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PSG, Neymar : une image qui fait jaser à l’étranger

Par Matthieu Margueritte
9 min.
PSG Neymar da Silva Santos Junior @Maxppp

Auteur d’un mercato estival XXL, leader du championnat et de sa poule en Ligue des Champions, le Paris Saint-Germain signe un début de saison canon. Et si le club de la capitale fait les gros titres en France, qu’en pensent les médias étrangers ?

La saison dernière, le Paris Saint-Germain a vécu un exercice 2016/2017 des plus compliqués. Finie l’ère Laurent Blanc, le club de la capitale a misé sur le triple vainqueur de l’Europa League, l’Espagnol Unai Emery, pour faire passer un cap à son équipe. Surtout en Ligue des Champions. Malheureusement, rien n’est allé dans le bon sens. Entre un mercato estival raté, une humiliation en LdC et la perte du titre en Ligue 1, le projet de QSI a pris un sacré coup sur la tête. Mais cet été, Paris a rectifié le tir. Auteur d’une campagne de recrutement XXL (Neymar, Daniel Alves, Kylian Mbappé entre autres), le club dirigé par Nasser Al-Khelaïfi s’est donné les moyens de relever la tête.

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Forcément attendu au tournant, le PSG fascine les supporters franciliens qui rêvent de voir leur équipe reconquérir son trône en Ligue 1 et passer enfin le cap des quarts de finale en Ligue des Champions. Mais Paris est aussi attendu par ses détracteurs, désireux de voir l’UEFA prendre des sanctions exemplaires en raison des sommes investies l’été dernier. Des montants jugés non conformes avec les règles du fair-play financier. Et si l’Espagne est l’un des fers de lance de la critique anti PSG, qu’en pensent le reste de nos voisins européens ? Que pensent-ils du mercato parisien ? De sa nouvelle star Neymar ? Foot Mercato est parti à la rencontre de nombreux observateurs. Et voici leurs avis.

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Un mercato estival adoré et détesté

C’est le moment fort qui a lancé la saison 2017/2018. Après avoir démarré en douceur avec l’annonce du recrutement du méconnu Yuri Berchiche, arrivé en provenance de la Real Sociedad, le PSG a pris une nouvelle dimension en attirant successivement dans ses filets Daniel Alves, Neymar et Kylian Mbappé. Un mercato à plus de 400 M€ qui a forcément fait les gros titres en France ainsi qu’en Europe. Et si l’Espagne, via le président de la Liga Javier Tebas, est montée au créneau pour s’offusquer, le discours était-il le même ailleurs ?

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«Après le mercato estival et les arrivées de Neymar et Mbappé, il n’y avait pas vraiment de mots pour qualifier ça. Aucune équipe n’avait pris ce genre d’initiative avant. Il y a de l’intérêt, mais les gens attendent de voir ce qu’il va se passer en Ligue des Champions», nous a indiqué Eric Devin, journaliste écrivant pour The Guardian. Dubitative, l’Angleterre est moins critique que l’Allemagne à ce sujet. «Il est évident que le PSG essaie de trouver une manière de contourner le Fair-Play financier. Et on dirait qu’ils ont trouvé les moyens d’éviter des sanctions. Mais ce n’est pas juste. Bien évidemment que Neymar et Mbappé sont de grands joueurs, mais ce n’est pas juste de les recruter avec l’argent de quelqu’un qui a choisi le club comme un projet», a nous a confié notre confrère de Fussball Transfers, Tobias Feldhoff. Un son de cloche pas vraiment étonnant au vu des sorties médiatiques acerbes de plusieurs dirigeants de clubs allemands.

