Emiliano Martinez va vivre l’enfer à Lille !

Par Jordan Pardon
5 min.
Emiliano Martinez avec Aston Villa @Maxppp

Pour la première fois depuis la finale de Coupe du Monde à Lusail, il y a presque un an et demi, Emiliano Martinez s’apprête à arpenter une pelouse française. Jeudi face à Lille, en 1/4 de finale retour de Ligue Europa Conférence, le gardien argentin d’Aston Villa se rendra compte qu’il est toujours persona non grata dans l’Hexagone.

C’est aujourd’hui. 487 jours après la finale du siècle, Emiliano Martinez va arpenter pour la première fois une pelouse française, à Lille. Depuis ses provocations de mauvais goût, le portier argentin avait tenté d’arrondir les angles avec le public tricolore en usant tous les moyens possibles : réseaux sociaux, média interposé, prise de parole lors de la cérémonie du Ballon d’Or à Châtelet… Insuffisant, néanmoins, pour chasser cette nouvelle réputation d’ennemi public n° 1. La France et le Nord n’ont pas oublié, ce que pourra confirmer le champion du monde argentin, jeudi soir, au sortir d’une rencontre durant laquelle ses tympans auront bourdonné au rythme des sifflets et des affronts, quand sa fierté en aura certainement pris un coup aussi.

La suite après cette publicité

Quentin, 21 ans et vice-président de la section de supporters Dogues du Pas-de-Calais, était déjà du déplacement à Birmingham, jeudi dernier, lors du quart de finale aller de Ligue Europa Conférence entre Aston Villa et son LOSC (2-1). Un échantillon d’hostilité, qui a au moins permis à Martinez de réaliser que la plaie était encore ouverte et profonde de l’autre côté de la Manche. «On était déjà 1 300 jeudi dernier, s’applaudit l’un des cinq membres de cette toute jeune association de supporters lilloise. On nous a dit que l’on entendait que nous à la télé. Pour Martinez, il a eu droit à des sifflets et des chants insultants sur chacune de ses touches de balle. À domicile, avec 48 000 Lillois, il va s’en prendre plein la tronche, se faire huer, puis des insultes vont très certainement fuser. Il va vivre un calvaire», promet Quentin.

À lire Lille : le Real Betis s’intéresse à Ivan Cavaleiro

Un rendez-vous coché depuis le 15 mars chez les Lillois

Quand bien même Aston Villa reste le plus gros poisson de cette Ligue Europa Conférence, les supporters des Dogues ne semblent pas intimidés. «Après avoir vu le match aller là-bas, je pense qu’on est capable de s’imposer 1-O chez nous. On est la meilleure équipe de Ligue 1 à domicile cette saison (33 points sur 42) et on a perdu qu’un match en un an et demi (face à Reims en septembre, 1-2) », rappelle Quentin. Depuis le 15 mars, date du tirage au sort des quarts de finale de C4, le microcosme lillois a coché cette date du 18 avril sur son calendrier, et se réjouit de pouvoir accueillir Emiliano Martinez. «Hormis Martinez, il y a quand même Lucas Digne, l’une des plus grosses réussites du centre de formation du LOSC, qui revient à Pierre Mauroy. Mais sur X, on parle plus de l’Argentin que de Digne, pourtant devenu international français et titulaire à Villa», assure le vice-président de l’association Dogues du Pas de Calais.

La suite après cette publicité

Romane, supportrice lilloise depuis le premier âge et fondatrice du groupe La Voix des Dogues sur les réseaux sociaux, confirme : « globalement, on se réserve plus pour l’arrivée de Martinez que celle de Digne, ce que je trouve dommage personnellement. En ce qui concerne l’Argentin, je sais que beaucoup ont prévu de le siffler sur chaque ballon. Il y aura beaucoup d’insultes en tribunes, ce sera un accueil bouillant. Il faut qu’il soit prêt mentalement, mais en même temps, ce joueur vit de ça. Plus tu l’insultes, plus il est bon. Au niveau de l’ambiance, on s’attend à quelque chose dans le même style que lors de Lille - Chelsea en 2022 », explique cette habituée du Stadium et de Pierre Mauroy depuis 2008. Guillaume, fondateur de l’influent compte Actu Ligue 1 (68 000 abonnés) sur X, répondra aussi à l’appel jeudi. Il promet un accueil d’enfer à Martinez : «il a été excellent à l’aller mais on n’a, pour beaucoup, toujours pas avalé la pilule de ses provocations. Avant d’être supporter du LOSC, je suis supporter de l’équipe de France, et je sais que jeudi, il recevra un accueil explosif. Sûrement le pire qu’un gardien ait pu recevoir dans notre stade, et bien pire que lors des derbys du Nord contre Lens.» «Exagéré», diront certains, mais l’ego et la sensibilité de chacun ne répondent à aucun barème universel. Alors ça joue.

Lille croit à l’exploit

Rédacteur en chef du site Le Petit Lillois, qui réunit par ailleurs plus de 35 000 personnes sur ses différents réseaux sociaux, Raphaël se montre confiant à l’aube de cette manche retour : «j’étais à Birmingham jeudi, c’était plaisant et excitant de voir qu’on était capable de lutter avec Aston Villa. Peu de monde pouvait pourtant l’imaginer, sourit-il. Depuis une semaine, j’ai l’impression qu’on a mis le monde en pause et que la communauté lilloise attend juste d’être le 18 avril à 18h45, un peu comme lors du sprint final du titre de 2021 où on attendait impatiemment le match suivant. Il y a un immense espoir avant ce match retour, d’autant que Lille reste l’une des équipes les plus séduisantes à domicile depuis deux ans. On sait, et on pense qu’on est capable de renverser n’importe qui à domicile

La suite après cette publicité

Une Coupe d’Europe au rabais ? Jamais. En interrogeant une demi-douzaine de supporters lillois, on réalise l’importance de cette compétition à leurs yeux, eux qui n’avaient encore jamais goûté à un quart de finale de Coupe d’Europe avant cette saison : «si on se qualifie en demi-finales, je préfère gagner la C4 que de privilégier le championnat», assure par exemple Quentin de Dogues du Pas-de-Calais. Rémi, également membre de l’association, prédit un spectacle historique pour une rencontre historique : on s’attend à la plus grosse ambiance que Pierre Mauroy n’ait jamais connue. Encore mieux que lors du LOSC - Chelsea en Ligue des Champions il y a deux ans, explique-t-il. La présence de Martinez va aussi jouer. Il va se faire huer dès son entrée pour l’échauffement, et comprendre qu’il n’est pas le bienvenu ici. Je reçois même des messages d’amis supporters de Reims et de Lyon nous invitant à lui réserver un accueil salé. Quid de l’issue de la rencontre ? Rémi, comme tous les supportes interrogés, croit mordicus à une qualification en demi-finale : «on sent que l’équipe tient à finir dans le top 4 en Ligue 1 ou à remporter la C4. Je pense qu’on peut le faire. » Il n’y a plus qu’à.

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité