FK Krasnodar : le pari réussi de Rémy Cabella ?
Parti au FK Krasnodar il y a un an, Rémy Cabella s'amuse en Russie. Le milieu offensif de 30 ans a parfaitement retrouvé ses sensations après une rupture des ligaments croisés. Barragiste de la Ligue des Champions avec les Bykis, il affronte ce soir le PAOK avec l'objectif de rentrer dans la jeune histoire du club des bords du Kouban.

«Je n’ai pas calculé les avis des uns et des autres, j’ai été plus égoïste que d’habitude. J’ai pensé d’abord à moi et j’ai voulu me faire un avis tout seul [...]. Au niveau des infrastructures, je peux vous dire que c’est le très, très haut niveau [...]. J’ai quand même mis une dizaine de jours à me décider, mais la proposition était tellement énorme que c’était impossible à refuser. Tout le monde est gagnant dans l’histoire parce que Saint-Étienne aussi a reçu une belle indemnité» voici comment Rémy Cabella justifiait son départ de l'AS Saint-Étienne pour le club russe de Krasnodar à l'été 2019. Alors qu'il avait 29 ans et qu'il restait sur deux très bonnes saisons avec le club du Forez, le natif d'Ajaccio avait fait le choix osé et risqué de quitter la Ligue 1 pour le championnat russe. Surtout qu'il rejoignait un club méconnu en France, le FK Krasnodar.
Car oui, si le Zenit, le CSKA Moscou, le Lokomotiv Moscou, le Spartak Moscou ou encore le Rubin Kazan se sont faits un nom dans l'hexagone de part des affrontements avec des clubs français en Coupe d'Europe, le FK Krasnodar n'a pas le même prestige. Et pour cause, le club n'existe que depuis 12 ans. Pourtant, on entend de plus en plus parler des Bykis. Dans le top 5 du championnat russe depuis la saison 2013/2014, le club installé sur les bords de la rivière Kouban vit la septième campagne européenne de son histoire (la 7e d'affilée) et cherche une première participation à la phase de poules de la Ligue des Champions. Un objectif pour lequel Rémy Cabella a été recruté.
Un transfert record
La saison dernière déjà, le FK Krasnodar avait pour ambition d'y parvenir. Qualifié pour le troisième tour préliminaire suite à une troisième place en championnat, le club russe avait mis les moyens. Le Suédois Marcus Berg avait rejoint le club tout comme l'international néerlandais Tonny Vilhena (9 millions d'euros). Acheté pour 12 millions d'euros, Rémy Cabella est lui devenu le transfert le plus onéreux du club russe. Une confiance importante tout comme le rôle qu'on lui a vite confié. Milieu de terrain et meneur de jeu, il se devait de remplacer l'Uruguayen Mauricio Pereyra. Libre, ce dernier est parti après 7 années de bons et loyaux services où il aura participé à l'éclosion du FK Krasnodar.
L'arrivée de Rémy Cabella a permis de combler un poste laissé vacant mais a aussi fait évoluer le style de Krasnodar. «Je pense que ce sont des joueurs différents avec des qualités différentes. Quand Mauricio Pereyra jouait ici, ils évoluaient dans plusieurs formations : 4-3-3 où il était relayeur et en 4-2-3-1 où il était numéro 10. Maintenant Krasnodar évolue en 4-3-3 mais Cabella change beaucoup de position, il est assez libre. Il peut jouer comme relayeur dans un 4-3-3, il peut jouer comme ailier droit dans un 4-3-3. Pour moi, en championnat sa meilleure position est ailier car il peut jour ailier et gagner la position par le dribble en un contre un. C'est bien qu'il peut jouer aux deux postes et qu'il peut apporter différentes bonnes choses aux deux postes» nous explique Dmitriy Nechiporenko ancien scout de Krasnodar. Pour autant, l'arrivée de Rémy Cabella constitue un précédent dans l'histoire de Krasnodar. En effet, c'est le premier joueur recruté par le club en provenance de l'un des cinq plus grands championnats européens à qui l'on attribue tout de suite un rôle de star de l'équipe (les arrivées d'Andreas Granqvist du Genoa et de Vladimir Koman de l'AS Monaco n'avaient pas eu la même résonance).
«Bien sûr, j'ai arrêté de travailler à Krasnodar mais je suis en contact avec le chef scout et le directeur général. Ils ont eu beaucoup d'attente pour ce joueur et ils pensent qu'il peut apporter beaucoup lors des phases offensives. Il peut aider lors des phases de transition de la défense à l'attaque. Il y a aussi le fait qu'il ait joué dans un championnat du top 5 européen. Avant, Krasnodar a signé beaucoup de joueurs de petits championnats européens comme la Suède, l'Autriche ou l'Amérique du Sud et ont eu de bonnes expériences. Ils ont eu peu de joueurs du Top 5 européen comme Cabella qui a beaucoup joué en Ligue 1 et qui a été en Premier League. Il a joué à haut niveau» ne manque pas de rappeler Dmitriy Nechiporenko. Directement plongé dans le grand bain, Rémy Cabella fait ses débuts lors de la quatrième journée de la saison 2019/2020 face au Zenit. S'il n'est pas décisif, il se montre déjà utile dans le jeu lors d'un match qui se termine sur le score de 1-1.
Une grave blessure au genou
Ensuite, il retrouve la Ligue des Champions pour la première fois depuis la saison 2012/2013, lorsqu'il évoluait à Montpellier. Débutant au troisième tour préliminaire, il s'incline contre le FC Porto en Russie (1-0) avant de retourner la situation au retour avec le doublé du jeune Magomed-Shapi Suleymanov (3-2). Très bon lors de ces rencontres, Rémy Cabella voit son influence grandir doucement et délivre entre temps une passe décisive en championnat contre le Rubin Kazan (1-0). Mais le pire va arriver. Le 21 août 2019, Rémy Cabella affronte l'Olympiacos en Grèce lors du match aller des barrages. La rencontre est ouverte mais le Français se blesse au genou au bout de 26 minutes. C'est le début du cauchemar. Sans son numéro 7, Krasnodar va sombrer et s'inclinera 4-0 (2-1 au retour).
Pour Rémy Cabella, le diagnostic est rude puisqu'il est victime d'une rupture du ligament croisé pour la deuxième fois de sa carrière (après une subie en 2009 lorsqu'il était à Montpellier). Indisponible jusqu'à la pause provoquée par le coronavirus il manquera terriblement à Krasnodar. «Quand il a eu sa blessure, ça a été très dur pour le club. Ils ont manqué de qualité sur la pelouse, je pense que c'est un joueur qui a un impact direct sur le niveau du collectif» constate Dmitriy Nechiporenko. Pourtant, cette blessure grave lui a permis de revenir très fort. De retour sur les terrains le 1er juillet dernier contre Rostov, il a mis 2 buts lors des 7 derniers matches de la saison et a largement participé à l'obtention d'une belle troisième place en championnat par le club. Pour ce nouvel exercice, il compte déjà 4 buts et 2 passes décisives toutes compétitions confondues et semble pleinement intégré dans l'équipe.
Un retour en fanfare
Dmitriy Nechiporenko est assez séduit du niveau qu'affiche le Français : «il est très bon dans ce début de saison en championnat et même lors du match aller contre le PAOK. Certes il a eu une blessure sérieuse mais il a eu le temps pour retrouver sa forme grâce à la pause provoquée par le coronavirus. Son style de dribbleur - quand il peut changer son tempo de dribble, accélérer, ralentir - est très difficile pour les défenseurs en Russie. J'ai parlé avec des coachs, des scouts et des analystes en Russie, tout le monde dit que c'est un style particulier à affronter pour les défenseurs russes.»
Doué techniquement comme nous avons pu l'apprécier en Ligue 1, Rémy Cabella a l'avantage d'évoluer avec des joueurs de sa trempe, qui ont facilité son intégration. «Musaev a fait quelque chose dans cette équipe et s'est vite imposé comme coach malgré son jeune âge (36 ans). Mais pour moi, le jeu de Krasnodar est basé sur les talents offensifs. Ça dépend plus des scouts qui comprennent le jeu du club et prennent des joueurs de ce style. Pour Cabella, c'est facile de jouer avec Wanderson, Claesson et même Olsson qui joue un peu plus bas. Ce sont des joueurs qui font beaucoup de passes autour de la surface adverse et mettent le danger. Bien sûr il y a du travail tactique au niveau défensif, dans la relance, dans les transitions mais autour de la surface adverse, ça dépend plus des qualités des joueurs. Pour Cabella, c'était bon de le mettre dans cette position car il a des partenaires qui comprennent son jeu», ne manque pas de rappeler Dmitriy Nechiporenko.
S'il doit encore se montrer plus décisif dans la zone de vérité et se rapprocher des buts adverses, Rémy Cabella est sur la bonne voie avec une emprise importante sur le jeu de son équipe. Ce soir contre le PAOK, il sera évidemment attendu au tournant. «Il a été bon contre le PAOK à l'aller mais son influence sur le jeu était moins grande que dans le championnat russe. Je pense que les analystes du PAOK ont ciblé Cabella et ont compris que c'est un joueur qui peut apporter dans le jeu. Pour le match retour, toute l'attention des joueurs du PAOK sera sur Cabella. C'est un des plus importants joueurs de l'équipe avec Safonov, Claesson et Berg», note Dmitriy Nechiporenko. Un an après sa grave blessure, Rémy Cabella retourne en Grèce avec un esprit revanchard. Buteur et à l'origine du penalty lors de la victoire 2-1 de son équipe à l'aller, le Français pourrait bien marquer de son empreinte son aventure à Krasnodar. Les Bykis peuvent plus que jamais rêver de la première qualification en phase de poules de la Ligue des Champions de leur histoire et le natif d'Ajaccio pourrait en être à l'origine.
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