Caicedo, Hincapié, Estupinan, Paéz : l’Équateur se découvre une génération dorée

Par Aurélien Macedo
6 min.
L'équipe d'Equateur @Maxppp

Pays poil à gratter de la scène sud-américaine, l’Équateur reste une nation loin des géants du continent que sont l’Argentine, le Brésil et l’Uruguay mais aussi d’autres nations comme le Chili, la Colombie ou le Pérou. Néanmoins, cela évolue au 21e siècle avec de sacrés résultats de la Tri. Sur les dernières années, cela se ressent encore plus et une nouvelle génération très prometteuse est en train d’éclore.

Incapable de faire mieux que demi-finaliste (4e) à la Copa América et cela remonte à 1959 et 1993, l’Équateur a surtout écrit de belles histoires en Coupe du monde. Jamais qualifié avant 2002 pour la compétition, l’Équateur est devenu un acteur plutôt récurrent avec trois autres participations en 2006, 2014 et 2022. La Banana Mecánica tient d’ailleurs pour meilleur résultat un 1/8e de finale perdu 1-0 contre l’Angleterre en 2006. Des résultats en progrès constants même si un passage à vide s’est ressenti à la fin de la première génération dorée composée d’Agustín Delgado, Édison Méndez, Ulises de la Cruz, Carlos Tenorio et bien entendu Antonio Valencia. Néanmoins, le football est une histoire de cycles et un nouveau est en train de s’écrire.

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Cela s’est mis en place tout d’abord par un excellent travail sur le plan de la formation. Absent des compétitions mondiales de jeunes, l’Équateur reste sur d’excellents résultats continentaux (3e en 2015, 4e en 2019 notamment) et mondiaux (4 participations aux 6 derniers mondiaux, dont 2 huitièmes de finale et un quart de finale) en U17, mais aussi sur de très belles performances en U20. La sélection a pris part aux trois derniers mondiaux avec notamment une troisième place historique en 2019 (défaite 1-0 contre la Corée du Sud en demi-finale). Parmi cette équipe, on retrouve notamment des joueurs sélectionnés en équipe A comme Jackson Porozo (Olympiakos), José Cifuentes (Glasgow Rangers), Gonzalo Plata (Al-Sadd) et Leonardo Campana (Inter Miami).

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Un contingent intéressant

Qualifié au dernier mondial et voulant disputer au prochain en 2026, l’Équateur vise aussi la Copa América 2024 avec de fortes ambitions. Quart de finaliste en 2021, l’équipe désormais coachée par Félix Sánchez Bas - sélectionneur qui a remporté la Coupe d’Asie avec le Qatar avant de les diriger en Coupe du monde - entend continuer à franchir un cap. Pour cela, un matériel assez imposant s’offre à lui. Sur le plan défensif, on note la présence de défenseurs centraux de qualités comme Willian Pacho (21 ans, Eintracht Francfort), Felix Torres (26 ans, Santos Laguna), Jackson Porozo (23 ans, Olympiakos), Joel Ordóñez (19 ans, Club Bruges) et surtout Piero Hincapié (21 ans) qui est devenu un élément incontournable de Xabi Alonso au Bayer Leverkusen. Sur les côtés, il y a aussi du beau monde avec Pervis Estupiñán (25 ans) de Brighton, Angelo Preciado (25 ans, Sparta Prague) et José Hurtado (21 ans, RB Bragantino).