En Italie, en revanche, c’est quelque peu différent. «Ce n’a pas été comme en Espagne ou en Angleterre. Ici, il y avait de la curiosité, de la passion. Et puis, l’Italie se trouve dans une situation où, mis à part la Juventus, le football italien n’est pas forcément en position d’exprimer une critique ferme», nous a confié Alessandro Grandesso, journaliste pour la Gazzetta dello Sport. En Suède, Johanna Frändén, journaliste chez Aftonbladet, qui suivait Paris lorsqu’Ibrahimovic évoluait chez les Rouge-et-Bleu, nous explique que c’est le mot «folie» qui est le plus souvent revenu pour qualifier le mercato parisien, même si l’intérêt porté à ce sujet a surtout des origines géopolitiques. «La situation politique du Qatar a eu pas mal l’attention dans les médias suédois récemment. Surtout après les sanctions des pays autour du Qatar.»

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Une réputation encore à faire

Prétendant déclaré à la victoire finale en Ligue des Champions, le PSG a renforcé cette image de favori de la compétition grâce à son nouveau trident Mbappé-Cavani-Neymar. Un trio qui fait déjà des ravages et qui en effraie plus d’un. De quoi donner au club de la capitale un nouveau statut digne d’un Barça et de son ancienne MSN ? Ou bien celui d’un nouveau riche arrogant ? «Ce qui fait un grand club, c’est son palmarès. C’est ce qu’il manque au PSG, au niveau international. Le PSG est considéré comme un gros club en raison de sa puissance financière. Mais le jour où ils seront habitués à aller régulièrement en finale de Ligue des Champions, ils entreront dans le cercle fermé des grands clubs. Le PSG arrogant ? Non. On le voit comme un club qui s’impose grâce à sa puissance financière. Pour être arrogant, il faut savoir imposer des choses que les autres n’aiment pas. Je trouve qu’un Barça, un Real Madrid ou un Bayern sont plus arrogants en contestant le mercato parisien», explique Grandesso.

Une impression également ressentie par Clara Albuquerque, journaliste brésilienne d’Esporte Interativo officiant de l’autre côté des Alpes. «C’est une équipe forte grâce à ses joueurs actuels, mais elle doit encore à se faire une histoire dans les compétitions européennes. Il n’est pas vu comme un club arrogant, mais plutôt comme une équipe qui veut gagner des grands titres comme la Ligue des Champions». Une volonté de faire partie des plus grands d’Europe qui n’a pas échappé non plus chez nos voisins lusitaniens. «Au Portugal, le PSG est considéré comme un club très riche. L’origine de l’argent a provoqué de l’excitation. C’est un club qui prétend être dans la même cour que le Bayern Munich, le Real Madrid et le FC Barcelone», nous a indiqué Paulo Pinto, journaliste chez À Bola.

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En Allemagne, en revanche, le constat est un peu plus cinglant. «Le PSG est très critiqué parce qu’il appartient à un cheikh. Ils ne recrutent que des stars et ne misent pas sur leurs jeunes, même ceux qui auraient plus de chances de jouer comme Augustin, Zagadou ou Doucouré», précise Feldhoff. Et que dire de l’Angleterre. «Le PSG pense qu’il va l’emporter sans problème. Hormis quelques exceptions comme Cavani et Marquinhos, les joueurs du PSG sont perçus comme arrogants. L’attitude des joueurs en championnat est trop souvent dédaigneuse vis-à-vis des adversaires. Ibrahimovic a joué un grand rôle, mais Neymar, Alves et Verratti ont des attitudes similaires. Cela démontre un manque de respect envers des collègues professionnels, ce qui est rarement vu dans d’autres championnats», conclut Devin.

Le penaltygate

C’est le premier couac du PSG version MCN. Le 17 septembre dernier, à l’occasion du choc entre Paris et l’Olympique Lyonnais (2-0), les images de la brouille entre Neymar et Edinson Cavani pour un penalty a fait couler beaucoup d’encre. Venu au PSG pour sortir de l’ombre de Lionel Messi, Neymar pensait sans doute devenir le tireur attitré de ce genre d’exercice, ainsi que des coups francs. Au final, l’international auriverde devra bien se partager le gâteau avec El Matador. Un coup dur pour l’ego du Brésilien dont l’attitude n’a pas plu. «Une partie de la presse brésilienne pense que Neymar est encore très immature. Une autre, moins radicale, pense quand même qu’il doit mûrir sur le plan collectif. Neymar refuse de ne pas penser à son succès personnel. Je ne vois pas ça comme un mauvais trait de personnalité. Mais dans certaines situations, il lui manque un peu de maturité», constate Albuquerque.

