Christian Eriksen, le nouveau regista de l’Inter

Par Tom Courteaud
5 min.
Christian Eriksen a retrouvé le sourire avec l'Inter @Maxppp

Placardisé et placé sur la liste des transferts cet hiver par la direction de l’Inter, Christian Eriksen a finalement retourné la situation et termine la saison dans la peau d’un titulaire indiscutable dans l’entrejeu de l’équipe championne d’Italie.

Qui aurait pensé, il y a encore 6 mois, que Christian Eriksen serait désormais un titulaire indiscutable à l’Inter ? Souvenez-vous. Le 28 janvier 2020, Christian Eriksen, désireux de changer d’air après une finale de Ligue des Champions à Tottenham, s’engageait avec l’Inter Milan pour 4 ans. Un super coup à ce moment-là alors que l’international danois était très courtisé. Oui mais voilà, après de longs mois infructueux, la magie n’opérait pas. Eriksen ne parvenait pas à s’imposer dans le système de jeu d’Antonio Conte et le doute apparaissait déjà. Eriksen avait-il fait le bon choix en ralliant la capitale lombarde ? À partir du mercato estival 2020, l’Inter faisait tout pour refourger le joueur formé à l’Ajax. Échange, transfert, prêt. Tout était bon pour retrouver les 20 millions d’euros investis auparavant.

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Malgré les intérêts de Paris, Valence, de Barcelone et même de Tottenham, rien n’y faisait et Eriksen restait finalement en Italie. Et après avoir vécu le pire, la tempête est désormais passée et l’ancien leader technique des Spurs connaît une véritable renaissance en Lombardie. « Il y a six mois, je vivais une certaine situation, mais maintenant nous avons gagné un trophée et tout ce que je peux dire, c’est que je suis très heureux d’être à l’Inter. (…) Je vis peut-être le meilleur moment de ma carrière » expliquait-il la semaine passée à la Gazzetta dello Sport à travers une interview réalisée par le quotidien transalpin. Oui car le joueur de 29 ans va enfin pouvoir glaner un trophée avec ce Scudetto. Un premier depuis son départ de l’Ajax en 2013 après avoir terminé finaliste de l’EFL Cup en 2015, vice-champion d’Angleterre en 2017, finaliste de la Ligue des Champions en 2019 avec les Spurs et vice-champion d’Italie et finaliste de la Ligue Europa en 2020 avec l’Inter. Un succès ô combien important, au regard des différents échecs collectifs du joueur, et symbolique au vu de l’hégémonie de la Juventus depuis 10 ans. L’Inter a retrouvé les sommets avec Eriksen et inversement.

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Une remise en question couplée à un changement tactique

Mais alors, que s’est-il passé en seulement quatre mois pour que le numéro 24 devienne si important après n’avoir quasiment rien apporté ? L’intéressé a fait son mea culpa. « Je suis arrivé avec un esprit ouvert pour apprendre. Ce que je n’ai pas compris au début, c’est que je devais suivre le système de Conte tout le temps. Que je devais exécuter et me souvenir de tous les jeux qu’il avait préparés pour l’équipe. Auparavant, j’étais plus habitué à l’intuition, j’étais libre de prendre des décisions en une seconde sur la base de ce que je voyais. Mais avec le coach, il y a toujours un plan général à suivre. Il faut être prêt, toujours savoir où se trouvent ses coéquipiers et où ils peuvent se déplacer. J’ai dû apprendre tout cela, m’adapter à un rythme différent, puis en janvier nous avons discuté et j’ai commencé à jouer davantage et à montrer que j’étais capable. » 

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Le natif de Middelfart le dit bien. Il a fallu s’adapter au système de jeu d’Antonio Conte. Généralement en 3-5-2, l’Inter ne pouvait pas offrir une place de numéro 10 à Eriksen. Mais au vu de l’effectif et du talent du joueur, l’ancien entraîneur de la Juventus a tenté quelque chose avec le Danois. Mi-janvier, après un match de Coupe d’Italie face à la Fiorentina où Eriksen avait été positionné en tant que milieu de terrain relayeur, limite récupérateur, Conte expliquait avoir peut-être trouvé la formule magique. « En ce qui concerne Christian, comme je l’ai déjà dit, il montre une attitude positive et travaille très dur. Je veux qu’il endosse un rôle différent parce que nous n’avons pas d’alternative à (Marcelo) Brozovic. Nous aimerions continuer avec Christian. Nous voulons l’impliquer autant que possible. » Depuis tout s’est rapidement amélioré. À partir du 14 février soit un mois après la rencontre de Coupe d’Italie face à la Fio, Eriksen a disputé l’intégralité des 15 matchs de championnats avec 12 titularisations pour deux buts, dont un face à Crotone, le match qui a offert le titre aux Nerazzurri.

Conte le magicien

Si le joueur a parfois paru en froid avec Antonio Conte, il semblerait que la relation entre les deux hommes se soit réellement améliorée. « Conte est très important pour tout le monde, également pour la façon dont nous jouons. Nous suivons ses instructions à la lettre et cela se voit sur le terrain. Nous sommes tous heureux d’avoir gagné avec lui. Mais son séjour n’est pas ma décision : cela dépend de lui et du club (…) Regardez son CV… Là où il va, il gagne et c’est impressionnant. J’ai imaginé son esprit de vainqueur quand j’ai signé, puis je l’ai vu de mes propres yeux, en lui parlant et en voyant…» Une véritable déclaration d’amour envers un coach qui a déjà prouvé qu’il était capable de miracle avec cet effectif, à en juger les énormes progrès de Romelu Lukaku qui accompagnent son retour en forme depuis son arrivée en Italie.

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En plus d’avoir redonné confiance en son joueur, Antonio Conte a réussi à lui redonner une importance dans son système de jeu, à un poste inconnu pour lui jusque-là. Désormais repositionné dans l’axe du milieu à trois de l’Inter, Eriksen se place plus bas sur le terrain et alterne entre sa moitié de terrain et la moitié de terrain adverse. Pour autant, il continue d’avoir de l’influence dans le jeu offensif de son équipe et il n’est pas que cantonné à un rôle défensif. Avec en moyenne un tir par match, 19,3 passes réussies dans le camp adverse (contre 13,5 dans son propre camp), 1,2 passe clé et 2 occasions créées par match, il continue d’apporter toute sa qualité technique à l’animation offensive. À en juger la heatmap de sa saison, il est absolument partout sur le terrain et même s’il a une préférence pour l’avant, il ne peut s’empêcher de regarder derrière lui et de se muer en regista, une sorte de milieu offensif positionné au-dessus de la défense à l’image d’un milieu récupérateur. Avec ce nouveau rôle, Christian Eriksen a enfin trouvé sa place à l’Inter et nul doute que s’il reste à Milan la saison prochaine, et que Conte est toujours en place, il sera un joueur important dans le plan de jeu du technicien transalpin qui a redonné un second souffle à la carrière du Danois.

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