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Le milieu est aussi doté de talents comme José Cifuentes (24 ans, Glasgow Rangers), mais aussi deux joueurs appartenant à Chelsea. Tout d’abord Moisés Caicedo (21 ans), plus gros transfert de l’histoire de la Premier League avec un transfert à 130 millions d’euros, mais aussi Kendry Paez (16 ans) dont l’arrivée est prévue à sa majorité du côté des Blues. Le joueur est déjà titulaire avec son club de l’Independiente del Valle et a été convoqué pour la première fois en sélection. Le transfert est estimé à 15 millions d’euros. Si on rajoute d’autres pépites offensives comme Gonzalo Plata (22 ans, Al-Sadd), Nilson Angulo (20 ans, Anderlecht) et Jeremy Sarmiento (21 ans, prêté à West Bromwich Albion par Brighton), on s’aperçoit que l’avenir est vraiment incroyable pour l’Équateur. La génération huitième de finaliste de la Coupe du monde U20 2023 s’est aussi exportée en masse vers l’Europe à l’instar d’Alan Minda (20 ans, Cercle Bruges), Denil Castillo (19 ans, Shakhtar Donetsk) ou encore Justin Cuero (19 ans, FK Orenbourg).

Le projet Independiente del Valle

En vogue actuellement, l’Équateur doit sa réussite et sa bonne dynamique actuelle à deux clubs notamment qui ont permis aux développements de nombreuses étoiles montantes. Vainqueur des Copa Sudamerciana en 2019 et 2022, finaliste de la Copa Libertadores 2016 et champion national en 2021, l’équipe de l’Independiente del Valle s’est distinguée par sa formation et est même devenue le club formateur à obtenir la plus grosse somme grâce à un pourcentage dans un transfert suite à la vente de Moisés Caicedo de Brighton à Chelsea (26,5 M€). Depuis la saison 2016/2017, le club a d’ailleurs récolté environ 100 millions d’euros grâce à la vente de ses joueurs. Un modèle qui porte ses fruits et qui est porté par le propriétaire Michel Deller qui avait récupéré le club en 2007 alors qu’il végétait entre le monde amateur et professionnel. Devenu depuis une référence nationale et continentale (huitième de finaliste de Copa Libertadores encore cette saison), l’Independiente del Valle est un réel modèle.

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Dans la sélection convoquée pour la trêve de septembre, cinq joueurs évoluent actuellement à l’Independiente del Valle sur les 23 convoqués. Plus globalement, ils sont 14 à avoir été formés au sein du club équatorien. Un vrai travail de formation qui ne se limite pas à ses résultats sportifs, mais aussi à ses efforts en termes de transmission. «Les enfants passent de nombreuses heures dans le complexe, ils y vivent et une grande partie de leur éducation dépendra de nous. Si l’on se concentre uniquement sur le sport, il est probable que tout le monde ne deviendra pas footballeur, car c’est normal, malgré toutes les opportunités qu’offre Independiente. Dans ce scénario, il faut se soucier d’eux, pour que chacun soit préparé à la vie , qu’il soit formé à des matières non sportives et je ne parle pas seulement d’école, mais de formation externe en termes de valeurs et de situations qui permettront leur demander d’être meilleurs en tant que personne et d’être préparés à tout ce qui vient ou non seulement pour soutenir sa vie dans le football, mais aussi dans d’autres aspects» a notamment expliqué Iván Vázquez à Doble Amarilla quand il occupait un rôle de coach des jeunes.

Un autre club participe au rayonnement des talents équatoriens et il est anglais, c’est le club de Brighton & Hove Albion. Pas refroidis par l’échec Billy Arce reparti librement à Independiente del Valle après quatre ans au club pour 4 prêts, les Seagulls ont continué d’investir en Équateur avec Moisés Caicedo donc dont la trajectoire a été nettement plus positive. Arrivé à l’hiver 2021, il a été prêté la saison suivante à Beerschot où il a pu progresser avant de se frayer une place dans l’équipe première. Il a ensuite explosé en Premier League et rejoint Chelsea sur ce dernier mercato. Ramenant d’autres Équatoriens, mais venant d’Europe avec Jeremy Sarmiento (Benfica U19) et Pervis Estupinan (Villarreal), Brighton est conscient que l’Équateur est une nation montante du football où il est encore possible de réaliser de jolis coups sur le mercato. Toute cette émulation ouvre en tout cas la porte à un avenir radieux pour la Banana Mecánica.

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