Au Stade de Reims, on ne parle pas d'âge

Par Josué Cassé
4 min.
Hugo Ekitike et Ilan Kebbal célèbrent avec le public rémois  @Maxppp

Victorieux du FC Nantes (3-1) lors de la huitième journée de Ligue 1, le Stade de Reims a décroché son premier succès au Stade Auguste-Delaune depuis janvier dernier. Auteur d'un doublé quelques instants après son entrée en jeu, Hugo Ekitike (19 ans) s'est une nouvelle fois illustré. Une réussite précoce, symbole du modèle rémois porté par ses jeunes pousses. Retour sur cette jeunesse montante qui s'impose progressivement comme une référence en Europe.

«Quand j'entre sur le terrain, je joue comme si j'étais chez moi, je pense à moi, je joue, je m'amuse, je prends du plaisir», déclarait Alexis Flips (21 ans), ce dimanche, en conférence de presse d'après match. Grand artisan de la victoire rémoise contre les Canaris (3-1), l'attaquant précoce du SDR, arrivé en provenance de Lille l'hiver dernier, symbolise ce vent de fraîcheur soufflant actuellement sur le club champenois. Et il n'est pas le seul : Ilan Kebbal (23 ans), Hugo Ekitike (19 ans), N'dri Philippe Koffi (19 ans), El Bilal Touré (19 ans), Nathanaël Mbuku (19 ans), la liste est longue et la jeunesse est clairement à l'honneur au Stade de Reims. Plus encore, elle se montre décisive au point d'en devenir une véritable référence européenne.

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La jeunesse rémoise, une référence en Europe !

Pointant à la 11ème place du championnat, à seulement trois points du podium, les hommes d'Oscar Garcia réalisent un début de saison cohérent sur le plan comptable (2 victoires, 4 nuls, 2 défaites) et affichent un visage décomplexé dans leurs intentions de jeu. Le tout avec un nouvel entraîneur, disciple de Johan Cruyff, et le cinquième effectif le plus jeune de Ligue 1 (24,2 ans de moyenne d'âge). Une inexpérience qui pourrait s'avérer comme une limite de ce groupe professionnel mais qui se révèle, en tout point, comme un véritable atout. Et les statistiques sont là pour le confirmer : Ilan Kebbal (1 but, 3 passes décisives), Hugo Ekitike (3 buts, 1 passe décisive), N'dri Philippe Koffi (1 but en 4 matches), Alexis Flips (1 but, 2 passes décisives), Moreto Cassamá (23 ans, 2 buts en 5 matches).

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Sur les dix buts marqués par le Stade de Reims depuis la reprise du championnat, huit ont donc été inscrits par un joueur de 23 ans ou moins. Un ratio impressionnant de 80% des réalisations du club pour cette jeunesse rémoise talentueuse et efficace à l'origine, également, de six passes décisives... Plus encore, après le doublé inscrit par Ekitike contre le FC Nantes, le Stade de Reims s’affirme désormais comme une référence à l'échelle européenne. En effet, il s’agit aujourd'hui du club ayant les jeunes nés au 21e siècle qui marquent le plus de buts en Ligue 1 Uber Eats depuis la saison passée (13 buts : 4 El Bilal Touré, 4 Nathanaël Mbuku, 3 Hugo Ekitike, 1 N’Dri Koffi, 1 Alexis Flips). Seul le Borussia Dortmund en compte plus dans le Top 5 européen sur la période.

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Une équipe réserve très proche du groupe professionnel

Des statistiques révélatrices de la stratégie rémoise : façonner les talents de demain et les révéler comme en témoigne les propos du technicien espagnol âgé de 48 ans : «je n'ai pas peur de faire jouer les jeunes, qui ont de la qualité, qui travaillent, qui me montrent qu'ils sont les meilleurs à leur poste. Je regarde les performances à l'entraînement, ce dont on a besoin dans le match, pendant le match». Car au-delà des chiffres, c'est bel et bien un modèle qui s'instaure au sein du club champenois : promouvoir des talents, à peine majeur, et mettre à l'honneur la formation et la post-formation rémoise.

Une politique de recrutement prenant racine autour de trois canaux : l'académie classique avec des jeunes issus du centre de formation du SDR labélisé prestige par la DTN depuis juillet 2020 (Ekitike et Mbuku), d'autres avec un parcours qui ne leur ont pas permis d'intégrer une académie (Kebbal) ou encore ceux repérés en post-formation (Koffi). Excepté Ilan Kebbal, Reims dispose donc de cette singularité : El Bilal Touré, Nathanaël Mbuku, Hugo Ekitike ou encore N'Dri Koffi sont tous issus du groupe pro 2, modèle de post-formation en France. Une stratégie différente de celle observée au sein de nombreux clubs où un jeune talent prometteur est souvent directement lancé dans le grand bain des professionnels. À Reims, cette fameuse réserve nommée «Pro 2» (plus jeune réserve de France) est ainsi un passage obligatoire.

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«À nos yeux, il fallait un sas entre l'académie et le vrai monde pro», justifiait d'ailleurs récemment Mathieu Lacour, le directeur général délégué. «Dans ce sas, on ne met que des professionnels, mais ce statut ne représente plus rien. Avant, on se disait qu'au bout de quinze matches on faisait signer leur premier contrat aux joueurs. Maintenant, il y a un enjeu économique, celui de sécuriser contractuellement nos joueurs. L'objectif n'est pas d'aller chercher le premier contrat mais le deuxième.» Un choix s'avérant payant puisqu'à l'heure actuelle, 13 éléments sur les 28 de l'équipe première sont issus de ce sas. Plus encore, il s'agit d'une stratégie assumée, et ce, même au prisme du marché des transferts. Preuve en est, quand un joueur de la trempe de Boulaye Dia quitte le navire champenois, c'est bel et bien des profils similaires tels qu'El Bilal Touré ou Ekitike, issus de cette Pro 2, qui sont privilégiés pour intégrer l'effectif professionnel. Non, au Stade de Reims, on ne parle pas d’âge mais cette jeune pousse semble bien disposer d'un avenir radieux.

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