France - Allemagne : les notes du match
L’épopée de la France au Brésil s’arrête en quart de finale. Les Bleus se sont inclinés sans briller face à l’Allemagne (1-0).

Ce vendredi, la France et l’Allemagne avaient rendez-vous avec l’histoire dans ce premier quart de finale du Mondial brésilien. Tandis que les Bleus allaient chercher d’effacer les souvenirs douloureux de 1982 et 1986, la Mannschaft avait l’occasion de se qualifier pour sa quatrième demi-finale de Coupe du Monde consécutive. Pour y parvenir, Joachim Löw procédait à quelques changements, replaçant Lahm à droite et titularisant Miroslav Klose en pointe. Côté français, Didier Deschamps offrait sa confiance à Antoine Griezmann, préférant Benzema à Giroud en pointe. Et en début de rencontre, malgré une première occasion pour Benzema, ce sont bien les Allemands qui allaient ouvrir le score : sur un coup franc lointain, Hummels prenait le meilleur sur Varane pour battre Lloris de la tête (13e, 0-1). Les Français se retrouvaient déjà dos au mur.
Dominés dans le jeu, les Bleus peinaient à ressortir le ballon. C’est finalement sur un appel de Griezmann dans le dos de la défense qu’allait venir une première étincelle. Mais ni Valbuena, ni Benzema ne parvenaient à tromper la vigilance d’un Neuer décisif (34e). Les Français terminaient mieux et se créaient plusieurs occasions, mais Benzema (42e, 44e) ne réglait toujours pas la mire. À la pause, la Mannschaft faisait donc la course en tête, plutôt logiquement. Au retour des vestiaires, les Bleus prenaient le contrôle des débats, mais peinaient toujours à se montrer dangereux, tandis que les Allemands piquaient en attaque placée. La rencontre s’installait dans un faux-rythme et les occasions se faisaient rares.
Il fallait attendre le dernier quart d’heure et le coaching de Deschamps (Cabaye remplacé par Rémy) pour voir un léger sursaut français. Benzema (76e) puis Matuidi (77e) venaient menacer une défense tenue de main de maître par Neuer et Hummels, étincelants. Sans jeu, sans inspiration, les Bleus s’offrent un baroud d’honneur dans les dernières secondes mais butaient sur un Manuel Neuer impeccable. Finalement, ils sortent finalement de cette Coupe du Monde par la petite porte. Les nostalgiques attendront pour venger le souvenir de 1982. Les Allemands, eux, suivront avec attention le Brésil-Colombie de ce soir, qui désignera leur adversaire en demi-finale, leur quatrième d’affilée en Coupe du Monde. Pour les Bleus, il est désormais temps de tourner les regards vers l’Euro 2016, qui se jouera à la maison.
L'homme du match : Mats Hummels (8,5) : un match énorme de la part du central du Borussia Dortmund. En patron de défense, il a montré l'exemple et s'est fendu de pas moins de trois sauvetages décisifs, à chaque fois devant Benzema, qu'il a empêché de frapper ou contré (11e, 34e, 76e). Une activité défensive remarquable, à laquelle s'ajoute son caractère décisif, avec le seul but du match, inscrit de la tête sur coup-franc (13e). Énorme.
France :
Lloris (5,5) : crucifié à bout portant sur le but allemand, l’ancien Lyonnais a vécu une première période plutôt calme, même s’il n’a jamais dégagé une grande sérénité. Une impression confirmée après la pause, où il a souvent manqué d’autorité dans ses sorties aériennes. Sa parade décisive sur un contre allemand (82e) aura permis aux Bleus de rester dans le coup jusqu’au bout. En vain.
Debuchy (3) : match délicat pour le Magpie. Battu dans l’impact physique, il s’est souvent contenté de dégager au plus pressé. Pas assez rapide, pas assez puissant, Debuchy n’a jamais rivalisé avec ses vis-à-vis. Un match à oublier pour lui.
Varane (5) : début de rencontre délicat pour le Madrilène, trop laxiste au marquage sur le but de Hummels. Il a compensé sa fébrilité apparente en phase défensive par beaucoup d’application dans la relance, même s’il a souvent été en difficulté sur les incursions allemandes.
Sakho (3,5) : méconnaissable par rapport à son début de tournoi, Sakho est apparu très fébrile. Imprécis dans ses relances, il a offert plusieurs occasions à ses adversaires. Apparemment pas remis de sa blessure à la cuisse, il est remplacé par Koscielny (72e).
Evra (5,5) : déterminé, l’ancien capitaine des Bleus a tenté de contenir Müller. S’il a connu quelques difficultés, il a réussi à sauver les meubles. Offensivement, il est monté en puissance au fil du match et ses accélérations ont gêné le côté droit de la Mannschaft. Une copie correcte.
Cabaye (3) : absent des débats, il a laissé beaucoup trop de liberté aux offensifs allemands. Dépassé à la récupération, il a trop souvent pêché dans sa relance. Une performance forcément handicapante, à un poste clé comme le sien. Remplacé par Rémy (73e).
Pogba (5) : incisif en début de rencontre, le Turinois a sans aucun doute été plus dans le ton que ses compères du milieu. S’il n’a pas été irréprochable dans son replacement et son abattage défensil, il aura eu le mérite de se projeter vers l’avant mais aura fini par disparaître dans la dernière ligne droite.
