Euro 2020 : Thierry Henry, la french touch de la Belgique

Par Dahbia Hattabi
6 min.
Thierry Henry avec la Belgique @Maxppp

De retour au sein du staff de Roberto Martinez durant l'Euro 2020, Thierry Henry distille ses précieux conseils aux Belges tout en nouant avec eux une relation forte et fraternelle. Gros plan sur le dernier Français en lice.

L'union fait la force. Le 30 mai dernier, la Belgique et Thierry Henry ont décidé de convoler en secondes noces. Les deux parties restaient sur un premier mariage globalement réussi entre 2016 et 2018. Assistant de Roberto Martinez, le Français avait vécu le Mondial en Russie aux côtés des Diables Rouges. Une expérience enrichissante tant humainement que professionnellement. Mais le natif des Ulis avait décidé de rompre quelques mois plus tard pour retourner vers son premier amour : l'AS Monaco. Révélé là-bas en tant que joueur, il n'avait pas hésité à dire oui quand le poste d'entraîneur principal lui a été proposé en octobre 2018.

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Une seconde noce avec la Belgique

Mais ce retour de flamme avec le club de la Principauté n'a pas fonctionné. Quatre mois après son arrivée, il était mis à pied à titre conservatoire et remplacé par Leonardo Jardim, auquel il avait succédé en octobre. Touché en plein cœur, Henry a patienté avant de se lancer à nouveau. Et en novembre 2019, il a fini par céder aux avances répétées de l'Impact Montréal. Une franchise de MLS avec laquelle il a pu continuer son apprentissage. Mais le 26 février dernier, Henry a annoncé son départ, souhaitant notamment de se rapprocher de ses proches basés à Londres.

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Associé au projet de reprise d'Arsenal et courtisé par Bournemouth, il se destinait à être consultant pour la BBC durant l'Euro. Mais le Frenchy ne résistait pas longtemps quand la Belgique revenait lui faire les yeux doux. Le 30 mai marquait donc le début de sa nouvelle alliance avec les Diables Rouges. Unis pour le meilleur et pour le pire, les deux parties avaient hâte de revivre à nouveau ensemble et de faire mieux que la troisième place en 2018. Malgré un staff étoffé de 44 personnes, Roberto Martinez voulait absolument avoir Thierry Henry à ses côtés.

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Un rôle taillé sur mesure

«J'avais le besoin d'un coach supplémentaire pour ce tournoi», avait expliqué l'Espagnol. Journaliste et responsable de la rubrique football à La Dernière Heure, Christophe Franken nous en dit plus sur les coulisses de ce retour. «Roberto Martinez l'a rappelé parce qu'il était libre et qu'il sentait qu'il pouvait apporter quelque chose en plus dans son staff. Son travail avant et au Mondial 2018 avait été apprécié et Martinez a donc lui-même pris l'initiative de lui demander de revenir». Trois jours avant le début de l'Euro, Henry retrouvait donc le camp de base de Tubize pour mener à bien sa nouvelle mission.

Il faut dire que ses responsabilités étaient bien précises comme nous l'explique Christophe Franken.«Il est le T3 (deuxième adjoint). Il s'occupe plus particulièrement des attaquants. Il travaille sur les mouvements offensifs de l'équipe, l'animation et les lignes de course. Romelu Lukaku, dont il est très proche, estime qu'Henry est devenu un meilleur coach après ses expériences de T1. Il aide mieux les attaquants à travailler leur placement défensif (...). Il peut donner son avis sur d'autres aspects mais il reste dans sa mission, sans vouloir vexer d'autres membres du staff en essayant de s'approprier leurs tâches. C'est aussi comme ça qu'il justifie son silence médiatique, les T3 des autres pays ne parlent pas».

