Christophe Fauvel, président du Bergerac Périgord FC : «le rêve fait partie de notre vie»

Par Maxime Barbaud
7 min.
Christophe Fauvel, le président du Bergerac Périgord FC @Maxppp

Avant de jouer le second 8e de finale de Coupe de France de son histoire face à Saint-Étienne, Bergerac vit déjà une saison très réussit. Malgré des complications liées au contexte sanitaire et à un problème de stade, le Petit Poucet de la compétition (avec Versailles) se présente gonflé à bloc, porté par ses excellents résultats en coupe et en National 2, dont il est leader de son groupe. Son président, Christophe Fauvel, se donne en tout cas le droit de rêver.

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Les 500 places supplémentaires pour match ⁦ pour avoir édité les billets rapidement

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Christophe Fauvel : les billets se sont arrachés, on est malheureusement sur une jauge à 2700 billets qui étaient à vendre (l'interview a été réalisée le 25 janvier, depuis, la préfecture de Dordogne a autorisé la vente de 500 places supplémentaires, ndlr). On a privilégié au maximum nos licenciés, nos partenaires et nos abonnés pour les premières préventes de billets. En ne traitant que ces demandes, on avait déjà vendu 2000 billets, ça veut dire qu’il ne restait plus que 700 billets pour ce match. J’ai réitéré une nouvelle fois au préfet de la Dordogne pour essayer d’assouplir cette jauge (demande qui a donc été acceptée, ndlr). Ce qui est extrêmement rageant c’est qu’on joue ce match le 30 janvier et que les jauges s’appliquent jusqu’au 2 février. À cette date, on pourra mettre 10 000 spectateurs et personne ne dira rien. À deux jours, on est quand même contrarié de ne pas offrir plus de plaisir au public, qui attend cet événement avec beaucoup d’appétence.

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FM : vous avez également eu des problèmes pour trouver le stade...

CF : notre stade fétiche à Bergerac a été frappé, comme tous les autres, par les jauges avec un siège sur deux, voir un siège sur trois selon les interprétations. À Bergerac, il n'y a que 2200 places assises. Si vous divisez au mieux, ça faisait 1100 places disponibles, moins les 450 réservées à chaque fois par la fédération et les partenaires officiels ça faisait moins de 700 places à vendre donc à Bergerac, c’est rapidement devenu impossible avec la jauge. On s’est tourné vers des stades comme Brive, Limoges, Libourne et Périgueux. Pour diverses raisons variées, soit l’éloignement pour Limoges, le manque de disponibilité par rapport à des matches de rugby qui se déroulaient la veille de notre match, on s’est rabattu sur Périgueux (à environ 50 km, ndlr), qui a l’immense mérite de conserver cette affiche en Dordogne et en Périgord, avec une jauge pour le moment à 3200 places. C’était un moindre mal vu le contexte.

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FM : vous aviez une volonté de conserver le match en Périgord ?

CF : oui la première des priorités, c’était de jouer à Bergerac car c’est devenu notre jardin à force de faire cette année ou les années précédentes quelques exploits en Coupe de France. Les joueurs ont complètement leurs repères dans ce stade mais à partir du moment où il fallait délocaliser, il fallait le faire le moins loin possible. Encore une fois, on a eu une stratégie au sein du club de privilégier nos licenciés, nos abonnés et nos partenaires pour la vente des places. Ça veut dire que le public, qui sera à Périgueux dimanche soir, sera acquis à la cause de Bergerac. On aura des fans avant d’avoir des spectateurs.

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«Saint-Étienne doit être un des clubs les plus populaires en France»

FM : ça vous inspire quoi de jouer contre l’AS Saint-Étienne ?

CF : un immense respect par rapport à ce club mythique pour beaucoup de footballeurs, de générations un peu plans anciennes qu’aujourd'hui (rires), mais c’est un club où sont passés de très très grands joueurs dans les années 70/80 avec les Piazza, les Platini, les Larqué, les Rocheteau, des entraîneurs mythiques comme Robert Herbin pour ne citer que ces gens-là. Pour une certaine génération, ça coche plein de cases. Je crois qu'en termes de notoriété après l’OM et le PSG, Saint-Étienne doit être un des clubs les plus populaires en France. Il y a des clubs de supporters de Saint-Étienne un peu partout, comme pour Marseille et Paris. Pour le Périgord, qui n’est pas forcément à la base une terre de foot, mais plutôt dans un sud-ouest où le rugby a bien ses marques, je crois que c’est un super clin d’œil d’accueillir une telle affiche et une telle équipe que sont les Verts.