Matuidi (4) : fantomatique en première période, il est sorti de sa torpeur à la reprise mais a trop souvent manqué de justesse. Une prestation décevante pour le Parisien, apparemment fatigué et pas au niveau face à l’expérience de l’entrejeu de la Mannschaft.
Valbuena (5) : avec son enthousiasme habituel, le numéro 8 des Bleus a tenté de créer balle au pied, sans se montrer pour autant en réussite. Malheureusement, il s’est montré bien plus discret quand la France a pris l’initiative du jeu, alors qu’il aurait dû monter en puissance. Une déception, malgré une bonne volonté notoire. Remplacé par Giroud (85e), probablement lancé trop tard dans la bataille pour faire la différence.
Griezmann (6) : longtemps, il a semblé être le seul de faire la différence côté Bleu. Toujours prompt à exploiter les espaces dans le dos des défenseurs, le joueur de la Real Sociedad s’est montré parfois imprécis (12e), parfois génial (34e, 54e) dans ses courses et ses transmissions. Sa vivacité a posé beaucoup de problèmes à l’entrejeu allemand comme en témoignent les cartons reçus par Khedira et Schweinsteiger. Seulement, il aura été trop timoré aux abords de la surface. Dommage.
Benzema (3,5) : le Madrilène s’est créé beaucoup d’occasions dans une première période pourtant dominée par l’Allemagne, mais il a manqué soit de précision (8e), soit de détermination (34e, 42e, 44e). Paradoxalement, quand les Bleus ont retrouvé des couleurs, il a disparu des débats. Ce soir, la France a retrouvé le Benzema qui était resté muet pendant 1222 minutes : imprécis, timoré, impuissant.
Allemagne :
Neuer (8) : une rencontre des plus sérieuses pour le dernier rempart allemand, qui a bien négocié toutes les tentatives adverses : il a sorti la manchette - et quelle fermeté ! - sur les deux plus grosses opportunité des Bleus, des frappes de Mathieu Valbuena (34e), et Benzema (90e+4e). Il a également assuré ses prises de balles sur des frappes de l'attaquant madrilène (44e), Matuidi (76e) et Varane (60e). Décisif.
Lahm (7) : repositionné sur son naturel flanc droit de la défense, le capitaine allemand a eu une influence semblable à celle qui fut la sienne au milieu de terrain : participant actif à la construction du jeu de son équipe, il a pu faire entrevoir sa belle entente avec Müller. Mis à contribution défensivement, il a parfois cédé mais par la même réalisé de bonnes interventions (11e, 76e).
Boateng (4,5) : le point faible de la défense allemande. Souvent pris de court par un Griezmann parti dans son dos, le central du Bayern n'a pas non plus été une assurance en matière de relance. À créditer, tout de même, de quelques dégagements bienvenus.
Hummels (8,5) : voir ci-dessus.
Höwedes (5) : annoncé comme le point faible numéro un de l'arrière-garde de la Mannschaft, du fait de son déficit de rapidité sur un flanc alors qu'il est un central de métier, le joueur de Schalke a plutôt été épargné. Les Bleus ont plutôt insisté sur le côté opposé, et du reste, il a assez bien tenu son couloir. Offensivement, il fut néanmoins inexistant.
Khedira (7) : une énorme activité dans l'entrejeu. Très efficace, tant à la récupération qu'à la conservation et les lancements - sans compter ses fautes tactiques -, il fut impeccable cet après-midi. Et ce, en dépit d'évidentes limites physiques qui l'ont amené à baisser le pied en fin de rencontre.
Schweinsteiger (6) : discret comme l'impose son métier de l'ombre, le milieu du Bayern a fait le boulot à la récupération et au pressing, mais n'a pas toujours été impeccable, tant pour son nombre de fautes que pour le marquage qui lui a été imposé. Son intervention sur Griezmann dans la surface (46e) peut être qualifiée de limite.
Kroos (7) : bon dans le jeu, la cible estivale du Real Madrid a surtout prouvé, une nouvelle fois, qu'il était toujours précieux sur coups de pieds arrêtés. C'est lui, qui a ainsi déposé le cuir sur la tête de Hummels sur coup-franc, pour l'unique but allemand (13e). Remplacé par Kramer (90e+2).
Müller (7) : parmi les meilleurs réalisateurs du tournoi, l'attaquant du Bayern, cette fois amené à jouer sur l'aile, n'a pas trouvé la faille. Mais là n'est pas la seule qualité d'un attaquant : celle de Müller fut de créer des brèches et de fatiguer l'arrière-garde tricolore, de par la qualité de ses déplacements. Excellent brouilleur de pistes, il a fait le boulot.
Klose (5,5) : avec une 22e apparition à un Mondial, l'attaquant vétéran devenait le 3e joueur le plus présent dans l'histoire de la compétition - derrière Paolo Maldini (23) et Lothar Matthäus (25). Mais pour ce qui est du record de Ronaldo, il n'est toujours pas tombé. Le Laziale n'a pas démérité, a fait mal par ses appels et proposé des solutions, sans pour autant pouvoir bénéficier d'une seule occasion. Remplacé par Schürrle (69e).
Özil (5) : parfois effacé, le milieu offensif allemand a ce soir répondu présent. Le tout pour jeu sans fioritures, mais sans réelles prises de risque, aussi. Hormis un caviar pour Schürrle (82e), il ne s'est pas véritablement mis en avant. Remplacé par Götze (83e).