Liga

Atlético de Madrid : João Félix, dix rencontres de Liga pour faire taire les critiques

Arrivé contre la coquette somme de 126 millions d'euros l'été dernier, João Félix a essuyé quelques critiques ces derniers mois. Mais sont-elles vraiment justifiées ?

Par Max Franco Sanchez
5 min.
João Félix avec l'Atlético @Maxppp

« C’était mon doute quand il a signé pour eux (l'Atlético de Madrid, NDLR). Diego Simeone est un grand entraîneur, ses équipes sont très fortes, très compétitives, mais Joao Felix ne semble pas être le bon joueur pour eux. Dans une situation différente, nous verrions un grand João Félix. Ce sera un peu difficile et cela prendra plus de temps. Il devra se transformer en tant que joueur. S’il était allé dans une équipe comme le Real Madrid, il serait à un niveau plus élevé. Le contexte serait plus favorable pour lui ». Ces propos sont ceux de Carlos Carvalhal, prestigieux entraîneur portugais. Une prise de position largement partagée par de nombreux acteurs du monde du football (entraîneurs comme consultants) depuis la signature du petit prodige lusitanien pour le club de la capitale espagnole.

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Mais João Félix a-t-il vraiment fait le mauvais choix ? Tout d'abord, il s'agirait d'une erreur que de le voir comme le remplaçant d'Antoine Griezmann. Il l'est peut-être numériquement, mais il ne faut pas attendre du Portugais qu'il occupe le même rôle que le Français, du moins pas dès le début. Aligné en deuxième pointe, le champion du monde exerçait un dépassement de fonction considérable puisqu'il avait la casquette de playmaker et de buteur en même temps, sans parler de ses sacrifices défensifs. Concrètement, il faisait parfois le boulot de deux ou trois joueurs en même temps. Il ne serait donc pas cohérent d'exiger la même chose du Portugais, sachant que le Français avait lui aussi souffert lors de ses premiers mois à Madrid.

Le positionnement de Félix au cœur des débats

Les deux joueurs ont d'ailleurs des profils différents, puisque sur ce que l'on a vu des deux sous la tunique rouge et blanche, l'ancien de Benfica semble plus à l'aise lorsqu'il est aligné à droite mais qu'il a une liberté totale pour repiquer. Il peut ensuite combiner aux abords de la surface ou tenter de trouver des solutions pour que ses partenaires puissent conclure les actions. Griezmann, bien qu'aussi capable de servir ses partenaires et créer du jeu comme expliqué plus haut, était un joueur bien différent, avec un jeu plus vertical, misant bien plus sur les appels et les courses en profondeur, tout en ayant la surface comme zone préférentielle. Dès lors la production offensive n'est pas la même et c'est plus Angel Correa qui correspondrait à ce profil de remplaçant de Griezmann s'il fallait vraiment en désigner un. Comparer les lignes de stats des deux joueurs - ou du moins juger leur apport et leur production sur les chiffres (6 buts et 2 passes décisives en 27 rencontres TCC pour le Lusitanien) - n'a donc pas forcément de sens.

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Un petit problème se pose cependant dans la mesure où la position de João Félix est relativement hybride, alors que Diego Simeone impose une certaine rigueur tactique à ses troupes. Les seuls joueurs autorisés à vraiment décrocher sont les deux joueurs de pointe et si Félix a aussi été utilisé à ce poste, il n'a peut-être pas encore les qualités pour briller en vrai soutien d'un attaquant en Liga. Du moins dans la configuration actuelle de l'Atlético. « Il a plus d'options de créer du danger grâce à sa vision s'il est derrière deux attaquants. Tout le monde disait qu'il pouvait jouer en deuxième pointe quand il est arrivé ici et il aura plus d'options de jouer à ce poste avec le temps », résumait bien El Cholo plus tôt dans la saison.

Le style de l'Atlético, un vrai frein pour les joueurs offensifs ?

Quant aux analyses sur le style de l'Atlético, il est évident que pour un joueur offensif il est plus compliqué de briller dans cette configuration que sous le maillot de Liverpool ou de Manchester City par exemple. Peut-on en revanche dire que le système de Simeone bride les joueurs offensifs ? Il y a débat forcément, mais il convient de rappeler que des joueurs comme Diego Costa, Antoine Griezmann, Falcao et même des joueurs au profil plus similaire à celui de Félix comme Arda Turan et Diego Ribas ont atteint leur meilleur niveau sous les ordres du tacticien argentin. D'autres, comme Jackson Martinez, Nico Gaitan ou Gelson Martins ont en revanche eu énormément de mal. Concrètement, ce n'est pas forcément techniquement que le Cholo va faire progresser ses éléments offensifs. C'est plus dans la lecture du jeu, le positionnement, le QI foot et sur le plan mental qu'il permet à ses hommes de franchir un palier.

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Si on peut légitimement en attendre un peu plus, la première saison du Portugais avec sa nouvelle équipe est loin d'être désastreuse, et sur de nombreux matchs on a vu qu'il n'y a aucun doute à avoir sur son talent. Les amateurs de Liga ont ainsi déjà pu admirer sa vision du jeu et sa qualité technique, avec une relation plutôt fluide avec des joueurs comme Alvaro Morata. « Il fait une bonne saison, il s'est blessé, il n'a plus joué de la même façon, puis quand il est revenu contre Villarreal, Séville et Liverpool, sa saison est repartie. Il est jeune et on a espoir qu'il soit décisif pour l'équipe », expliquait Diego Simeone en conférence de presse. João Félix va avoir toute cette fin de saison pour prouver que l'Atlético de Madrid n'était pas forcément le mauvais choix, avec dix matchs de Liga et la suite de la Ligue des Champions.

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