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OL : les raisons d’une première partie de saison ratée

Par Khaled Karouri
6 min.
Olympique Lyonnais @Maxppp

L'Olympique Lyonnais s'imaginait bien surfer sur sa saison dernière réussie, et venir titiller le Paris Saint-Germain en Ligue 1. Mais rien ne s'est passé comme prévu et, à quelques semaines maintenant de l'entrée au Grand Stade, le club septuple champion de France vogue en eaux troubles. Retour sur une première partie d'exercice ratée.

C'est une première partie de saison loupée pour l'Olympique Lyonnais. L'aventure européenne a tourné court pour les Gones, lesquels ont terminé à la dernière place de leur groupe de Ligue des Champions, dans une poule pourtant homogène, composée de La Gantoise, Valence et du Zenit. Surtout, en championnat, l'écurie chère au président Aulas pointe à la trêve à une bien décevante neuvième place, avec seulement 26 petits points pris en l'espace de 19 journées disputées. Pourtant, dauphin du PSG au terme du dernier exercice, le club de la capitale des Gaules était plein d'ambition. Alors, comment expliquer pareille désillusion ?

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Un recrutement qui ne paie pas

On a coutume de dire que la réussite d'une année se joue dès l'intersaison. De retour en Ligue des Champions, Lyon a sorti le chéquier pour étoffer son effectif et espérer ainsi faire bonne figure en C1. Sergi Darder (12 M€), Mapou Yanga-Mbiwa (8 M€), Mathieu Valbuena (5 M€), Claudio Beauvue (4,5 M€), et Rafael (3 M€) ont ainsi tous posé leurs valises entre Rhône et Saône avec pour but d'apporter un plus non-négligeable. Pour l'heure, le constat est sans appel, cette série de recrutement n'a en aucun cas permis d'offrir des solutions qualitatives supplémentaires à Hubert Fournier. Englué dans l'affaire de la sextape, Petit Vélo n'est pour le moment pas décisif (1 but et 2 passes décisives seulement en Ligue 1).

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Que dire aussi de Mapou Yanga-Mbiwa qui, censé s'imposer comme un taulier naturel derrière, ne sécurise pour le moment pas l'arrière-garde rhodanienne, et ne justifie pas le lourd investissement consenti par l'OL pour l'arracher à l'AS Roma. Claudio Beauvue, qui avait sur le papier tout de la bonne affaire, peine lui à s'entendre avec le reste de ses partenaires sur le pré, son style de jeu direct ne semblant pas coller outre mesure avec celui plus posé du club lyonnais. Quant à Darder, son adaptation au losange n'est pour l'heure pas une franche réussite, et ses difficultés à s'intégrer au schéma de jeu posent clairement question.

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Des prolongations de contrat à la pelle

Mais mettre le début de saison raté de l'OL sur le dos des seules recrues serait bien trop réducteur, et d'autres facteurs expliquent objectivement l'actuel gâchis rhodanien. Cet été, outre un mercato agité, Lyon s'est aussi attelé à prolonger ses jeunes cadres qui restaient sur un exercice remarquable. Alors, Jean-Michel Aulas a consenti d'importants efforts financiers pour conserver ses nouvelles stars, et c'est ainsi que les Alexandre Lacazette (2019), Nabil Fekir (2020), Samuel Umtiti (2019), Corentin Tolisso (2020), Jordan Ferri (2020), et autre Anthony Lopes (2020), ont tous apposé leurs griffes à des baux longue durée. Autant d'accords qui, comme le veut l'usage, s'accompagnent de revalorisations salariales.

Et pourtant, d'autres éléments n'ont eux pas connu pareille chance. Ainsi, aujourd'hui sous contrat dans le Rhône jusqu'en juin 2016, Henri Bedimo aurait lui aussi aimé parler prolongation, mais n'a pas reçu de proposition ferme. En revanche, selon nos informations, et au contraire de ses cadets, Lyon a clairement fait comprendre à son arrière gauche camerounais que s'il voulait poursuivre l'aventure à Tola Vologe, ce serait uniquement à condition d'accepter une réduction de salaire de l'ordre de 25% ! Une demande à laquelle l'intéressé n'a légitimement pas donné suite, incitant l'OL à lui demander de trouver un nouveau club. Ce que le Lion indomptable a fait... Seulement, au moment de négocier avec l'équipe en question, les Gones ont réclamé un montant de 5 M€ pour un joueur de 31 ans à qui il ne restait qu'un an de contrat, freinant de fait les discussions.

