La gestion du calendrier met la Ligue 1 sens dessus dessous !

Par Josué Cassé
9 min.
Vincent Labrune, le président de la LFP @Maxppp

Par le biais d’un communiqué, la Ligue de Football Professionnel a acté le report de certaines rencontres pour permettre au PSG et à l’OM de mieux préparer leurs propres échéances européennes. Une décision qui est, aujourd’hui, loin de faire l’unanimité…

«Dans l’optique de favoriser le parcours des clubs français en Coupes d’Europe considérant que l’amélioration de l’indice UEFA de la France demeure un objectif essentiel, le Conseil d’Administration de la LFP a décidé ce vendredi 19 avril 2024 d’aménager le calendrier des deux clubs qualifiés en demi-finales de finale de Ligue des Champions (Paris Saint-Germain) et de Ligue Europa (Olympique de Marseille) et de les mettre ainsi dans les meilleures dispositions en vue des demi-finales». Par le biais d’un communiqué, la Ligue de Football Professionnel, qui avait déjà opté pour ce réaménagement à l’occasion des quarts de finale des différentes Coupes d’Europe, a officialisé le report des matches du PSG, qualifié pour les demi-finales de la Ligue des Champions, et de l’Olympique de Marseille, présent dans le dernier carré de la Ligue Europa. Une décision ne manquant pas de faire réagir les différents clubs de l’élite du football français.

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La LFP à fond derrière le PSG et l’OM !

Pour rappel, le Conseil d’Administration de la LFP a ainsi décidé de fixer les rencontres Stade de Reims – Olympique de Marseille et OGC Nice – Paris Saint-Germain comptant pour la 32e journée de Ligue 1 Uber Eats au mercredi 15 mai 2024 à 21h00. Le Stade de Reims et l’OGC Nice étant impactés par ces aménagements, l’instance a également décidé d’avancer les matchs Stade Brestois 29 – Stade de Reims et OGC Nice – Havre AC, comptant pour la 33e journée de Ligue 1 Uber Eats, au vendredi 10 mai 2024. Enfin, en raison de la participation de l’Olympique de Marseille à la demi-finale retour de Ligue Europa le jeudi précédent, toutes les autres rencontres de la 33e journée de Ligue 1 Uber Eats se dérouleront le dimanche 12 mai 2024 à 21h00. Directement impacté par ces reports, l’OGC Nice, par la voix de son entraîneur Francesco Farioli, n’a pourtant pas souhaité se scandaliser.

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«C’est un plaisir pour le football français. Deux équipes en compétition pour une possibilité de jouer en finale. C’est normal de tout faire pour les aider. D’un côté je comprend, d’un autre j’aimerais bien avoir un peu plus de régularité, mais encore ce n’est pas quelque chose que l’on contrôle et on essayera de faire de notre mieux», a ainsi commenté le technicien italien ajoutant, malgré tout, qu’il aurait aimé «plus de régularité» pour son équipe. Et pour cause. Avec cette nouvelle programmation, le Gym s’apprête à vivre un sprint final intense avec des matches tous les trois jours. Un calendrier chargé qui a d’ailleurs interpellé Morgan Sanson, milieu de terrain des Aiglons. «C’est clair que c’est bizarre. Je ne dirais pas que c’est pénalisant, mais c’est spécial. On a un mois, mais en fait on a deux semaines de compétition. On va jouer trois matchs, on va avoir deux semaines, on va rejouer trois matchs la dernière semaine. c’est une première pour nous tous. Maintenant, on nous demande d’être sur le terrain à ce moment-là, on va tout faire pour être performant».

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Un positionnement approuvé par certains…

Si la décision prise par la LFP a également provoqué l’ire de certains dirigeants, d’autres acteurs préfèrent quant à eux souligner l’effort de l’instance de placer les deux clubs français dans des conditions idéales sur la scène européenne. «Je pense que c’est utile pour ces équipes et pour le football français. Nous pourrions être également dans la même situation la saison prochaine, donc nous supportons cette décision», reconnaissait, à ce titre, Adi Hütter, le coach des Asémistes, occupant actuellement une des deux places directement qualificatives pour la Ligue des champions. «Cela peut changer, mais actuellement, Brest, Lille et nous, allons nous battre pour ces deux places. (…) Pour l’instant, oui, mais on ne sait pas ce qui peut arriver sur les trois prochaines journées». Questionné, en ce sens, en conférence de presse, Jean-Louis Gasset, coach de l’OM, a lui aussi logiquement défendu cette décision qui lui est favorable.

«Je n’y peux pas grand chose. Je lis comme vous. Nous, quand on a plus de récup, on est contents. On a une semaine à trois matches parce qu’on a repoussé le match de Nice. Bien sûr qu’on aime avoir plus de jus pour l’Europe, mais les matches de championnat, il faut bien les caler à un moment». Dans le sillage du technicien marseillais, Jean-Pierre Caillot, président du Stade de Reims et du collège des clubs de Ligue 1 à la Ligue de football professionnel (LFP), a lui aussi souhaité soutenir ce réaménagement. «Quand Pablo Longoria (ndlr, le président de l’OM) m’a appelé hier matin, avant même que la Ligue de football m’appelle pour connaître mon sentiment, je n’ai eu aucun moment d’hésitation. On pourra dire tout ce qu’on veut, faussé, pas faussé, je n’en sais rien. Il y a une réalité, c’est qu’on dit en boucle depuis des années qu’on veut exister sur la scène européenne, qu’on a besoin d’un bon indice UEFA. Et lorsqu’on est confronté à la situation, je pense qu’il ne faut pas regarder son intérêt personnel. Pour l’intérêt général du foot, son écosystème, aux clubs de s’adapter. C’est exactement comme ça que je vois les choses», a tout d’abord noté le dirigeant rémois, ce samedi matin, dans les Grandes Gueules du Sport sur RMC Sport.

