US Chauvigny, Julien Caillaud : «j'admire Mandanda, avec sa belle coupe d'été, il est beau, mais à un moment, il faut jouer !»

Par Lucas Billard
13 min.
Julien Caillaud, capitaine de l'US Chauvigny (N3) qui va affronter l'OM en Coupe de France @Maxppp

Pur Chauvinois et formé à l'US Chauvigny, Julien Caillaud a des étoiles plein les yeux à l'heure d'affronter l'OM, dimanche (21h), en 16e de finale de la Coupe de France. Le gardien de but et capitaine des Sang et Or, pensionnaires de N3, a exprimé en toute humilité à Foot Mercato la fierté qui l'habite avant de se confronter aux Olympiens. Un moment magique dont il entend bien profiter à 100%, du haut de ses 34 ans.

Reposé et débordant de joie de vivre, Julien Caillaud, du haut de ses 34 ans, est bien conscient qu'il vit la semaine la plus excitante de sa carrière sportive. Car au bout, c'est bien la réception de l'Olympique de Marseille, au stade Beaublanc de Limoges, qui attend le gardien et capitaine de l'US Chauvigny (N3), dans le cadre des 16es de finale de la Coupe de France. Une édition 2021-2022 de cette compétition qui fera date pour le club de la Vienne, au cœur d'une épopée historique après avoir notamment éliminé Le Havre, pensionnaire de Ligue 2, au 8e tour. Celui qui allie son métier de commercial en famille à sa vie de footballeur amateur, prêt à se mesurer à Mandanda, Payet ou encore Milik, s'est confié à Foot Mercato avant de voir son rêve devenir réalité.

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Foot Mercato : félicitations pour votre superbe parcours en Coupe de France. Maintenant, place à l'OM, un morceau d'un tout autre calibre. Quelle a été votre réaction au moment du tirage au sort ?

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Julien Caillaud : c'était la cerise sur le gâteau ! On avait été... pas déçus, mais perplexes, sur le tirage d'avant, parce qu'on espérait taper une Ligue 1. Donc on a juste repoussé l'échéance. On était tous dans le vestiaire au moment du tirage au sort. C'était un double bonheur cette journée là, car il y a eu la qualif (contre Chartres) et ensuite le tirage... pépite on va dire. Pour tout vous dire, j'étais sous la douche quand le tirage s'est effectué (le dimanche 19 décembre, NDLR). Un de mes partenaires avait le téléphone sous la douche, et quand on a appris que c'était l'OM, tout le monde a crié, sauté et tout ce qui s'en suit. On ne pouvait pas espérer mieux, concrètement.

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FM : Que ressentez-vous à l'idée d'affronter l'OM ?

JC : c'est un bonheur extrême pour tous footballeurs amateurs, c'est le rêve ultime que de jouer contre une Ligue 1. Qui plus est contre une Ligue 1 qui a un tel palmarès, avec la Ligue des champions notamment. On est appliqués car on veut donner une bonne image. Maintenant, ça reste que du bonheur. On a une certaine insouciance qui fait qu'on va y aller décomplexés et motivés.

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FM : vous allez jouer à Limoges, au stade Beaublanc (capacité de 13 000 spectateurs). Vous avez échappé aux contraintes gouvernementales liées à l'épidémie de Covid-19 (jauges de 5 000 spectateurs dès le 3 janvier 2022 pour au moins 3 semaines), mais vous ne jouerez finalement que devant 8 000 personnes, sur décision de la préfecture de la Haute-Vienne (qui avait initialement imposé une jauge à 5 000) notamment pour des raisons sanitaires. Comment avez-vous vécu ces montagnes russes ?

JC : on est passé un peu par toutes les émotions... de guichets fermés, on est d'abord passés à 5 000 places, donc c'était une déception pour l'ensemble des acteurs, les joueurs, les bénévoles et surtout les Chauvinois. Le fait de passer à 8 000 places, c'est le principe du verre à moitié plein ou à moitié vide. On va s'en contenter. Tout le monde semble avoir trouvé une place, ça reste une belle satisfaction. Le public fera une fois et demie plus de bruit pour combler le manque de spectateurs ! C'est un bonheur que d'être devant notre public, même si on est contraints de déménager quelque peu. Bien sûr que le palpitant il va cogner un petit peu plus vite que d'habitude ! On a la possibilité de jouer devant notre famille, nos amis... Tout le monde a des étoiles plein les yeux.

