La Ligue 1, cancre de la classe européenne

Par Matthieu Margueritte
3 min.

11 buts. Record battu. La Ligue 1 vient de connaître un nouveau week-end des plus pauvres en terme de buts marqués. Le précédent record de la saison datait de la première journée avec 13 réalisations.

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Avec 409 buts inscrits en 189 matches, la Ligue 1 affiche une moyenne déplorable de 2,16 buts par match. Loin derrière les autres principaux championnats européens. La Liga est à 2,59 (170 matches, 441 buts), le Calcio à 2,57 (167 m, 430 b), la Premier League à 2,69 (179 m, 482, b) et enfin la Bundesliga qui culmine à 2,81 buts par match (153 m, 431 b).
_ La question se pose donc forcément de savoir pourquoi le championnat français offre si peu de spectacles.

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Les réponses sont nombreuses. Tout d'abord, depuis 1998 et la méthode Aimé Jacquet, le mot d'ordre des clubs français est la défense. Le proverbe « la meilleure défense c'est l'attaque » s'est donc transformé en « la meilleure défense c'est la défense ».

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Prime à la défense

En France, on est loin de la mentalité de certains clubs comme le Real Madrid qui consiste à gagner en marquant un but de plus que l'adversaire. En Ligue 1, le dicton se résume surtout à gagner en évitant de prendre des buts et essayer d'en marquer un sur une erreur défensive ou sur coup de pied arrêté. Du coup, les statistiques des buteurs de chaque équipe s'en ressentent. L'an dernier, Pauleta avait réussi à finir meilleur buteur du championnat avec seulement 15 buts inscrits ! Alors qu'en Italie, en Espagne ou en Angleterre les meilleurs buteurs en ont marqué quasiment le double.

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Malgré la création du Challenge de l'Offensive lors de la dernière saison, le constat n'a donc pas changé. Les clubs ne jouent plus qu'avec une seule pointe. Pire, les joueurs sensés être les meilleurs buteurs du championnat ne sont même plus titulaires dans leurs clubs à l'image de Pauleta à Paris, Fred ou Baros à Lyon, Cavenaghi à Bordeaux ou Cissé à Marseille.

Autre raison : le resserrement du niveau de la Ligue 1. Mis à part le cas lyonnais, aujourd'hui tous les autres clubs du championnat se tiennent en quelques points et la moindre formation réalisant une série de victoires peut passer de la zone rouge aux places européennes en l'espace de trois ou quatre journées. Et inversement. Les équipes se montrent donc nettement plus frileuses lors des phases offensives surtout lors de confrontations directes entre deux clubs jouant l'Europe ou le maintien. Il faut donc défendre pour empêcher l'autre de prendre des points.

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Un problème financier

Toutefois, tout n'est pas à mettre au crédit des entraîneurs qui mettent ce genre de tactique en place. En effet, un dernier facteur, et non des moindres, fait actuellement toute la différence entre les clubs français et leurs homologues européens : le domaine financier. En effet, outre une lourde fiscalité, quand on s'aperçoit qu'en fin de saison dernière Lyon a touché la même somme en droits télévisés que le dernier du championnat anglais, on comprend alors plus facilement pourquoi des joueurs comme Melchiot préfèrent jouer dans des clubs comme Wigan qui jouent la relégation plutôt que de rester à Rennes qui était qualifié en coupe d'Europe.

Le pouvoir d'attraction des clubs français est donc très limité. Pour preuve, l'exemple de Lyon. Club phare du championnat doté d'un budget estimé à 200 millions d'euros, la formation rhodanienne n'a toujours pas réussi à attirer un buteur de renom. Anelka, Trézeguet, Gudjohnsen, Mancini ou encore Van Nistelrooy ont tous refusé l'offre lyonnaise malgré des performances constantes en ligue des Champions.

À quelques jours de la décision sur l'attribution des droits TV, le faible rendement actuel pourrait donc inciter les chaînes à payer moins. Mais avec un championnat pauvre en spectacle, les conséquences pourraient être très néfastes auprès des clubs qui auraient alors de plus en plus de mal à rivaliser avec le reste de l'Europe.

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