FM : ce second 8e de finale de l'histoire du club (après 2017) et votre belle saison en championnat (leader de National 2 avec trois points d'avance, ndlr) montrent que Bergerac continue de grandir...

CF : on avait perdu de justesse dans les arrêts de jeu. C’était un sacré moment aussi. À l’époque, on avait délocalisé à Libourne, on a perdu alors on essaye un nouveau stade cette année (rires). On est très superstitieux dans le football et malheureusement, je n’échappe pas à la règle (rires). On essaie à Bergerac de gravir les échelons et les étapes les unes après les autres. On n’avait jamais atteint un 8e, on l’a fait il y a 5 ans. On n’avait jamais battu une Ligue 1, on l’a fait cette année. On n'a jamais atteint un quart de finale donc on va essayer de repousser la limite un peu plus loin et pourquoi pas poursuivre le rêve avec un tour supplémentaire. On sait que sur un match, tout est possible mais, même si Saint-Étienne est le grandissime favori de cette rencontre.

FM : après Metz et Créteil et face à la situation difficile que vit actuellement Saint-Étienne, vous vous donnez le droit de rêver ?

CF : le rêve fait partie de notre vie. Saint-Étienne, ça n’a échappé à personne, est en difficulté dans son championnat, mais a beaucoup recruté, et ne ressemblera pas au Saint-Étienne du mois de décembre et de début janvier, avec pas mal de coéquipiers africains qui rentrent de la CAN cette semaine. Je pense qu’on aura une belle équipe de Saint-Étienne face à nous. Ça va être compliqué, on le sait d’avance mais notre équipe est sur une super série. Elle n’a pas encaissé le moindre but en 8 matches de Coupe de France quand même. C’est une sacrée performance, surtout face à des équipes de haut de tableau de National 3 comme Montluçon et le Stade Bordelais, plus une équipe de Ligue 1 et de National. Puis depuis le mois de septembre, on est sur un série de 18 matches sans défaite, championnat et coupe confondus. Notre équipe est solide et en confiance. Il en faut pour réussir des exploits. On n’en a pas d’excès de confiance, parce que ce n’est pas la marque de fabrique du club et de ce groupe de joueurs. On est dans l’humilité mais ça n’exclut pas l’ambition. C’est notre marque de fabrique, je pense.

«le premier objectif que l’on avait fixé, c’était de vivre des émotions ensemble»

FM : après un an et demi sans jouer, cette saison ne vous semble-t-elle pas inespérée ?

CF : on est nous-mêmes surpris car on partait avec beaucoup d’inconnus après deux saisons blanches. On partait sur un nouveau projet, un rajeunissement de l’effectif, un changement de staff technique, lui aussi rajeuni avec un entraîneur et un adjoint qui ne connaissaient pas le niveau National 2, qui le découvrent. Il y avait beaucoup d’incertitudes et un budget réduit, et se retrouver à cette place à ce moment-là de la saison… On savoure déjà ce qui nous arrive, car je ne sais pas si on sera compétitif dans la course à la montée jusqu’au bout.

FM : avec une telle série de résultats, vous n'y pensez pas plus que cela ?

CF : ça ouvre l’appétit, c’est évident mais c’est vrai que le premier objectif que l’on avait fixé, c’était de vivre des émotions ensemble. Cet objectif est complètement validé et coché. Mais, on avait dit aussi qu’il était hors de question pour nous de parler de montée au mois d’août, mais qu’on regarderait le classement de l’équipe au mois de mars et avril, et alors on ne s’interdirait rien du tout. On va attendre mars-avril et voir où est-ce qu’on se positionne, et si on est toujours apte, pourquoi jouer cette montée.

FM : votre saison est d'ores et déjà réussie et valide votre prise de risque d'avoir confié les clés de l'équipe à un entraîneur inexpérimenté, Erwan Lannuzel (33 ans), et même à votre fils, Paul Fauvel (24 ans), qui est directeur général du club depuis trois ans maintenant. Donner des responsabilités à la jeunesse ne vous fait pas peur ?

CF : je crois que c’est une marque de fabrique qui me caractérise de faire confiance aux jeunes, de tenter des coups car souvent, on les bride un peu pour leur laisser la possibilité de s’exprimer en disant :«ils sont un peu jeunes pour le métier». Je crois que non. La valeur n’attend pas le nombre des années. C’était certes une prise de risque, mais c’est une prise de risque comme on les aime quand elle se déroule comme actuellement. Ce sont des moments très sympas de voir tous ces jeunes se faire une jolie réputation nationale car aujourd’hui, on en parle aussi beaucoup de Bergerac pour son entraîneur, son directeur, ses joueurs et j’en suis ravi.

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