L’OL se prépare au retour du prodige Hatem Ben Arfa

Juillet 2008. Après six années passées à l’Olympique Lyonnais, Hatem Ben Arfa quittait le club rhodanien non sans certains heurts inhérents à son transfert. Arrivé au club en 2002, à la sortie de l’INF Clairefontaine, le natif de Clamart quittait donc le bercail. Gérard Bonneau se souvient de l’époque où le jeune Hatem l’avait séduit : « Il avait 13 ans quand je l’ai connu. Il était à Clairefontaine, moi je commençais mon travail de recruteur aux côtés d’Alain Thiry. D’entrée, je disais "quel joueur", mais Alain me disait "non mais laisse tomber, Ben Arfa c’est pas pour nous !". Puis, un jour, j’ai discuté avec la maman, et de fil en aiguille ses parents sont venus sur Lyon, et tout s’est décidé le soir d’un match Lyon-PSG. Et à partir de ce match, tout s’est enchainé », nous raconte celui qui est aujourd’hui responsable du recrutement des jeunes à Lyon.

Pourtant, si belle au départ, l’histoire d’amour entre les deux parties garde un goût d’inachevé, l’international tricolore ayant connu le bon et le moins bon dans la capitale des Gaules. Gérard Bonneau tente de l’expliquer : « À l’époque, s’imposer était compliqué. À 18 ans, c’était difficile de s’imposer dans un vestiaire de stars. Il arrivait à jouer, mais il était peut-être difficile pour lui d’avoir un projet personnel. Il n’avait, je pense, pas défini encore son projet personnel. Aujourd’hui, il a son projet, et sait ce qu’il veut faire, on sent qu’il a ce projet personnel. À l’époque, il était peut-être plus dans l’idée de se dire qu’il était doué, qu’il avait du talent, et qu’il n’avait qu’à le montrer », poursuit celui qui a rapidement flashé pour les fulgurances du jeune talent.

Hatem Ben Arfa a l’estime de ses pairs lyonnais

Mais que voulez-vous, une idylle est forcément faite de hauts et de bas et, pratiquement huit ans plus tard, seul le positif semble être retenu entre Rhône et Saône, d’autant que l’intéressé a bien évolué depuis, parole d’Olivier Kemen : « Hatem a été jugé sévèrement selon moi. Même quand il a eu des galères à Newcastle, il a toujours eu une bonne réflexion, une bonne mentalité. Il ne prend plus les choses à cœur comme avant, il laisse couler les choses, et fait son football », assure celui qui a côtoyé HBA entre 2013 et 2014 à Newcastle. Et alors que Nice se rend au Parc OL vendredi soir en ouverture de la 34ème journée du championnat de France de Ligue 1, tous les regards seront tournés vers la nouvelle enceinte rhodanienne, laquelle accueillera pour la première fois l’ancien prodige lyonnais. Avec 16 buts inscrits et 4 passes décisives adressées en 29 rencontres de L1 disputées, le fin technicien va retrouver la cité chère aux frères Lumière le plein de confiance, pour ce qui constitue une première finale dans la course à la deuxième place entre le dauphin du PSG et le quatrième de l’élite.

Plus qu’un simple joueur parmi tant d’autres, HBA a laissé l’image d’un véritable artiste, capable de coups d’éclat rares, comme se le remémore Sidney Govou : « Pour moi, c’est un génie. (…) C’est le joueur le plus doué avec qui j’ai eu l’occasion de jouer, beaucoup d’entraîneurs le disent aussi », nous lançait ainsi il y a quelques temps l’ancien numéro 14 de l’OL, qui a côtoyé le feu follet durant quatre saisons dans le groupe professionnel. Un constat partagé par Sylvain Idangar, lui aussi ancien partenaire du gaucher à Lyon : « Il a un talent inné. Il était au-dessus du lot, mais largement. Karim (Benzema) était doué aussi, il a toujours eu cette graine de grand joueur, mais Hatem m’impressionnait plus car il avait une vraie magie entre les pieds avec cette facilité à éliminer les adversaires », narre-t-il.

Hatem Ben Arfa de retour à Lyon… pour de bon ?

Le Parc OL devrait donc offrir une belle ovation à l’ancien de la maison, heureux de retrouver celui qui avait déjà proposé quelques actions exceptionnelles du temps où il officiait à Gerland. Mais pour beaucoup de supporters, ces premières retrouvailles ne doivent constituer que le prélude à un véritable retour aux sources, nombreux étant les fans rhodaniens à rêver d’une ligne d’attaque composée de Hatem Ben Arfa, Nabil Fekir, et Alexandre Lacazette la saison prochaine. Dans des propos relayés par L’Équipe la semaine dernière, Bruno Genesio évoquait d’ailleurs cette hypothèse : « Je ne suis au courant de rien. Je sais qu’il est libre, que c’est un très, très bon joueur, qu’il a été formé chez nous et qu’on l’aime beaucoup. À chaque fois qu’il y a un très, très bon joueur qui arrive dans une équipe, c’est une bonne chose. Il doit y avoir des joueurs talentueux, d’autres qui travaillent ou défendent », indiquait-il, pas insensible au charme du joueur. Relayé par ce même quotidien mercredi, Bernard Lacombe allait lui encore plus loin : « Pourquoi pas ?! On rêve de le revoir chez nous. Il est parti de l’OL dans une période où il y avait tous les grands joueurs », lançait le conseiller spécial du président Aulas.

Arrivant libre à l’été, et ayant fait de la Coupe d’Europe un critère de sélection, celui qui peut encore très bien prolonger à Nice a-t-il une chance de revenir dans la capitale des Gaules ? En tout cas, Olivier Kemen l’accueillerait à bras ouverts : « Bien sûr ! Avant d’être un très bon joueur de foot, c’est comme mon frérot, donc j’aimerais bien qu’il vienne ici. Mais ce n’est pas à moi de décider ! Au cas où, je pourrais lui passer quelques coups de fil (sourire) », s’amuse le milieu défensif. Son proche confident et ancien partenaire à l’OL, Sylvain Idangar, pousse de son côté en ce sens : « Revenir à Lyon pour ce match, ça lui fait plaisir, car c’est une ville qu’il aime beaucoup. Il a hâte de voir le nouveau stade, de fouler cette pelouse. Le voir revenir jouer à l’OL, ça me ferait plus que plaisir ! C’est mon ami, je lui en parle souvent. Je ne vous le cache pas, je lui mets la pression (rires). Il me répond avec un sourire, je sais qu’il est sollicité, mais on a tous envie de le voir jouer au Stade des Lumières ! ». Reste qu’il y a encore du chemin à parcourir pour que le fantasme devienne réalité puisque, joint par nos soins, le conseiller de HBA, Michel Ouazine, a accepté de revenir sur les propos tenus par Bernard Lacombe : « Ce sont des propos qui n’engagent que ceux qui les ont prononcés », nous a-t-il fait savoir. Voilà qui est dit.