FC Séville - Betis : le derby le plus chaud d’Espagne

Par Alexis Pereira - Max Franco Sanchez
7 min.
Real Betis @Maxppp

Si la course au titre des trois mastodontes espagnols sera encore au centre de tous les débats en Espagne samedi, la journée de dimanche sera marquée par l’opposition entre le FC Séville et le Betis, considérée comme le derby plus chaud de l’autre côté des Pyrénées.

Dimanche, la ville de Séville sera paralysée l’instant d’un match. Tous les yeux seront rivés vers le superbe stade Ramon Sanchez-Pizjuan, où le Sevilla Futbol Club accueille le Betis. Sous le soleil andalou, les 22 hommes tenteront de s'emparer de la couronne de meilleure équipe de la ville devant le regard bienveillant de la Giralda, clocher de la Cathédrale de la ville située à quelques rues de l'enceinte sevillista. C’est peut-être le Betis qui a le plus à prouver. La première rencontre entre les deux équipes s’était soldée par un 0-0 plutôt fade, mais les troupes d’Unai Emery avaient infligé une véritable leçon aux Verdiblancos en huitièmes de finale de Copa del Rey, s’imposant 4-0 lors du match retour après un nul à l'aller. Un derby qui tombe à pic, peu après les célèbres Ferias de la ville, semaine intense pendant laquelle tout Séville est à la fête. Un événement si important au niveau local qu'Unai Emery, pour éviter toute déconcentration et tout écart, avait concentré ses troupes dans la ville de Huelva plutôt qu'à Séville pour préparer la réception de l'Athletic en Europa League !

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Qui sera le roi de la ville ?

Et si ce derby est spécial, c’est en grande partie grâce à l’ambiance qui se vit dans la ville dans les jours préalables. Contrairement à ce qui se passe dans la plupart des villes comptant au moins deux clubs importants, les supporters ne sont pas divisés en fonction des quartiers ou de l'appartenance sociale de chacun. Ils vivent ainsi la plupart du temps mélangés, et au sein même des familles on retrouve parfois des fans des deux clubs. De quoi créer une rivalité qui se vit au jour le jour, mais toujours saine et sans violence, malgré quelques incidents ponctuels comme un lancer de bouteille sur Juande Ramos, entraîneur de Séville, en quarts de finale de la Copa del Rey en 2007. Chambrage et provocations sont de mise, mais il n'a jamais fallu déplorer des cas de violence extrême entre supporters comme ça a déjà été le cas lors des derbys barcelonais dans les années 90 par exemple. Pour l'anecdote, la fille de Pepe Mel, longtemps entraîneur du Betis, s'est mariée l'année dernière avec José María del Nido Carrasco, fils de l'ancien président du FC Séville, dans un restaurant situé... dans la « Calle Betis », « Rue Betis » en Français, et la mariée, logiquement proche du Betis, portait pourtant du rouge, couleur du FC Séville, ce qui avait fait sourire beaucoup de monde à Séville. Deux équipes aussi unies dans la douleur, elles qui ont perdu Antonio Puerta du côté du FC Séville et Miki Roqué du côté du Betis, et les supporters du FC Séville avaient notamment chanté le nom de Roqué pour lui rendre hommage lors du Trofeo Antonio Puerta qui opposait Séville à Almeria, organisé en 2013 pour rendre hommage à l'ancien capitaine de l'équipe. Des supporters du Betis avaient même été invités pour qu'ils puissent rendre un dernier hommage à Roqué.

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Dans les jours précédant la rencontre, « l’ambiance est relativement cool », confirme Achille Emana, contacté par nos soins, qui ajoute que « les supporters ne se cachent pas du tout, c’est un match très important pour eux, c’est un derby qui est au-dessus d’un Barça-Real ». Sur le terrain, la plupart de ces derbys sont fermés, et c'est souvent en tribunes qu'il faut se tourner pour trouver du spectacle. Hymnes magnifiques, chants et pyrotechnie, tous les ingrédients sont présents pour nous offrir un duel chaud bouillant. Le Camerounais, qui a passé 3 ans dans les rangs du Betis et qui reste très apprécié des supporters beticos, connait bien ce public : « c’est un public qui est proche de ses joueurs mais en même temps exigeant. C’est un club familial, même quand on était en deuxième division ils étaient là. Ce n’est pas donné à tous les clubs d’avoir un public comme celui du Betis ». Et si les succès récents des troupes d'Unai Emery en Europe ont surtout attiré la lumière des projecteurs sur le FC Séville, ce n'est pas un soucis pour les supporters du Betis... « Il n’y a pas de complexe par rapport aux titres qu’a pu gagner le FC Séville. C’est une rivalité qui est là depuis des années, titres ou pas titres, les gens du Betis veulent toujours battre les gens du FC Séville et c’est la même chose dans l’autre sens. C’est une rivalité qu’il y a toujours eu, un peu comme le chien et le chat. On sait très bien que Séville a toujours mis les moyens pour avoir de bons joueurs pour pouvoir gagner ces titres et être au sommet, et c’est quelque chose qu’il faut valoriser. Le Betis, malgré toutes les difficultés, s’en est toujours sorti, a toujours levé la tête et le public a toujours su répondre. C’est une question de rivalité par rapport à l’amour de la ville, pour voir lequel des deux clubs aime vraiment la ville », affirme l'ancien du TFC qui fait aujourd'hui le bonheur du Gimnàstic de Tarragone en Liga Adelante.