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Des tensions en interne

Une attitude qui trahit une certaine forme d'incompréhension en interne, sentiment qui rejaillit plus globalement sur la vie d'un vestiaire qui apparaît quelque peu désuni. Depuis le début de la saison, les indiscrétions sont ainsi nombreuses au sujet d'un groupe divisé. De l'intégration difficile des renforts estivaux à un groupe à forte connotation lyonnaise, à l'altercation entre Lindsay Rose et Corentin Tolisso, beaucoup de choses ont été dites sur une équipe qui ne semble pas faire de l'union sa principale force. Et si certains cadres du vestiaire maintiennent une confiance intacte à un Tolisso décrié, les tensions sont clairement palpables et viennent miner un club qui nourrissait d'énormes ambitions au coup d'envoi de la saison.

«Certains joueurs ont le loisir de faire ce qu'ils veulent sans jamais être vraiment sanctionnés. Quand on voit certaines attitudes au quotidien...», déplore un membre du club rhodanien, visiblement abattu par la situation, alors qu'un international français comme Mapou Yanga-Mbiwa a, selon nos informations, reçu un accueil teinté de condescendance de la part de certains cadres. Et cette situation, d'autres joueurs de Ligue 1 la connaissent. Car le comportement de certains joueurs de l'OL en match choque très clairement leurs adversaires : *«Après une bonne saison, certains se prennent pour des pu* de joueurs. Dans leur milieu de terrain, certains font deux passes et se prennent pour Pirlo», nous lance ainsi un adversaire de l'OL en championnat, suivi dans ce raisonnement par un autre : «Quand on te dit "calme-toi avec ta carrière de m, tu n'es qu'un petit joueur de Ligue 1"...»*, raconte un joueur déçu par ce type de remarques.

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Un entraîneur contesté

Mais il n'y a pas que les joueurs qui composent l'effectif de l'OL qui sont décriés en cette saison. Et évidemment, lorsque les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes, c'est l'entraîneur qui se retrouve propulsé en première ligne. Hubert Fournier est ainsi plus que jamais contesté, lui dont l'avenir entre Rhône et Saône apparaît plus que jamais incertain. Dans le viseur de quelques supporters qui n'hésitent plus à demander son départ sur les réseaux sociaux, l'entraîneur dont le contrat s'achève en 2017 est aussi et surtout fragilisé par les déclarations d'un Jean-Michel Aulas qui n'a pas hésité à évoquer publiquement l'hypothèse d'un départ. Le président l'a ainsi fait savoir, des entrevues vont se tenir dès ce lundi pour mieux déterminer les responsabilités de chacun, et trancher dans le courant de la semaine quant au maintien ou non de l'ancien technicien rémois sur le banc de touche lyonnais.

Fournier n'est pas non plus aidé par les accumulations de blessures, une habitude à l'OL (Jallet, Grenier, Fekir, Lacazette, Umtiti, Valbuena, Fofana, Bisevac, Bedimo pour ne citer qu'eux ont été absents sur une certaine durée). Critiqué pour ses tâtonnements tactiques, sa communication jugée parfois maladroite (ou trop franche), ou son manque de poigne face à certains cadres, Fournier ne fait plus l'unanimité dans un groupe où certains éléments pointent du doigt un manque évident de concurrence et d'intégrité dans le choix des compositions d'équipe. Le technicien vit donc peut-être ses dernières heures à la tête d'une équipe en difficulté, alors qu'une solution de remplacement en interne (Bruno Génésio) semble envisagée quand d'autres techniciens tentent eux de se placer via leurs agents. Qu'on se le dise, si la première partie de saison a été ratée à l'OL, JMA devrait prochainement prendre des décisions fortes pour relancer une machine grippée.

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