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Relancé sur ces différents reports, ce dernier a également insisté sur la notion de solidarité afin de permettre à l’OM et au PSG de réaliser le meilleur parcours possible. Un enjeu d’autant plus important à l’heure où la LFP cherche à valoriser, au mieux, l’image du football français pour les droits TV de la période 2024-2029. «Je suis aussi président du collège des clubs de Ligue 1. Avec Vincent Labrune, on porte une nouvelle vision, une nouvelle organisation du foot et de la ligue. La première chose, c’est de soutenir nos clubs européens qui nous ont d’ailleurs remerciés. On a un whatsapp des présidents sur lequel on échange entre nous et je peux vous dire que, à peine étaient-ils qualifiés qu’ils remerciaient tous les présidents de clubs de Ligue 1 pour leur solidarité. Parce qu’encore une fois, c’est facile de dire qu’on est unanimes, qu’on est solidaires quand on n’est pas confronté. C’est quand on est confronté à la situation, comme c’est le cas, et dieu sait que c’est magnifique pour notre football. C’est surtout ça qu’il faut regarder», a alors abondé, en ce sens, le boss du SdR. Une position tranchée mais très loin d’être approuvée par l’ensemble des clubs.

… violemment critiqué par d’autres !

Dans cette optique, Jean-Michel Roussier, président du HAC, n’avait pas attendu l’officialisation des différents reports pour exprimer son mécontentement. Si la rencontre opposant le PSG au Havre se tiendra bel et bien samedi prochain à 21 heures, le boss des Ciel et Marine n’avait pas manqué d’envoyer un message salé à la LFP. «C’était la cerise sur le gâteau d’une semaine qui a fait monter la colère. La semaine a commencé quand la Ligue m’a informé que pour le cas où le PSG - ce que je leur souhaite sincèrement - passerait l’étape Barcelone et jouerait une demi-finale, le match contre le Havre (J31) serait peut-être décalé entre la 33e et la 34e journée. Voilà comment ma colère a commencé». Une approche pas appréciée par Jean-Michel Roussier qu’il trouvait, en effet, injuste et déloyale dans la lutte pour le maintien : «j’ai dit à la Ligue "vous rêvez, vous pensez que dans la situation dans laquelle on est, je vais accepter de faire un déplacement à Nice puis au Parc avant de recevoir l’OM ! Vous êtes fous !" En plus on est entre l’avant-dernière et la dernière journée, le règlement stipule que ces deux journées sont sanctuarisées. Donc je dis non tout de suite, il n’en est pas question. Il y aura tous les recours et croyez-moi que j’épuiserai tous les recours. S’il faut qu’il y ait une équipe de moins de 17 ans comme à l’époque, il y aura une équipe de U17 […] Moi je veux jouer au Parc le 27 avril, pas entre la 33e et la 34e journée».

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Déjà en conflit avec les instances concernant le contrat passé avec CVC, le HAC n’est d’ailleurs pas le seul club à dénoncer le positionnement de la Ligue. Interrogé en conférence de presse, ce vendredi, Pierre Sage, l’homme fort de l’OL, a lui aussi regretté le manque d’équité pour les formations luttant actuellement pour leur maintien. «Il y a des avantages pour le football français car c’est bien de donner aux clubs concernés des armes pour se battre. À l’inverse, ça change un peu la donne pour leurs adversaires de championnat. Malgré tout, on se rend compte que Lorient va devoir enchaîner deux matchs dans une semaine alors qu’elle est barragiste. Les personnes changent et les décideurs aussi. Je ne suis pas là pour décider à leur place, on ne fait que subir leurs décisions. On se comporte comme des bons élèves». Un discours proche de celui tenu par Eric Roy, auteur d’une saison exceptionnelle avec le Stade Brestois, deuxième du championnat de France à cinq journées de la fin.

«Ce que je trouve bizarre, c’est qu’il n’y a qu’en France qu’on fasse ça. À partir du moment où tu es qualifié, tu prépares ta saison. On nous a vendu le fait de réduire la Ligue 1 de 20 à 18, on nous a enlevé une coupe (de la Ligue). On a fait tout ça et on aménage encore les choses. Je suis supporter des clubs français en Coupe d’Europe. Après, le comprendre, non. Ça veut dire qu’on n’est pas capables. Je ne comprends pas le fait qu’on aménage. Si ça permet d’aller plus loin, tant mieux. Je dis ça pas parce que je pense que ça va nous désavantager. Je n’en sais rien. Je trouve que c’est un peu particulier. J’imagine que les adversaires de Lille, du PSG, ça complique leur calendrier… Je ne sais pas si c’est un aveu de faiblesse mais c’est quelque chose qui peut interpeller», pestait le coach brestois. En attendant de savoir si le club parisien parviendra à soulever la première Ligue des Champions de son histoire et si l’OM s’offrira un retentissant exploit en Ligue Europa, la gestion du calendrier français, elle, n’a pas fini de diviser…

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