PSG : le Brésil déchante avec Lucas

À l'époque, Leonardo officiait encore au poste de directeur sportif du Paris Saint-Germain et Sir Alex Ferguson entraînait encore Manchester United. Fraîchement racheté par les Qataris de QSI, le club de la capitale réussissait ce qui était annoncé comme l'un des premiers gros coups au nez et à la barbe d'un grand d'Europe. Le 8 août 2012, Paris officialisait en effet la future arrivée (en janvier 2013) d'un certain Lucas Rodriguez Moura Da Silva. Un transfert remarqué puisque le nouveau riche parisien n'avait pas hésité à sortir 40 M€ de sa poche pour souffler à MU celui qui était alors considéré, avec Neymar, comme l'un des deux plus grands talents en devenir du Brésil.

Âgé à l'époque de 19 ans, Lucas Moura est arrivé en Europe quelques mois avant que Neymar ne traverse lui aussi l'Atlantique pour rejoindre le FC Barcelone. À l'instar des Blaugranas, Paris se frottait alors les mains et le duel à distance entre les deux pépites pouvait alors commencer. Il s'est en réalité très rapidement arrêté, Neymar ayant cannibalisé toute l'attention des médias. «Ils ont éclos quasiment en même temps. Ils ont le même âge et ont fait partie tous les deux de la sélection brésilienne U21. Dans cette équipe, Lucas s'est tout autant distingué que Neymar, notamment lors du Sudamericano U20 en 2011 (Neymar a été le meilleur buteur de la compétition avec 9 buts, 4 pour Lucas, ndlr). Mais à partir de là, la carrière de Neymar a fait un bond plus important que celle de Lucas. Non pas parce que Lucas était moins fort, mais tout simplement parce que Neymar a réussi à acquérir le statut de superstar. Lucas est resté comme un grand espoir aux yeux des gens. Beaucoup de monde croyait en lui», nous a confié Victor Canedo, journaliste pour Globo.

Neymar a changé de dimension, pas Lucas

Pourquoi alors cette différence de trajectoire ? «Neymar est devenu plus talentueux. Il a su progresser, notamment au niveau du jeu face au but. Il sait marquer des buts et c'est ce qui fait prendre de la valeur aux joueurs. Lucas marquait avec São Paulo, mais il ne jouait pas près du but. Neymar a appris à développer ce don du buteur», poursuit Canedo. Et effectivement, la comparaison des statistiques, en championnat, est implacable. Hormis la saison dernière, qui a été la plus prolifique de la carrière de Lucas (12 buts inscrits en 37 matches), Lucas Moura a toujours affiché une moins bonne efficacité que son aîné en Europe. Auteur de 9 buts en 26 rencontres de Liga en 13/14, 22 en 33 matches en 14/15 et 24 en 34 matches en 15/16, Neymar a explosé les pauvres 12 réalisations marquées par Lucas en L1 entre janvier 2013 et juin 2016. Autre preuve du retard pris par l'ancien pensionnaire de São Paulo, Neymar a disputé le Mondial 2014, contrairement à lui.

Mieux, le numéro 10 de la Seleção a même su porter tout un pays sur ses épaules à seulement 22 ans alors qu'un Thiago Silva, qui était pourtant capitaine, affichait une incroyable fébrilité. Une déception forcément pour les observateurs brésiliens. «On s'attendait à ce qu'il décolle au PSG. On pensait que c'était l'endroit idéal, mais il a fini par ne plus avoir le temps de jeu nécessaire pour progresser. Il a stagné au PSG, il a fait des mauvais choix pour sa carrière. Je pense que c'est peut-être lié à sa personnalité. Il a eu plusieurs entraîneurs avec lesquels il a beaucoup joué, donc on ne peut pas dire qu'il a été victime de choix de tel ou tel coach. On attendait plus de lui. Quand il a quitté São Paulo pour le PSG, il jouait très bien. Mais au fil du temps, on a perdu confiance en son jeu. Il n'a pas le niveau pour être un titulaire au PSG, ni en sélection brésilienne», estime Canedo.

«Lucas a stagné au PSG»

La Seleção, Lucas ne l'a d'ailleurs plus fréquentée depuis le mois de juin 2016. Un désaveu poignant pour un joueur qui n'a même pas su convaincre le sélectionneur auriverde de lui faire confiance la saison passée alors qu'il se montrait plus efficace que jamais. Un triste constat qui n'est pas près de s'arranger. Avec l'arrivée de Neymar et de Kylian Mbappé au PSG, Lucas Moura ne décolle plus du banc de touche. En championnat, il ne compte que trois apparitions, toutes en tant que remplaçant, pour un total de 52 minutes de jeu ! Et en Ligue des Champions ? Le Brésilien n'a tout simplement jamais été utilisé. Ce soir, contre Anderlecht, Unai Emery lui accordera-t-il ses premières minutes européennes ? Nul ne le sait. Un bilan qui aurait toutefois pu être évité l'été dernier si le joueur avait accepté de changer d'air.

Cependant, malgré la venue de Neymar, Lucas a choisi de rester. Des rumeurs disent même que ce dernier aurait convaincu le PSG (qui avait un besoin de liquidités après son mercato XXL) de le conserver grâce à l'intervention de Ney, désireux de voir son ami rester. Info ou intox ? «Oui j'y crois», lâche Canedo. «Les deux sont amis. Ils ont joué ensemble en sélection très tôt. Ils ont une relation forte. Quand il est arrivé au PSG, Neymar aimait débarquer dans un endroit où il avait des amis. Ça facilite son adaptation. Regardez Daniel Alves qui a déclaré que c'est Neymar qui l'a convaincu de venir à Paris. Neymar a très bien pu faire cette demande au PSG pour Lucas. Mais si on réfléchit à la carrière de Lucas, ce n'a pas été une bonne chose. Regardez, il ne joue quasiment plus du tout. Il est encore jeune, il a besoin de faire quelque chose pour sa carrière comme être prêté. Il doit être mécontent de sa situation, sinon qui le sera pour lui ?» Mais pour l'instant, ce n'est pas l'image que donne Lucas.