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La présence de Donald Trump met le bazar au tirage au sort de la Coupe du Monde 2026

À deux jours du tirage au sort de la Coupe du Monde 2026 à Washington, la fête sportive se trouve éclipsée par les tensions diplomatiques et les accusations d’ingérence politique de la FIFA, à l’heure où Donald Trump devrait recevoir un prix des mains de Gianni Infantino en marge du tirage. Certaines fédérations vont même boycotter cet événement.

Par Valentin Feuillette
3 min.
Donald Trump et Gianni Infantino @Maxppp

Alors que le monde du football s’apprête à tourner les yeux vers Washington, où se tiendra ce vendredi le très attendu tirage au sort de la Coupe du Monde 2026, l’événement censé célébrer l’universalité du sport est déjà rattrapé par des tensions politiques sans précédent. Avec 48 équipes engagées, un format inédit et une organisation partagée entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, ce tirage devait marquer le début festif d’un Mondial appelé à battre des records d’audience et de participation. Mais la cérémonie, organisée au Kennedy Center, se déroulera dans un climat lourd, paradoxalement plus marqué par les débats diplomatiques que par les spéculations sportives. La décision de l’Iran de boycotter l’événement, annoncée quelques jours seulement avant la cérémonie, a brutalement replacé les questions de visas, d’interdictions de voyager et d’ingérences politiques au cœur d’un rendez-vous qui, traditionnellement, se veut pure vitrine de neutralité sportive. Et parmi les invités de marque à ce tirage au sort, le président américain Donald Trump sera bien de la partie.

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Téhéran accuse en effet les États-Unis d’avoir refusé l’entrée à plusieurs membres de sa délégation, dont des figures centrales comme Mehdi Taj, président de la fédération et haut responsable de la Confédération asiatique, ou encore le directeur exécutif Mehdi Kharati. L’Iran, déjà confronté aux restrictions migratoires imposées par l’administration Trump dans le cadre de la proclamation de juin 2025, estime que ces refus « dépassent le cadre du sport », selon le porte-parole Amir-Mahdi Alavi. Ces griefs interviennent malgré les assurances répétées par certains dirigeants de la FIFA, dont Victor Montagliani, qui promettait que toutes les équipes qualifiées pourraient se rendre aux États-Unis. Pour l’Iran, comme pour Haïti, également touché par l’interdiction américaine alors qu’il fête son grand retour en Coupe du Monde, les obstacles semblent désormais insurmontables. Et les conséquences dépassent largement leurs délégations : supporters, journalistes, arbitres ou spécialistes techniques issus des 19 pays visés par la proclamation se retrouvent potentiellement exclus, sans aucune garantie d’exemption.

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La nouvelle apparition de Trump passe mal

Cette situation explosive s’inscrit dans un contexte où la proximité entre Donald Trump et Gianni Infantino suscite de plus en plus d’inquiétudes au sein de plusieurs fédérations membres de la FIFA. Le choix de remettre ce vendredi un nouveau Prix de la paix de la FIFA, largement pressenti pour revenir au président américain en marge du tirage, renforce encore la perception d’une institution trop perméable aux agendas politiques. L’accord liant la FIFA au Kennedy Center, déjà scruté par une commission du Sénat américain pour des soupçons de « népotisme et de corruption », accentue le malaise. Infantino, qui ne cesse de vanter les actions de Trump, notamment en matière de diplomatie ou de sécurité, est accusé par d’anciens hauts dirigeants, comme Miguel Maduro, de violer l’obligation de neutralité politique. Pour des observateurs comme le chercheur australien Steve Georgakis, la ligne rouge est franchie : « Partout où se trouve Trump, Infantino est avec lui », résume-t-il, rappelant que la FIFA, forte de plus de membres que l’ONU, devrait au contraire incarner un contrepoids impartial aux influences gouvernementales.

En coulisses, la FIFA tente tant bien que mal de préserver la préparation du tournoi. Son dispositif FIFA Pass, censé fluidifier les déplacements des personnels accrédités, montre rapidement ses limites face à la souveraineté des autorités américaines, qui examinent chaque entrée au cas par cas. L’instance explore des solutions d’urgence : élargissement des exemptions pour inclure davantage d’arbitres et de membres des staffs techniques, relocalisation partielle de certaines opérations au Mexique ou au Canada, ou encore négociations discrètes avec les pays concernés. Mais les incertitudes demeurent, au moment même où le tirage doit déterminer la composition des 12 groupes et déclencher les premières vagues de réservations pour les centaines de milliers de supporters attendus. Le plus grand Mondial de l’histoire devait symboliser l’ouverture et la diversité, mais il apparaît aujourd’hui comme le théâtre d’un bras de fer inédit entre les ambitions universalistes du football et la fermeté politique du pays hôte. Et ce vendredi, au Kennedy Center, c’est bien cette tension plus que le simple hasard du tirage qui dominera l’atmosphère.

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