OM : Olivier Ntcham, enfin l’heure de la confirmation

Par Hanif Ben Berkane
7 min.
Olivier Ntcham au duel avec Neymar lors d'un match Celtic-PSG @Maxppp

Arrivé à Marseille dans un contexte loin d’être idéal, Olivier Ntcham espère prouver en Ligue 1 et confirmer les espoirs placés en lui depuis son plus jeune âge. Il pourrait bien apporter un profil différent au milieu de terrain de l’OM.

Il n’a que 24 ans, mais la carrière de footballeur d’Olivier Ntcham a débuté il y a bien longtemps déjà. Passé par les équipes de jeune du Paris FC et du Havre surtout, il fait partie de ses jeunes joueurs qui se sont envolés très tôt, très vite vers l’étranger. En l’occurrence pour l’Angleterre et Manchester City. En rejoignant cet hiver l’Olympique de Marseille, le jeune milieu de terrain connaît donc le premier club français de sa carrière professionnelle. Formé chez les Citizens, forgé en Italie au Genoa, développé en Écosse au Celtic Glasgow, Ntcham pourrait bien être un élément intéressant pour la deuxième partie de saison olympienne. Si sa venue a été associée à la démission d’André Villas-Boas, il arrive aussi en tant que remplaçant d’un certain Morgan Sanson, parti du côté d’Aston Villa. Un remplaçant uniquement d’un point de vue numérique, car en réalité, le profil de l’ancien joueur de Manchester City ne ressemble presque en rien à celui de l’ancien Montpelliérain. C’est aussi, sans doute, l’une des raisons du désaccord entre Villas-Boas et la direction phocéenne.

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Dans un rôle très différent, Olivier Ntcham peut apporter un vrai plus au milieu marseillais sur la fin de saison et celles qui suivent. Un plus physiquement déjà, domaine dans lequel l’OM manque d’un joueur capable d’être explosif dans l’entrejeu et de casser les lignes grâce à une accélération. Trop souvent, l’OM n’a pas été en mesure de rivaliser avec des équipes pourtant inférieures parce qu’elle a perdu la "bataille du milieu". Des qualités qui semblent correspondre au natif de Longjumeau. « Sa capacité à toujours rester sur ses appuis, c’est bluffant. Il est assez explosif, il reste toujours debout. Il arrive à 18 ans chez nous et déjà pour lui prendre le ballon à l’entraînement, c’était compliqué. » se rappelle Issa Cissokho, défenseur international sénégalais qui l’a connu deux ans au Genoa (2015-2017). Un physique qui lui permet d'être utile offensivement lorsque l’équipe a le ballon puisqu’il peut être un véritable créateur d’occasions. Marseille, qui a souvent du mal à débloquer la situation dans ses matches et effectue toujours très peu de tir, pourrait compter sur sa nouvelle recrue pour dynamiser son jeu parfois trop stéréotypé, qui ne repose que sur des exploits d’un Florian Thauvin par exemple. « Quand tu l’as dans l’équipe, tu sais que tu peux compter sur lui pour prendre le jeu en main. Il a assez de vista pour faire les bonnes courses au bon moment, changer de côté avec de bonnes passes. Il a un gros volume de jeu, ça aide une équipe. » confirme Dedryck Boyata, l’un de ses anciens coéquipiers à City puis au Celtic. « Olivier aime bien toucher beaucoup de ballons, se projeter vers l’avant, créer des occasions. »

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Une touche technique supplémentaire

Dans une équipe marseillaise en manque d’un leader technique, la faute à des performances irrégulières d’un Valentin Rongier ou à un Dimitri Payet qui n’est plus que l’ombre de lui-même, Olivier Ntcham pourrait bien sortir du lot. Si l’ancien du Genoa a autant plu dès son plus jeune âge et notamment en Italie, c’est parce qu’il a longtemps été considéré comme l’un des possibles successeurs d’un certain Paul Pogba de par son aisance technique. « Pour moi, c’est un exemple à suivre. » disait-il en 2016 dans un entretien pour France Football. En plus d’un parcours très ressemblant (originaire de région parisienne, passé par le centre de formation du Havre avant de partir à Manchester), Ntcham pourrait aussi être comparé au Champion du monde français par sa maîtrise du ballon. « Physiquement, déjà, c’était impressionnant. Quand tu additionnes ça à sa qualité technique ça te donne un joueur assez spectaculaire et élégant. Quand je l’ai vu balle au pied la première fois, j’ai dit : "wow, c’est incroyable" » avoue Cissokho. Même son de cloche pour Boyata qui l’a vu grandir et s’affirmer. « Le talent balle au pied, il l’a c’est sûr. C’était déjà le cas à City quand il avait 17 ans. J’ai eu le temps de l’observer et c’est qui m'a tout de suite marqué chez lui. » Ce n'est pas pour rien s'il était considéré au Havre comme le plus gros talent jamais passé au club par certains de ses éducateurs.

