Yusuf Yazici, Olympiacos :« il y avait l’OM mais je ne me voyais pas jouer ailleurs en France »
Après un passage remarqué à Lille, Yusuf Yazici a connu une année plus compliquée à l’Olympiacos la saison dernière. L’international turc s’est confié sur son année blanche, ses ambitions et sur son passage au LOSC.

Foot Mercato : tu sors d’une saison quasi blanche après une grosse blessure, comment tu te sens ?
Yusuf Yazici : je me sens mieux. Bien sûr, c’était très dur. Je n’ai pas joué pendant très longtemps. Je n’ai pas eu de chance. Mais vous savez, cela fait partie du football et aussi de la vie. J’ai joué samedi, les 35 premières minutes, et c’était bien. Petit à petit, pas à pas, tout ira mieux.
FM : à quel point c’est difficile de passer un an sans jouer ?
YY : certains joueurs aiment le football, d’autres non. Moi, je suis né avec le ballon, avec le football dans la tête. Et j’aime beaucoup ce sport. On est tous comme ça dans ma famille. Et moi, je veux jouer tous les jours. Même si je ne me suis pas entraîné, je veux toucher le ballon. Quand vous avez une grosse blessure, même si c’est ma deuxième, c’est très difficile. Tous les jours, vous faites les mêmes entraînements. D’abord, tu as l’opération. Après l’opération, vous avez trop de douleur, des points de suture, les yeux gonflés. Ça, c’est vraiment difficile. Il faut vraiment avoir un mental de fou. Si vous n’y arrivez pas, vous commencez à perdre la tête. Et ce n’est pas facile à digérer. C’est même dur. Moi, je suis très fort dans ma tête. Quand tu reprends l’entraînement et un peu de marche, tu souffles… Ensuite, chaque match, tu vas au stade et tu ne fais que regarder comme un fan, ça aussi, c’est un peu difficile. Parce que tu veux être sur le terrain, mais tu ne peux pas. Pour te relever, tu dois accepter ça.
FM : on ne se sent pas trop seul ?
YY : si, bien sûr. C’est difficile. L’exemple qui me vient en tête, c’est vraiment en salle de gym. Tu sais, tu commences à jouer dans le gymnase avec tes coéquipiers, et eux, ils vont sur le terrain après ça. Toi, tu restes seul dans le gymnase. C’est difficile pour les joueurs, parce que tu veux aussi jouer, t’entraîner avec l’équipe.
FM : après un an sans jouer, tu es de retour. Quels sont tes objectifs ?
YY : vous savez, j’ai beaucoup de rêves à réaliser, J’écris toujours mes rêves pour mieux les réaliser. J’ai trop d’ambitions, parce que je connais mes talents. Je crois en moi, en mon mental. Oui, même si j’ai 28 ans et que j’ai eu une très grosse blessure. Mais même avec ça, je suis vraiment fort. Comme je l’ai dit, je crois en moi. J’ai beaucoup de rêves à réaliser. Par exemple, cette saison, nous allons jouer la Ligue des champions. Et bien sûr, je veux faire le même doublé : la saison dernière, j’ai gagné le championnat et après j’ai gagné la coupe, et je veux faire la même chose, et aussi atteindre un bon niveau en Ligue des Champions.
FM : avant l’Olympiacos, tu as passé 5 ans à Lille. Comment c’était ?
YY : mon passage à Lille était parfait pour moi, parce que j’ai eu beaucoup de succès là-bas. Quand nous avons gagné le championnat, j’avais été impliqué sur 20 buts avec 14 buts et 6 passes décisives. J’ai aidé l’équipe et j’ai eu du succès. Mais, vous savez, après, il y a eu des problèmes que je ne peux pas évoquer maintenant. Peut-être qu’après la carrière, je devrais le dire. J’ai eu des problèmes, quelque chose que personne ne connaît. J’aurais pu faire encore mieux, parce que certains jours, je n’ai pas eu l’impression d’être vraiment important. Pas à cause de l’entraîneur, ni des joueurs, mais autre chose. Après ma carrière, peut-être que j’en parlerai. Mais je ne peux pas en parler aux journalistes pour l’instant. Mais pour moi, même avec ces problèmes, j’ai réussi. Et j’ai fait beaucoup de choses, je crois même que je suis devenu le meilleur buteur de l’histoire du club en Coupe d’Europe à un moment.
FM : oui, c’est Jonathan David désormais…
YY : oui, c’est vrai. J’ai pris ce record quand j’étais là (rires). J’ai aussi gagné le Trophée des Champions après. Pour être honnête, j’étais vraiment heureux là-bas avec les fans. Quand les fans me voyaient, ils m’appelaient souvent et rigolaient avec moi. Je riais vraiment. J’étais aussi très heureux. Même avec la ville, le centre d’entraînement, les gens qui travaillent à l’intérieur comme des enfants. Je pense au physio, etc. Je les aime beaucoup et je ne les oublierai jamais. Et je pense qu’ils ne m’oublieront jamais. Pour moi, c’était vraiment fantastique. Mais comme je l’ai déjà dit, ça aurait pu être mieux. J’aurais pu faire mieux sans certains problèmes. S’il n’y avait pas eu ça, j’aurais pu faire mieux.
