Ligue des Champions, Inter Milan - AC Milan : le flou règne toujours autour de San Siro !

Par Valentin Feuillette
7 min.
Le mythique stade San Siro - Giuseppe Meazza lors du derby milanais @Maxppp

Derrière l’affiche dorée entre l’AC Milan et l’Inter Milan, deux géants du football italien et européen, un autre combat se poursuit en filigrane. L’avenir de San Siro continue d’être activement débattu dans la ville lombarde.

Si l’Inter Milan et l’AC Milan s’apprêtent à recroiser le fer pour un ultime duel, dans le cadre des demi-finales retour de Ligue des Champions, un autre événement transversal profite de cette affiche pour refaire couler de l’encre dans la presse italienne : le cas de San Siro, ou plutôt du stade Giuseppe-Meazza de son nom officiel. Le 24 juin 2019, le président de l’AC Milan, Paolo Scaroni avait alors annoncé la future démolition de l’enceinte italienne : «Nous allons réaliser un nouveau San Siro proche de l’ancien, dans la même aire de construction. Le vieux stade sera détruit et à la place, il y aura de nouvelles constructions», avait-il déclaré. Une décision prise avec l’accord du dirigeant de l’Inter Milan, Alessandro Antonello. Le problème est que le stade mythique appartient à la ville de Milan donc toutes manœuvres souhaitées par les clubs sont compliquées à réaliser aujourd’hui.

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Depuis ce traumatisant mois de juin 2019 dans l’histoire du football italien, de l’eau a coulé sous les ponts et de nombreux rebondissements sont venus se greffer à l’avenir de San Siro, au point de rendre l’actualité du stade illisible voire incompréhensible. Démolition ou rénovation ? Milan ou sa proche banlieue ? Nouvelle cohabitation entre les deux clubs milanais ou deux stades distincts pour des joutes plus électriques ? Tellement de questions restent encore en suspens après quatre années d’éternelles réunions avec la Municipalité milanaise, la direction des deux clubs et parfois même des membres des gouvernements italiens successifs.

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Toujours dans l’inconnu

Deux jours après le match aller de la demi-finale remporté par l’Inter (0-2), une nouvelle réunion s’est tenue au Palazzo Marino à Milan avec toutes les parties concernées pour discuter du projet de nouveau stade. Un entretien entre la municipalité, les deux équipes et la surintendante Emanuela Carpani pour éclaircir les prochains mois. Le dirigeant Alessandro Antonello était présent pour les Nerazzurri, tandis que les Rossoneri ont envoyé le dirigeant Giorgio Furlani et le conseiller Giuseppe Bonomi. Une mise à jour utile pour connaître l’évolution de la situation qui - dans l’intérêt des clubs - ne doit plus connaître de phases de blocage ou d’immobilisme. Le flou autour de San Siro , qu’il soit ancien ou nouveau, continue de diviser les parties concernées. Les clubs, la Municipalité, les citoyens et la politique sont désormais perchés chacun sur leurs positions et la situation est dans l’impasse. Tout cela se transforme en un climat très précaire, qui ajoute de l’instabilité à la ville.

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En particulier, la Municipalité et les deux clubs ont demandé à la surintendante «de vérifier l’existence, positive ou négative, des conditions d’intérêt culturel sur l’installation existante, sans attendre 2025, année où la structure du deuxième anneau atteindra 70 années de vie, déclenchant ainsi l’obligation de vérifier l’intérêt culturel» L’urgence découle de la nécessité pour les équipes de pouvoir poursuivre le processus de construction de la nouvelle enceinte. La priorité du moment est de comprendre si cet «intérêt culturel» pourrait concrètement être un obstacle à la démolition de Giuseppe-Meazza. La Municipalité a toutefois précisé que «la présence de deux stades adjacents et fonctionnels doit être évitée, ce n’est pas considéré comme gérable en raison de l’impact qui en résulte sur le trafic, la pollution sonore et la sécurité. Et donc pour la vie des familles résidant dans le quartier», ce qu’espèrent avant tout l’Inter et l’AC Milan, qui travaillent depuis des années sur ce projet.