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Ce sont ces qualités-là qui lui ont permis de véritablement exploser au Genoa d’abord puis au Celtic par la suite - même si l’expérience en Écosse a été plus contrastée. Dans une équipe qui jouait habituellement le milieu de tableau de Serie A, le gamin de 19 ans qui ne comptait aucun match en pro à l’époque, avait réussi à gagner sa place aux yeux de Gian Piero Gasperini, l’actuel entraîneur de l’Atalanta. « Il a réussi malgré son jeune âge à avoir pas mal de temps de jeu. Il a joué plus de 40 matches en deux saisons. Quand tu viens en Italie, ce n’est jamais évident de jouer des matches surtout quand tu es encore très jeune » confirme le défenseur sénégalais. Des performances remarquées et remarquables qui lui ouvriront même les portes de l’équipe de France Espoirs et qui lui permettront aussi de s’envoler pour Glasgow et le Celtic. C’est là-bas qu’il va passer un cap et progresser dans un secteur de jeu où il est encore trop peu performant : la finition. Dans un football de statistique, « Oliv’ » peine toujours à être un joueur capable de marquer. Même s’il a inscrit 24 buts (en 147 matches) avec les Bhoys, sa capacité à concrétiser des occasions reste limitée. « Sa frappe est impressionnante. Il a une grosse puissance de frappe » précise l’ancien Nantais. « C’est ce secteur qu'il doit encore bosser. Il a une grosse frappe, mais il ne marque pas assez. Je pense qu’il ne l’exploite pas assez, il n’arrive pas à finir l’action » déplore de son côté le capitaine du Hertha Berlin.

Un caractère qui pourrait coller au climat marseillais

Les conditions dans lesquelles est arrivé Olivier Ntcham lui rappellent un peu plus que l’OM n’est pas un club comme les autres. Même s’il a connu les exigences d’un club qui joue régulièrement les Coupes européennes et le titre de son championnat au Celtic (il a gagné trois titres de champion d’Ecosse), le joueur formé au Havre va connaître un contexte différent avec une pression tout autre. Un club qui ne tolère pas la moindre défaite, la moindre erreur. Un club qui pourrait lui ressembler parfois. « Il a toujours eu faim. Il n’était jamais satisfait de ce qu’il faisait, il s’en voulait toujours » affirme Cissokho. « Ce genre de mentalité comme à Marseille, il va adorer. Il est aussi comme ça. Il va devoir gagner sa place. » Les défis semblent le stimuler et sa situation actuelle, dans pareil contexte, ressemble à un gros défi.

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Cette exigence lui vient sans doute de sa passion pour le football, qu’il a eu très petit, mais aussi de ses nombreuses expériences dans différents pays, qu’il a eu aussi jeune. Outre ses passages en Italie, en Écosse ou Angleterre, à 10 ans, il s’envolait déjà pour le Canada avec sa mère. Là-bas, il découvrira le futsal à Montréal, ce qui lui permettra d’ailleurs de se développer techniquement. « Il a une énorme passion pour le football. Il travaille énormément. Parfois quand il ne jouait pas, tu pouvais le retrouver après les matches à la salle jusque tard dans la nuit. Il n’a pas besoin de douceur. Il préfère que les gens soient honnêtes et francs avec lui. Il sait accepter quand il n’est pas bon, quand il fait des erreurs » développe l’international belge (20 sélections). Avec les blessures de certains (Rongier) et les mauvaises performances des autres (Payet, Cuisance), Olivier Ntcham pourrait être lancé dans le bain plus tôt que prévu. Mais il lui faudra vraisemblablement du temps pour retrouver des jambes, puisqu'il n’a plus joué depuis le 23 décembre dernier. Du temps, c'est sûr qu’il n'en ait pas à l’approche du Clasico puisqu'il ne figure pas dans le groupe phocéen.

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