FM : ce sont des problèmes en dehors des terrains ?
YY : oui, c’est ça. Je pense que je ne peux pas dire, mais c’est sûr, je partagerai ça à la fin de ma carrière…
FM : tu as passé 5 ans en Ligue 1, comment tu juges le niveau ?
YY : le niveau de la Ligue 1 est vraiment fantastique, parce que chaque week-end, vous jouez une finale. Peu importe le match que vous jouez, l’équipe contre laquelle vous jouez… Les adversaires sont forts, les jeunes joueurs montent en A aussi. Ils sont déjà prêts à jouer 95 minutes. Il y a des joueurs frais, des joueurs forts, et tactiquement aussi. Parfois, tu sais limite que tu ne pourras pas gagner les matches, que ce sera vraiment très difficile. C’est pour cela que j’aime le championnat de France. Il me manque parfois, parce que tu sais que ce sera un match difficile. Tu dois gérer le jeu. Tu dois créer quelque chose parce que, oui, tout le monde est proche en termes de niveau, tout le monde court, tu dois marquer et si tu perds, tu dois marquer à nouveau. J’ai adoré la Ligue 1. Je pense que c’est la ligue qui a le plus de valeur dans le monde.
FM : qu’est-ce qui est le plus dur en Ligue 1 ?
YY : je pense que c’est un mix de tout. J’ai entendu dire que dans le championnat français, il n’y a pas beaucoup de technique. Non mec, je n’accepte pas ça. Bien sûr, dans le championnat français, il y a vraiment beaucoup de physique, c’est vrai, mais aussi beaucoup de joueurs talentueux techniquement. Ils peuvent s’adapter, tu imagines un jeu physique et du talent, quand vous mélangez, ça donne le championnat français. Tu le vois, beaucoup de joueurs s’exportent très bien hors de France. Ils sont déjà complets en quittant la France. C’est pour ça que, pour moi, c’est comme un parfait mélange.
FM : la saison dernière, tu as quitté le LOSC libre. Et il parait que l’OM a pensé à toi…
YY : oui, c’est vrai. Et j’ai eu beaucoup d’intérêts, de nombreux clubs. Mais vous savez, à cette époque, je ne voulais plus jouer en France parce que je voulais rester associé au LOSC. Je ne voulais pas partager mon nom avec un autre club français, parce que je respecte vraiment le club, ainsi que les fans. Moi, je suis un bébé sur le terrain. Les gens pensent que je ne suis pas émotif, que je suis froid. Le gars sur le terrain, oui, c’est vrai. Mais quand j’aime quelqu’un, j’aime vraiment. Par exemple, j’aime Lille, la ville et aussi les gens. Après les cinq ans là-bas, je ne sais pas, je ne voulais pas jouer avec un maillot différent en France. C’est pourquoi j’ai voulu du changement. Je veux dire, quitter le pays, c’était ce que j’ai ressenti sur le moment. Il y avait Marseille, mais pas que. Même en Italie.
FM : pourquoi avoir choisi de privilégier l’Olympiacos ?
YY : j’ai parlé à beaucoup de clubs, oui. Et quand l’Olympiacos m’a appelé, j’ai senti que j’allais aller là-bas après Lille. Parce qu’au LOSC, je me sentais comme chez moi. Et quand j’ai parlé avec l’Olympiacos, je me suis senti comme si j’allais dans une autre maison. Je l’ai senti direct. Les gens sont accueillants et j’ai eu la sensation qu’en allant là-bas, j’allais être important. Même si j’ai été blessé toute la saison. J’ai décidé, je n’ai pas trop réfléchi, j’ai senti que je devais aller là bas.
FM : après un retour en club, il y a aussi la Turquie. Avec des objectifs l’année prochaine…
YY : l’année dernière, je pense que nous avons fait un bon championnat d’Europe et que nous pouvions faire plus. Mais nous ne l’avons pas fait. En fin de compte, je pense que nous avons réussi, mais comme je l’ai dit, nous pouvions faire plus dans la compétition. Cette année, nous avons une qualification pour la Coupe du monde, et je pense que c’est notre objectif cette année d’aller au Mondial.
FM : après avoir joué en Turquie réputée pour sa grosse ambiance, tu connais désormais le public de l’Olympiacos…
YY : c’est un peuple chaud, les Grecs sont chauds en général. Quand je suis arrivé, je me sentais déjà comme à la maison. Et les gens me traitent comme je l’espérais même si je n’ai pas joué un seul match là-bas. Même après la blessure, quand j’allais au restaurant, les gens me disaient "bonjour, comment allez-vous ? Nous t’aimons. Nous croyons en toi. Tu vas revenir. Vous allez faire partie de l’histoire ici." Tu sais, même si tu n’as rien fait, tu as déjà l’impression d’avoir fait quelque chose, parce qu’ils te traitent comme un roi. C’est pourquoi je pense que cette chose est très importante pour moi, parce que je dis aux gens de ne pas s’inquiéter. Je vais faire de mon mieux et je vais vous rendre heureux, parce que je vous suis redevable. Je suis redevable à ce club. Et vous savez ce que je veux dire, je le dois à moi-même quand je dis que je dois à ce club, parce qu’ils me traitent vraiment bien.
En savoir plus sur