De l’autre côté de la Manche, l’obsession de Neymar pour ses statistiques personnelles étonne également. «On en a parlé un peu, mais comme le PSG a gagné son match, ça n’a pas fait autant d’histoire comme en France. En Premier League, la plupart des équipes connaissent les dangers qui les guettent chaque semaine. Regardez par exemple Manchester United qui s’est incliné contre Huddersfield. Donc les joueurs se concentrent davantage sur le championnat plutôt que sur l’idée d’améliorer leurs statistiques personnelles.» Idem en Italie où cette brouille est inimaginable dans les plus grands clubs du pays. «Ça a surpris oui. À la Juventus par exemple, on ne pourrait pas imaginer pareille situation. C’est évident. C’est curieux qu’un club qui est considéré comme un grand club du point de vue financier puisse ne pas anticiper ce qui est considéré comme des détails dans des équipes comme la Juventus ou le Real Madrid», explique Grandesso.

Neymar, une star contestée

Auteur de 7 buts et de 5 passes décisives en 8 matches de Ligue 1, et buteur à trois reprises (2 offrandes) en trois rencontres de Ligue des Champions, Neymar affiche des statistiques plus que correctes depuis son arrivée à Paris. Des débuts prometteurs qui ont toutefois souffert de l’attitude du Brésilien lors du penaltygate. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la recrue phare du mercato parisien en prend pour son grade. «Ç’a été un enfantillage de Neymar. Un des nombreux qu’il va faire. Neymar pense qu’il y a dix joueurs et lui au PSG. C’est un individualiste qui ne pense pas au collectif. En ce moment, il est plus important que l’institution PSG. Une chose pareille ne se produit pas à Porto avec Iker Casillas par exemple», indique Pinto. Un côté individualiste qui ressort aussi dans l’opinion suédoise déjà habituée à l’ego de Zlatan Ibrahimovic. «On en a pas mal parlé et, finalement, l’image d’un 'posterboy’ qui veut vendre son image plutôt que l’équipe est quelque part restée imprimée. Ibra, c’est une force de nature qui peut partir dans tous les sens n’importe quand. Neymar c’est plus le petit magicien qui protège son image, mais qui n’appellerait pas la France 'un pays de merde’ (rires)», ajoute Frändén.

Choyé par la direction du PSG, Neymar a été recruté pour faire franchir un palier sportif, mais aussi économique au club de la capitale. Cependant, en plaçant le Brésilien au centre de son projet de jeu et de sa communication, l’exemple du penaltygate ne montre-t-il pas le danger de voir le Brésilien prendre plus d’importance que l’institution PSG ? «En Italie les institutions sont beaucoup plus fortes. Le Milan des Hollandais, la Juve de Platini : à chaque fois c’est le club qui permettait au joueur de faire parler de lui. Aujourd’hui c’est plutôt le contraire avec le PSG et Neymar. Le PSG, de par son histoire et son palmarès, ne peut pas avoir le même impact que la Juve», prévient Grandesso. Un constat partagé au Brésil. «C’est une question difficile parce que, au final, Neymar est le plus grand joueur brésilien actuel et le PSG n’est pas, historiquement parlant, un club possédant un très grand nombre de supporters au Brésil. Bien que les joueurs ne doivent pas être considérés comme supérieurs à leur club, dans le cas de Neymar, je pense que les gens au Brésil estiment qu’il est plus important que le PSG», conclut Albuquerque. Reste toutefois à savoir si Neymar lui-même partage cette opinion…

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