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FM : comment, en tant qu'amateurs, on prépare ce genre de grand rendez-vous contre des pros ? Le staff met-il plus de séances vidéo en place, plus de mises en place tactiques ?

JC : on est contraints de reprendre l'entraînement une semaine plus tôt, on a repris lundi. On a peut-être pris une coupe de champagne en moins et on s'est pas resservi du gigot ou autre (rires). Il a fallu être un petit peu plus raisonnables pendant les fêtes, notamment pour le 31 (décembre), mais c'est pour la bonne cause. Le but était quand même de transpirer un peu en début de semaine, puis d'avoir de l'analyse vidéo et de la mise en place tactique en fin de semaine.

FM : on vous sent sereins, pas plus stressé que cela. Comment expliquez-vous cela ?

JC : lundi, il y a eu une vraie décontraction. On est tous conscients que c'est un gros bonus, on était avant tout tous contents de se revoir après les fêtes. Il y a une vraie légèreté au niveau du groupe. C'est un vrai kif de partager ces moments là avec des plus jeunes, des moins jeunes... Tout le monde tire le groupe vers le haut. Le coach est là pour tout chapeauter. La mayonnaise prend bien entre les anciens et les dernières recrues.

FM : à l'entraînement, avant d'affronter Le Havre (8e tour), vous disiez, à La Nouvelle République, avoir vu dans les yeux de vos partenaires "de la force mais aussi pas mal de décontraction". Est-ce justement cet état d'esprit qui peut vous amener à créer un nouvel exploit ?

JC : il faut d'abord montrer une belle image, déjà : on a des forces physiques et mentales. Le groupe, humainement, est tellement top et serein... on ne va pas dire qu'on a l'impression que rien ne nous arrêtera, bien sûr, on a tous conscience de la chance qu'on a, mais il y a cette légèreté, cette décontraction... Tout ça cumulé fait que ça a crée une belle petite soupe de champagne.

«Taper l'OM ? En doux rêveur, je me dis "et pourquoi pas?"»

FM : croyez-vous à l'exploit contre l'OM ?

JC : tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. On sait que ça sera compliqué, mais s'il y a la moindre petite opportunité de créer l'exploit ou d'espérer le faire, bien sûr qu'on va tout saisir à pleine main. On a tous faim. On n'a pas les yeux plus gros que le ventre, mais on veut tous déjà donner une belle image, et après, comme on dit, Incha'Allah (rires). On veut avant toute chose donner une belle image de Chauvigny, de la ville, du club, et puis de nous, en tant que joueurs. Ce serait prétentieux de dire qu'on va passer et qu'on va taper l'OM... je ne veux même pas y songer, même si, en doux rêveur, je me dis "et pourquoi pas ?". J'admire Mandanda, avec sa belle coupe d'été, il est beau, mais à un moment, il faut jouer !

FM : justement, c'est une belle vitrine pour vous et vos coéquipiers...

JC : c'est vrai. À titre personnel, je serais content, ce serait une belle fin. C'est très bien pour les jeunes du club, pour le club en tant que tel, et c'est rendre la monnaie de la pièce à tous les bénévoles, au président, à tous ces travailleurs de l'ombre. Les vrais héros, ce sont pas les 22 gars sur le terrain, mais vraiment tout ce qu'il y a autour, dans l'organisation. Quel bonheur de recevoir un club comme l'OM. Je pensais que ça n'arriverait jamais... quand on regardait Téléfoot ou d'autres émissions, on se disait "pourquoi pas nous ?" Maintenant, c'est nous qui sommes derrière la télé... C'est inespéré, unique, on a tous conscience de la chance qu'on a.

FM : quelle approche allez-vous avoir dans ce match ? Visez-vous le nul pour emmener les Marseillais aux tirs au but ?