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Son compatriote Stéphane Mbia, passé par le FC Séville, nous confirme cette rivalité qu'il a vécue de l'intérieur : « Paris-Marseille, c’était déjà très très chaud, mais le derby de Séville, c’est autre chose. Ce sont deux clubs dans une même ville, la rivalité est vraiment hors norme, c’est plus que du football. Les supporters des deux clubs se détestent vraiment. C’est compliqué ! Il y beaucoup beaucoup de pression. En ville, tous les jours, tous les jours on vous en parle. Les deux camps se détestent vraiment, c’est assez grave ! J’en avais parlé avec le coach Luis Fernandez, qui a entraîné le Betis, il me disait : "tu vas voir, ça va être chaud, avant et après le match. Paris-Marseille, c’est chaud. Mais le derby de Séville, il faut le vivre !" Dès le début du match, je me suis dit : "le coach Luis avait raison". C’est vraiment chaud. J’ai eu la chance de marquer le premier but à domicile (Séville-Betis 4-0, 24 novembre 2013, 14e journée de Liga), c’est la folie, c’est à la hauteur de la rivalité, qui est très importante, quotidienne. Chaque camp regarde le résultat de l’autre chaque week-end en championnat. Certaines familles sont séparées selon le club qu’elles supportent. C’est impressionnant ».

Les forces en présence

Certes, ce match n’aura pas d’enjeu important dans la mesure où les deux équipes ont déjà plus ou moins assuré leur objectif. Le Betis pointe à 11 points au-dessus de la zone de relégation et est donc pratiquement sauvé, pendant que les voisins ont pratiquement assuré leur 7e position, qui leur permettra de jouer les barrages de l'Europa League. Les Verdiblancos semblent cependant arriver dans une meilleure forme que les coéquipiers de Kevin Gameiro, avec deux victoires et un nul sur les trois derniers matchs. A contrario, le dernier vainqueur de l'Europa League enchaîne les contre-performances, avec quatre défaites et un nul sur ses cinq dernières rencontres de Liga, et une victoire à l'arrachée aux tirs au but face à l'Athletic en Europa League. Mais un derby reste un derby, et les deux voisins vont jouer la rencontre à fond.

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Le FC Séville pourra compter sur ses individualités habituelles, déjà connues de tous, comme Ever Banega, Kevin Gameiro ou Michael Krohn-Dehli, même si Emery devra composer sans Vitolo. Mais dans ce secteur, le Betis a également des atouts conséquents. Achille Emana met ainsi trois joueurs en avant : le goleador Ruben Castro, la pépite Dani Ceballos et le Brésilien Petros. Le premier fait partie des valeurs sûres à son poste en Espagne depuis quelques années déjà, et comme beaucoup d'attaquants en ce moment, se bonifie avec l'âge, du haut de ses 17 buts en championnat. Ceballos, excellent milieu de terrain avec un profil créateur, fait partie des espoirs espagnols les plus cotés et arrive probablement dans son meilleur niveau de forme de la saison, encore décisif mardi dernier avec un caviar pour Ricky van Wolfswinkel qui a permis à son équipe de l'emporter face à Las Palmas. Le Brésilien a lui un profil assez atypique au milieu, polyvalent, capable de détruire comme de construire, et fait partie des bonnes surprises en Liga après être arrivé dans l'anonymat cet été. La formation de Juan Merino a donc les atouts pour prendre sa revanche, et Adil Rami et Antonio Adán ont déjà commencé à chauffer le derby via les réseaux sociaux. Rendez-vous dimanche à 16h pour la grosse affiche du week-end en Liga !

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