Nabil Fekir fait-il le bon choix en signant au Betis ?

Par Max Franco Sanchez
7 min.
Real Bétis Nabil Fekir @Maxppp

Voilà celui qui sera peut-être le transfert le plus surprenant du mercato estival. Nabil Fekir défendra les couleurs du Betis la saison prochaine, à la plus grande surprise des fans français et espagnols. Mais le champion du monde 2018 fait-il le bon choix en rejoignant l'Andalousie ?

OUI

Un excellent club tremplin

C'est peut-être la principale raison qui a poussé le désormais ancien capitaine de l'Olympique Lyonnais à rejoindre le club andalou. S'il rejoint une formation qui ne fait peut-être pas partie de l'élite de la Liga, des bonnes prestations sous la tunique verte et blanche pourraient le projeter très rapidement sur le devant de la scène. Le Betis est effectivement un des clubs les plus suivis de l'autre côté des Pyrénées et attire la curiosité des supporters dits neutres. Les deux duels entre les Andalous et le Barça figurent dans le top 10 des matchs les plus regardés de la saison, devant des affiches a priori plus prestigieuses comme les deux chocs entre le Barça et Valence, le Atlético-Barça ou le Real Madrid-Atlético. Et lorsqu'on brille devant celui qui est l'un des meilleurs publics d'Espagne, on est rapidement repéré. Dani Ceballos a ainsi pu rejoindre le Real Madrid il y a deux ans, alors que Fabian Ruiz, qui avait commencé la saison 2017/2018 en tant que petit jeune qui devait se contenter des miettes, a terminé par signer à Naples. Il est désormais international espagnol. De même pour Sergio Canales, qui a complètement relancé sa carrière sous le soleil andalou, tout comme son compatriote Marc Bartra. Le latéral Junior Firpo serait lui tout proche du FC Barcelone, alors qu'on parle de Tottenham pour Giovani Lo Celso. Que dire d'Aïssa Mandi, devenu une référence en défense en Espagne. En termes de progression de joueurs ces dernières années, difficile de faire mieux que le Betis. Il faut aussi signaler que le Betis est un club qui n'hésite pas à mettre la main à la poche et Fekir aura donc l'assurance d'être bien entouré s'il venait à rester à Séville plus d'un an.

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Les joueurs de son profil brillent au Betis

Beaucoup auraient aimé voir Nabil Fekir du côté de l'Atlético ou de Valence, par exemple. Mais force est de constater qu'il semble difficile de voir le Lyonnais s'épanouir dans les systèmes de Diego Simeone et de Marcelino. En plus de ne pas être certain d'y être titulaire, il serait compliqué de le voir à l'aise dans le 4-4-2 à plat des deux hommes, qui exigent une grosse rigueur tactique à leurs joueurs et misent sur un jeu assez direct. Du côté du Betis en revanche, les joueurs de son profil disposent d'énormément de libertés pour créer, prendre des initiatives, dézoner et bien plus encore. Ce n'est clairement pas un hasard si les joueurs cités ci-dessus comme Canales ou Lo Celso se sont éclatés la saison dernière. Ils ont même réussi à terminer la saison avec des statistiques impressionnantes pour des milieux offensifs. L'ancien du Paris Saint-Germain a ainsi conclu l'exercice 2018/2019 avec 18 buts et 9 passes décisives au compteur toutes compétitions confondues ! Quand on connaît l'importance des stats dans le football actuel et comment elles peuvent faire grimper la cote d'un joueur, c'est une donnée à prendre en compte en vue d'un futur transfert...

Un championnat qui pourrait lui convenir à merveille

Au delà du Betis, c'est surtout le championnat espagnol qui semble bien correspondre aux qualités du joueur. Même si la théorie expliquant que la Liga est un championnat "technique et offensif" est un peu cliché, puisque la tendance générale est aujourd'hui plus à l'équilibre et à l'agressivité qu'au tiki-taka et au jeu offensif, son profil laisse imaginer un succès certain en Espagne. Un football dans lequel on demande beaucoup aux joueurs qui évoluent à son poste de garder le ballon dans les pieds, de prendre des initiatives entre les lignes, face à des défenseurs qui sont plus dans l'anticipation et la lecture du jeu que dans les duels et les contacts directs. Un point important quand on sait que Fekir a eu des pépins physiques assez importants ces derniers temps. Il a aussi le profil du joueur qui peut très rapidement se mettre le Betis, et les fans de Liga en général, dans la poche, puisqu'il représente typiquement ce type de footballeur talentueux très doué techniquement qui rend fou les Espagnols. Ses compatriotes Zinedine Zidane ou Antoine Griezmann, bien que dans des registres différents, pourront confirmer...