JC : on a conscience que le fait de ne plus avoir de prolongation, c'est un vrai plus pour les petits clubs. On avait réussi cet exploit face au Havre. Là, le souci, c'est qu'il y a un certain Dimitri Payet ou un certain (Arkadiusz) Milik qui peuvent à tout moment appuyer sur un bouton et nous faire mal. Chaque minute qui va passer sera une réussite supplémentaire.

FM : vous parlez de Mlik, Payet... comment, en tant que gardien, on appréhende un tel match ?

JC : c'est un peu en mode Jean-Claude Dusse (le légendaire personnage de personnage interprété par Michel Blanc dans "Les Bronzés", NDLR) : "dis-toi que t'as aucune chance, vas-y fonce". On a conscience que la moindre frappe peut être fatale à tout endroit du terrain. Mais c'est tellement imprévisible... Le kif ultime serait d'arrêter ne serait-ce qu'un bout de frappe, même une frappe qui va en-dehors du but, ça sera déjà un grand bonheur pour moi. Bien sûr, je vais redoubler de vigilance, faire du mieux que possible, comme dans toutes compétitions.

«Je leur souhaite d'avoir bien profité et de nous faire un joli cadeau de Noël en retard.»

FM : comment aborder l'aspect mental, face à des Guendouzi par exemple qui peuvent vous faire sortir de votre match ?

JC : il ne faut pas s'emballer. On peut avoir tendance, dans ce genre de match, à avoir des réactions un peu plus extrêmes, de par l'enjeu. On n'a pas à tomber dans leur jeu. S'ils viennent à nous titiller sur ce genre de domaine, même si c'est le foot et ça me va bien, ça voudrait dire qu'ils ne seront pas trop bien quelque part. S'ils cherchent à nous déstabiliser, ça sera bon signe.

FM : Que vous inspirent les exploits d'Andrézieux (victoire 2-0 le 6 janvier 2019 en 32e de finale) ou encore de Canet en Roussillon (7 mars 2021, 2-1) contre l'OM ?

JC : ce sont des professionnels, j'ose espérer pour eux qu'ils sont sereins. Peut-être trop, c'est peut-être ce qui va nous avantager. On exploitera la moindre faille, en espérant qu'il y en ait ne serait-ce qu'une. On va tout donner pour le blason. On a conscience qu'en face, c'est le troisième de Ligue 1. Sur le papier, on a aucune chance. Mais sur le papier. C'est du foot, ce qui fait la beauté de ce sport.

FM : au final, ce sont aussi des hommes, avec deux bras et deux jambes...

JC : c'est ça, et puis peut-être qu'ils auront fait un peu plus d'excès pendant les fêtes, je leur souhaite d'avoir bien profité et puis de nous faire un joli cadeau de Noël en retard (rires).

FM : il y a-t-il un maillot que vous aimeriez récupérer après le match ?

JC : automatiquement, je serais preneur de celui de Mandanda... ce ne sera probablement pas la même taille parce qu'il est bien plus golgoth que moi, mais si Steve n'est pas trop frileux et qu'il veut bien sortir du terrain en marcel, je suis preneur de son maillot, ça c'est sûr ! S'il veut me filer son maillot, il fera un heureux.

FM : d'un point de vue personnel, vous avez 34 ans, vous êtes au club depuis 3 ans, et vous aviez déjà songé à prendre votre retraite. Quels sont les plans pour le reste de votre carrière ?

JC : je m'étais fait mon kif il y a quatre ans, j'avais joué en 4ème division de district, en tant qu'attaquant. Mon petit kif, il est déjà fait. C'était pas prévu que je reprenne. J'arrive me détacher par rapport à tout ça. Ce qui m'arrive, c'est inespéré, du début à la fin. Tant jouer en N3 que de faire cette épopée en Coupe de France. La boucle est bouclée, je prends ce qu'il y a à prendre, ça va s'arrêter à un moment donné. Après, je pourrai ranger les crampons au chaud, et montrer tout ça à mon fils, avec grand bonheur, avec les yeux qui seront toujours plein d'étoiles même dans 10 ans. La vie est belle, il faut vraiment prendre un max de plaisir en tous points. Il faut croquer la vie à pleines dents. Je ne vais pas dire croquer les Marseillais à pleines dents, là, ça serait prétentieux (rires).

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