Mercato, avenir, soucis personnels… Didier Digard lâche ses vérités après le maintien miraculeux du HAC !
Maintenu sur le fil après une victoire arrachée à Strasbourg, Le Havre évoluera en Ligue 1 pour une troisième année consécutive la saison prochaine. Dans un entretien accordé au quotidien L’Equipe, Didier Digard, architecte de ce nouveau miracle, est revenu sur la folle saison des Ciel et Marine, sauvés sur le gong par une panenka d’Abdoulaye Touré.

Les Ciel et Marine peuvent exulter ! Tombeur (3-2) du Racing Club de Strasbourg, samedi soir, au bout du suspense, le club doyen - sauvé par une panenka d’Abdoulaye Touré au bout du temps additionnel - évoluera une nouvelle fois en Ligue 1 la saison prochaine, et ce pour la troisième année consécutive. Une victoire reléguant, par ailleurs, le Stade de Reims à la 16e place, synonyme de barrage face au FC Metz alors que l’Olympique Lyonnais, 6e et qualifié sur le gong pour la Ligue Europa Conférence, pourra, de son côté, remercier les Normands. Accueillis en héros par leurs supporters à l’aéroport d’Octeville, les hommes de Didier Digard ont quoi qu’il en soit enflammé cette dernière journée du championnat de France.
Un scénario complètement dingue
«J’avais une seule idée, c’est que le ballon entre au fond. J’ai posé le ballon, je savais que j’allais faire une panenka. Je me suis dit que pour l’histoire, ça peut être beau et qu’au pire, si je la rate, on va au barrage. Au final c’est rentré, tant mieux pour nous, tant mieux pour l’équipe et pour le club car cette saison a été palpitante. Finir sur cette note-là, je pense qu’il n’y a pas plus beau», confiait d’ailleurs Abdoulaye Touré, héros des Normands, après ce maintien miraculeux. Quelques heures plus tard, c’est finalement le coach du HAC en personne qui a pris la parole. Interrogé par le quotidien L’Equipe, Didier Digard est ainsi revenu sur cette ultime soirée décisive.
«Le scénario est dingue, tout notre parcours en réalité. La finalité de ce match est à l’image de notre saison tout simplement. Mais je n’ai jamais senti de doutes, c’est d’ailleurs assez inexplicable comme sentiment. Cela ne pouvait finir que comme ça, je l’avais dit dans la semaine, je l’ai répété à la mi-temps : "On se sauvera à la dernière minute du dernier match"». Sur son petit nuage, l’ancien technicien de l’OGC Nice - assurant qu’il n’en aurait jamais voulu à Abdoulaye Touré s’il n’avait pas marqué - a cependant profité de cette sortie médiatique pour détailler la saison agitée du club normand. «Le foot, c’est une aventure sur le plan humain, c’est créer un état d’esprit, faire progresser des jeunes. On y est parvenu, c’est ma plus grande fierté. On n’a pas fait de la magie, on a bien travaillé. Je me suis régalé en cette fin de saison. J’ai besoin d’aimer mes joueurs. Ce groupe, j’ai fini par l’aimer très fort».
Digard remercie sa direction et souligne l’état d’esprit de tout un club
Une aventure, malgré tout, semée de nombreuses embûches. Peu aidé par le contexte financier précaire de la formation havraise et devant composer pendant plusieurs mois avec un effectif (trop) conséquent, le successeur de Luka Elsner a ainsi du faire face aux critiques les plus acerbes, notamment en début de saison. «Je suis exposé, c’est normal. J’ai parfois été touché car c’est allé très loin. Mais les supporters ont toujours le droit de s’exprimer. Ça fait partie de notre histoire. J’ai toujours été jugé. Mais ce qui m’importe, c’est de convaincre mon groupe et de réussir l’objectif fixé», reconnaissait toutefois le tacticien de 38 ans. Relancé après un mercato hivernal où la direction sportive aura réalisé un énorme travail pour ajuster le groupe professionnel (plusieurs départs actés, l’arrivée de jeunes profils tels que Diawara, Mwanga mais aussi celle d’un buteur expérimenté avec Ahmed Hassan), le HAC concluait finalement cet exercice 2024-2025 sur une bien meilleure dynamique.
«Ils ont dû s’adapter à une nouvelle méthode alors qu’ils avaient créé une relation forte avec mon prédécesseur (Luka Elsner). Certains voulaient partir et sont finalement restés. C’était impossible de créer quelque chose avec un groupe aussi conséquent. Les déçus de mercato estival ne se sont jamais remis dedans. Le mois de janvier a permis de fixer un nouveau cap et recruter des garçons avec un état d’esprit irréprochable», confiait, à ce titre, Digard avant de mettre en avant la mentalité des Hacmens et de remercier sa direction pour le soutien indéfectible. «Humainement, on est le club le plus soudé de Ligue 1. Je ne peux même pas compter le nombre d’heures passées avec le président Roussier, avec Mathieu (Bodmer) pour trouver des solutions et faire avancer les choses. Cela a toujours été très positif. Ils ne m’ont jamais fragilisé. Ce soutien m’a porté, ce qui ne veut pas dire que je ne me suis jamais remis en question».
Une fin de saison mouvementée avant un mercato agité…
Fort de quelques ajustements tactiques payants, Didier Digard a finalement guidé ses troupes vers un maintien direct, le tout en devant «gérer des soucis personnels». «J’ai pris dix ans, c’est sûr (sourires). La lutte pour le maintien, c’est usant, épuisant. J’ai dû surmonter des soucis familiaux assez lourds et effectuer de nombreux allers-retours entre Le Havre et le Sud. Les gens oublient parfois qu’il y a un homme derrière un coach, qui peut avoir de gros soucis, autres que ceux de gagner un match». Soutenu par sa direction, proche de ses joueurs et animé par cette quête de maintien, le natif de Gisors restera finalement l’un des grands artisans de cette issue attendue par tout un peuple. Suffisant pour le conforter à son poste dans les mois à venir ? La tendance semble être à l’optimisme si l’on en croit les propos de l’ancien joueur du PSG.
«Comme chaque fin de saison, il faudra faire un point, se poser les bonnes questions. La question de mon avenir ne se pose pas car j’ai encore un an de contrat. Je suis bien au Havre mais, économiquement, le club souffre. Il n’y a aucune volonté d’un côté comme de l’autre de mettre fin à l’aventure. En revanche, on se doit de trouver la meilleure solution pour repartir du bon pied. On a un chantier énorme, plein de joueurs en fin de contrat et très peu de moyens. On ne pourra pas faire des miracles chaque année, ce n’est pas une recette». En quête d’une recette viable, Le Havre s’apprête désormais à vivre un mercato estival enflammé mais l’objectif reste le même : laisser tous les amoureux du Stade Océane dans l’élite du football français.
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