NON

Une équipe en reconstruction

Nabil Fekir va arriver dans une équipe qui sera en chantier. Le Betis vient effectivement de changer d'entraîneur. Quique Setién a ainsi quitté le Benito Villamarin, lui qui avait un style très marqué. Son successeur est un entraîneur de qualité, Rubi, qui a réussi à terminer à la septième position avec l'Espanyol. C'est aussi un entraîneur offensif, de l'école du FC Barcelone par ailleurs, mais forcément, il est possible que la machine mette un peu de temps à se lancer. Plusieurs joueurs clés sont également partis ou en instance de départ. Pau Lopez, devenu troisième portier de la Roja, a fait ses valises pour Rome. Junior Firpo devrait aussi partir, et un départ de Giovani Lo Celso est aussi dans les tuyaux. Trois joueurs majeurs dont les ventes seraient très difficile à remplacer. Même si le noyau dur de l'équipe devrait rester le même, Nabil Fekir n'arrivera pas dans une équipe qui tournera à plein régime. Ce qui cependant aussi être une bonne nouvelle pour se faire une place plus facilement. À voir... Il faut aussi préciser que le 4-3-3 que va visiblement utiliser le tacticien espagnol n'est pas forcément le système idéal pour Fekir.

Aucune assurance de jouer l'Europe et une possible perte de visibilité à l'international

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Dixième de la dernière édition de Liga, l'objectif du club du sud de l'Espagne est d'obtenir une qualification en Europa League. Les investissements qui ont été réalisés cet été et qui sont encore à venir, avec ces 30 millions qui vont terminer dans les caisses de l'Espanyol pour le buteur Borja Iglesias, vont dans ce sens. Mais au pays de Don Quichotte, les places européennes risquent d'être chères la saison prochaines. Les trois premières places semblent déjà promises au trio Barça-Real-Atlético, alors que Valence devrait être assez proche de ce trio, avec Séville en embuscade. Il faudra toujours compter sur l'Athletic, alors que les voisins basques de la Real Sociedad sont en train de réaliser un mercato pour le moins ambitieux. Getafe va continuer sur la même lancée que la saison dernière et son effectif est même meilleur, sur le papier du moins. Il ne faut pas négliger la possibilité de revoir Villarreal et le Celta se hisser en première partie de tableau après une saison 2018/2019 complètement ratée. Le Sous-Marin Jaune et les Galiciens en ont en tout cas clairement les moyens, sportivement et financièrement. Vous l'aurez compris, compte tenu des effectifs et des dynamiques des différents prétendants à l'Europe, rien ne garantit que le Betis terminera dans les sept premiers... En vue des Bleus, un départ chez les Verdiblancos peut sembler fatal, puisque Didier Deschamps hésite souvent à sélectionner des joueurs évoluant dans des clubs du sub-top à l'étranger. Clément Lenglet a par exemple dû rejoindre un gros pour avoir sa chance. Dans l'optique d'avoir de la visibilité en France et à l'international, le Betis ne semble donc pas le meilleur choix, du moins par rapport aux autres clubs intéressés qu'étaient Naples ou Valence.

Beaucoup de concurrence

Compte tenu de l'investissement financier et de la hype qu'il y a autour de son arrivée à Séville, on peut imaginer que Nabil Fekir aura une place assurée dans le onze type de Rubi en début de saison si tout se passe normalement. Mais l'international tricolore aura intérêt d'être à la hauteur, puisque le Betis compte de nombreux joueurs de qualité au milieu et à des postes un peu plus avancés. Dans l'entrejeu, à la fois pour un poste de relayeur ou des positions un peu plus avancées, on retrouve donc Sergio Canales et Giovani Lo Celso, pas encore parti. Andrés Guardado devrait lui aussi jouer devant le numéro six. S'il venait à jouer sur les ailes, il y a aussi de la concurrence, avec l'inépuisable Joaquin, Takashi Inui ou Juanmi qui peut tomber sur un côté. Le Betis n'a d'ailleurs pas de problèmes à laisser des joueurs coûteux sur le côté, comme c'est arrivé avec la pépite mexicaine Diego Lainez (15M€) qui a peu joué depuis son arrivée en hiver. Lui aussi sera un potentiel concurrent de Nabil Fekir dans le cas où Rubi décide de faire du Français un joueur de couloir. Force est de constater que le pari Betis est à double tranchant. S'il est au niveau, il pourra rapidement rebondir chez un gros ou même continuer avec les Sévillans si le club parvient à franchir un palier. En revanche, une mauvaise expérience au Betis mettrait un vrai coup à la carrière du joueur et il serait difficile de rebondir après ça...

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