Les alternatives proposées

Lassés de voir leurs rêves amputés, les propriétaires milliardaires Paul Singer pour Milan et Steven Zhang pour l’Inter ont décidé de sortir leur carte joker, mettant sur la table plusieurs plans B. Ils prévoient de construire un nouveau stade non plus à Milan, mais dans l’une des trois villes de la banlieue milanaise identifiées comme de solides alternatives. Plus tôt dans la saison, huit membres du conseil municipal de Milan avaient annoncé leur opposition ferme aux projets de l’Inter et de l’AC Milan de démolir San Siro et de construire un nouveau stade. Les déclarations de Giuseppe Sala (maire de Milan), Vittorio Sgarbi (sous-secrétaire à la Culture), Silvio Berlusconi et Matteo Salvini (vice-Premier ministre) avaient enflammé le dossier. Les deux clubs ont toujours répété que, si les tempêtes médiatiques et politiques successives étaient trop intenses, ils opteraient pour une autre solution. L’hypothèse de déménager à Sesto San Giovanni, commune de 80 000 habitants à 10km de Milan, restait d’actualité pendant plusieurs mois, chaleureusement soutenue par le maire Roberto Di Stefano qui se tient toujours prêt pour accueillir les Rossoneri et les Nerazzurri.

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D’autres possibilités ont également été mises sur la table par la direction milanaise. Notamment les petites villes lombardes de Segrate ou à San Donato Milanese, situées à une dizaine du centre-ville de Milan. Le stade actuel pose de grands problèmes en terme de sécurité et de vétusté. Evidemment, les deux équipes milanaises n’aiment pas ça, mais la Municipalité n’a aucun moyen de s’engager à construire un nouveau stade sans démolir la Scala del Calcio, qui est de loin le monument le plus visité de Milan (après le Duomo). Le projet du nouveau stade n’implique pas seulement l’aspect sportif. Les propriétés de l’Inter et de Milan ont des objectifs clairs, elles veulent redévelopper l’ensemble du quartier en construisant et gérant des centaines de milliers de m² de surfaces commerciales, d’hôtels et de résidences de luxe. Ce véritable hub sportif prévoit de transformer les immenses stationnements asphaltés, actuellement inutilisés 6 jours sur 7, en espaces toujours disponibles pour les sportifs et les familles, avec une revitalisation qui profiterait à toute la ville. Les alternatives identifiées présentent des problèmes critiques, mais sont plausibles et durables, en particulier Sesto San Giovanni, qui dispose d’une station de métro et de chemin de fer à proximité.

L’année 2026 en ligne de mire

«Dans notre dossier, nous garantissons que San Siro continuera à fonctionner en 2026. Si nous voulons aménager un nouveau stade, nous déciderons de son sort. Pour le moment, les choses se passeraient ainsi : en 2026, ce serait le lieu de la cérémonie d’ouverture des Jeux», a affirmé le maire de Milan, Giuseppe Sala qui refuse que le dossier se clôture avant les Jeux Olympiques d’Hiver Milano-Cortina, organisés entre Milan et Cortina d’Ampezzo entre le 6 février et le 22 février 2026. L’objectif est d’offrir une belle tournée d’adieux à cette enceinte mythique en accueillant la cérémonie d’ouverture à l’un des plus grands événements sportifs au monde. La nouvelle échéance évoquée pour la construction du nouveau stade pour les deux clubs milanais est donc la saison 2027-2028. Une fois que «La Cattedrale», surnom du nouveau stade à venir, sera prêt à ouvrir ses portes, il ne «restera plus rien» de San Siro, selon les termes évoqués par la Gazzetta dello Sport : aucun vestige, aucune pièce ne sera conservée.

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L’autre événement en lien avec San Siro n’est autre que l’Euro 2032. Avec la Turquie et la Russie (candidature finalement annulée par l’UEFA en raison de l’invasion en Ukraine), l’Italie a également posé un dossier de candidature officielle pour l’organisation de l’Euro 2032 et figure aujourd’hui parmi les favoris. Mais dans un pays où les stades sont vieillissants avec une économie footballistique toujours plus instable, le pays de la Nazionale doit encore peaufiner certains aspects de son dossier. Avec un stade flambant neuf, l’appel d’offre italienne prendrait une belle ampleur : «Combien d’argent faut-il pour les stades ? Turin est un stade d’avant-garde, Rome et Milan devront être améliorés, il y a différentes idées sur Milan. Pour les stades qui restent, il y en a environ 1,5 milliard, mais le point est le rôle dans la ville, je ne pense pas que ce soit un coût mais un investissement rentable, mais ils doivent être sûrs, accessibles, respectueux de l’environnement et des stades intelligents de la technologie», a déclaré le ministre des Sports, Andrea Abodi (SP). Pour rappel, les villes italiennes choisies et inclues dans le dossier de candidature sont les suivantes : Rome, Milan, Naples, Turin, Palerme, Gênes, Bologne, Florence, Bari, Cagliari et Vérone. Le pays hôte sera officiellement déterminé en septembre prochain.

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