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Un homme de l'ombre

De quoi faire les affaires d'un Henry qui préfère donc rester dans l'ombre. Moins celles des médias locaux qui aimeraient un peu plus l'approcher. «En Belgique, le phénomène de curiosité est passé mais on est toujours fier de l'avoir dans le staff. Ça reste quelque chose de particulier. La presse belge aimerait juste pouvoir l'approcher un peu plus mais il refuse». Le Français ne veut faire parler de lui que pour son travail. Et de l'avis de tous, c'est un vrai atout pour Martinez et la Belgique.

Le journaliste de La Dernière Heure nous confie : «oui, c'est clairement un plus. Quelle sélection pourrait oser dire ne pas avoir besoin de l'expertise et de l'aura d'une légende de ce sport comme Thierry Henry ? Il fabrique aussi des liens dans tout le groupe en partageant ses expériences. Il est le seul dans le staff à avoir connu le tout haut niveau». En effet, Henry a noué une relation forte voire même fraternelle avec les joueurs, lui qui est un exemple de par son expérience. Il participe aussi activement à la vie d'un groupe où ses conseils sont pris très au sérieux.

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Un grand frère et un exemple

Bizuté à nouveau pour son retour, il prend part aux parties de basket et de cartes sur les temps libre et participe aux entraînements. On a d'ailleurs vu qu'il avait de beaux restes dans une vidéo publiée sur le compte Twitter des Diables Rouges. On y voit l'ancien attaquant marquer un coup franc du gauche en pleine lucarne au troisième gardien avec en commentaire : «la classe est permanente». Ce qui avait fait réagir les stars de la sélection.« C’est le problème. On s’entraîne depuis une heure et demie, on a marqué quelques buts, et lui arrive avec son pied gauche et nous tue», avait déclaré Kevin De Bruyne. « Ce gars est à la retraite depuis dix ans, et il vient de tuer mon pays tout entier », surenchérissait Romelu Lukaku.

Un joueur dont il est très proche aussi en match vu son rôle. « Quand il voit quelque chose, il me le dit. Parfois même en plein match. Et à l'inverse, si j'ai un message à faire passer, je n'hésite pas à communiquer avec lui et je sais qu'il en parlera avec le sélectionneur. C'est important qu'on soit tous sur la même ligne», a avoué Big Rom. Véritable grand frère auprès de joueurs très demandeurs, Thierry Henry a su trouver sa place au sein de la grande famille belge. Une famille qui lui a ouvert grand les bras et où certains l'imaginent même prendre un jour la succession de Roberto Martinez. Mais il faudra patienter puisque le coach espagnol sera présent au moins jusqu'au Mondial 2022.

Un avenir en Belgique ?

De son côté, le Français de 43 ans aimerait reprendre du service en tant que numéro un, lui qui a à cœur de prouver qu'il est fait pour ce métier et non pour être un éternel adjoint. En tout cas, en Belgique on est convaincu de son succès. «Je ne crois pas qu'il soit meilleur adjoint que coach mais l'avenir le dira. Il a fait des erreurs pour ses débuts de T1, notamment en arrivant à un mauvais moment à Monaco. Selon des joueurs, il est conscient de certaines fautes dans son management mais il reste très motivé pour réussir en tant qu'entraîneur en chef. Il n'a signé avec la Belgique que pour le tournoi. Il veut rapidement retrouver un banc», nous assure Christophe Franken.

Avec l'élimination des Bleus lundi face à la Suisse et l'UEFA qui a écarté l'arbitre Clément Turpin, Thierry Henry est désormais le dernier représentant tricolore durant cet Euro, en mettant de côté le Danois Pierre-Emile Højbjerg, dont la maman est française, et le néo-Espagnol Aymeric Laporte. Vendredi, vingt-et-un ans après avoir remporté le championnat d'Europe face à la Squadra Azzurra avec les Bleus, il tentera d'aider à sa façon la Belgique à éliminer l'Italie et à se rapprocher de son rêve. Un rêve commun pour la Belgique et Thierry Henry, bien décidés à être unis cette fois pour le meilleur et rien que le meilleur.

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