebelote. Payet est la cible des supporters et reçoit en pleine tempe une bouteille d'eau remplie. Le match n'a plus repris. L'OL a depuis été sanctionné d'un point au classement et le match sera à rejouer à huis clos. L'affaire n'est pas terminée car on apprenait hier que l'OM souhaitait faire appel, alors que la responsabilité de Jean-Michel Aulas est pointée du doigt dans le rapport de M. Buquet, l'arbitre de la rencontre ce soir-là. Dès le soir même des événements, le président lyonnais multipliait les interventions médiatiques pour tenter de minimiser les incidents et donc la sanction qui allait en découler.

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Payet dit stop

Il y en a un que l'on n’a pas beaucoup entendu dans cette histoire, c'est la victime : Dimitri Payet. Le Réunionnais a décidé de briser le silence dans une tribune publiée sur Le Monde et dans laquelle il en appelle à la responsabilité de chacun, supporters, dirigeants, décideurs politiques. «Je veux rester digne, contrairement à ceux qui ont fait allusion au fait qu’après tout, je ne devais pas être "si blessé que cela". Ou encore, et ce sont parfois les mêmes, ceux qui voulaient que je reprenne ma place sur le terrain après avoir pris une bouteille en plein visage», glisse-t-il au début de ce plaidoyer, comme pour adresser un petit tacle à Aulas, lequel avait d'abord affirmé que la blessure n'était que superficielle. «J’ai été autant blessé par la bouteille que par l’impression d’être le responsable des violences et de l’arrêt du match. Je dis stop ! Y en a marre », répond Payet, avant de poursuivre.

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«J’en ai marre que chacun mette son grain de sel sans apporter le début d’une solution. Désolé, mais il faut le dire, ce n’est pas le préfet qui se trouve sur le terrain, ni le procureur, ni le délégué de la Ligue, ni les présidents de Nice, de Lyon ou de Marseille. Ce sont les joueurs, c’est nous qui morflons. Et en l’occurrence, c’est moi qui tire les corners. Je dois arrêter de les tirer ? Arrêter de jouer ? Dites-moi. Je suis surpris que les acteurs – le gouvernement, la ligue, les clubs – n’assument pas un peu plus leurs responsabilités, s'insurge le Marseillais. C’est une forme de démission collective insupportable. J’aimerais une responsabilité collective raisonnable. J’aimerais être considéré avant tout comme un joueur qui aime le jeu, le geste et la beauté de ce sport. J’aimerais pouvoir défendre mon idée du football sur toutes les pelouses de France sans me poser de questions, sans craindre de croiser le regard ou le geste de la haine.»

Un appel lancé aux joueurs

Dimitri Payet propose également une solution. Il demande à ses collègues joueurs de tous prendre la décision d'arrêter un match en cas de débordement, quel que soit sa nature, violence, racisme, jet d'objet. «Au prochain incident, quel que soit le stade et y compris l’Orange vélodrome, je voudrais voir les deux capitaines, les deux entraîneurs se réunir dans le rond central et décider de ne pas reprendre. C’est aussi aux joueurs désormais de prendre leurs responsabilités. Je sais que cela va faire blêmir les dirigeants de clubs, ceux du foot français et les diffuseurs, mais j’aimerais que cette idée fasse son chemin parce que ça suffit !» Ce crie du cœur du numéro 10 sera-t-il suffisant pour mobiliser les joueurs, les clubs, les pouvoirs publics et faire réfléchir certains supporters ? Ce début de saison nauséabond doit permettre aux différents acteurs de reprendre les choses en main pour que le football, reflet certain de la société, n'ait plus à souffrir de tous ces maux.

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