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Yassine Bounou, Maroc : « on aime aller là où on est vraiment désiré »

Par Hanif Ben Berkane
10 min.
Yassine Bounou avec le Maroc lors du Mondial 2022 @Maxppp

Yassine Bounou se souviendra très longtemps de sa saison 2022/2023. Auteur d’un Mondial exceptionnel avec le Maroc, le portier de 32 ans, qui a confirmé qu’il faisait partie des meilleurs gardiens du monde, a aussi soulevé la Ligue Europa en étant encore une fois décisif en finale. Des performances exceptionnelles qui lui ont permis de devenir le premier marocain de l’histoire nommé au Ballon d’Or, mais aussi au trophée Yachine. Cet été, pisté par les plus gros clubs européens (PSG, Real Madrid, Bayern Munich), il a finalement signé en Arabie saoudite à Al-Hilal. Celui qui parle très peu s’est confié pour Foot Mercato sur sa saison XXL, son été agité ou ses objectifs avec le Maroc.

Foot Mercato : Yassine Bounou dans les 30 du Ballon d’Or, est-ce que vous réalisez ?

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Yassine Bounou : (rires) Pas forcément. Ça me fait énormément plaisir. Ça fait depuis très longtemps que j’essaye de réussir au plus haut niveau. Pour moi, cette nomination c’est une récompense pour tout ça. Ça me fait chaud au cœur.

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FM : est-ce que l’enfant de Casablanca rêvait de ça un jour ?

YB : non pas du tout. Sincèrement, quand j’étais à Casablanca, je rêvais juste d’être professionnel un jour. Jamais je n’aurais cru pouvoir atteindre un jour le très haut niveau. Mais bon, petit à petit, je me suis découvert. J’ai fini par comprendre que j’avais un plafond bien plus haut que ce que je pensais.

FM : en plus d’être le premier marocain de l’histoire nommé au Ballon d’Or, vous êtes aussi nommé pour le trophée Yachine, c’est forcément un objectif pour vous ?

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YB : pour moi, j’ai toujours eu cet objectif d’être considéré parmi les gardiens les plus importants du monde. Je crois que maintenant ça fait plus de deux ans que j’essaye de maintenir ce niveau, que je suis dans cette catégorie. Donc oui, ce trophée c’est ce dont j’ai toujours rêvé.

FM : vous pensez avoir une chance face à Emiliano Martinez ou André Onana ?

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YB : les deux sont de très grands gardiens tout comme les autres nommés. Il y en a 10, ce sont tous des gardiens excellents et qui m’inspirent surtout. Après ma saison dernière, avec ma Coupe du Monde, l’Europa League, je trouve que c’est mérité d’être là. Et surtout, c’est mérité de pouvoir aspirer à gagner ce trophée pourquoi pas.

FM : c’est vrai que cette nomination vient récompenser une grosse saison…

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YB : oui, c’était une saison XXL, exceptionnelle. Elle était incroyable car il y avait la Coupe du Monde en plein milieu de la saison. C’était franchement intense. Mais bon, c’est ce qu’on appelle le haut niveau. Avec le temps, je crois qu’on fini par s’y habituer et on gagne de l’expérience.

FM : est-ce que vous considérez avoir atteint le meilleur niveau de votre carrière ?

YB : je pense que j’ai quelque chose à améliorer encore. Je sais que je peux encore m’améliorer sur certaines choses. J’ai un plafond un peu plus élevé que ça. J’espère que je vais pouvoir l’atteindre.

FM : c’est-à-dire ? qu’est-ce que vous devez améliorer selon vous ?

YB : je dois surtout continuer à chercher comment sortir la meilleure version de moi-même sur le long terme. Ce n’est pas facile. D’abord c’est un travail dans la tête, c’est mental. Ensuite, c’est à l’entraînement. Ce n’est pas facile de rester tout en haut, être au top pendant longtemps. C’est un peu ça la clé. Savoir comment rester au top longtemps.

FM : vous avez connu une saison avec de nombreux moments marquants quand même…

YB : la Coupe du Monde, la victoire finale en Europa League, ce sont des moments inoubliables. Le Mondial, c’est quelque chose que n’importe quel joueur rêve de faire, de jouer. C’est l’objectif ultime d’un joueur de football. Moi, j’ai eu la chance de le vivre et de la manière dont tout le monde l’a vu. C’est juste exceptionnel.

«Le Maroc peut faire beaucoup mieux qu’un quart de finale de CAN»

FM : dans votre saison, il y a eu aussi ce parcours magnifique avec Seville où vous êtes décisif pour l’Europa League…

YB : Séville pour moi, ce sera toujours quelque chose d’exceptionnel. J’ai pu atteindre un niveau magnifique là-bas et surtout, j’ai vécu des moments inoubliables. Je pense que je peux dire que ce sera toujours un de mes clubs de cœur.

FM : cette saison, vous êtes aussi passé de titulaire en Liga à remplaçant avec Séville. Comment l’avez-vous vécu ?

YB : ce sont des circonstances du football, surtout pour un poste de gardien de but. En tant que professionnel, dans cette situation, il faut toujours garder son niveau, être prêt et voilà. En réalité, le reste ne dépend pas de nous.

FM : après le Mondial, les supporters se tournent maintenant vers la CAN qui arrive. Le Maroc sera attendu, comment vous appréhendez cette compétition ?

YB : forcément, c’est un objectif pour le Maroc. On veut améliorer ce qu’on a fait dans les deux-trois dernières CAN. On veut améliorer ce qu’on a fait, donc surtout de passer ces quarts de finale. Le Maroc est une grande sélection et on a la capacité de faire beaucoup mieux qu’un quart de finale.

FM: ces derniers matches, le Maroc a eu quelques difficultés dans le jeu surtout, est-ce qu’il n’y a pas le risque de se voir trop beau ?

YB : tous les matches de haut niveau, en Afrique ou ailleurs, il y a toujours des difficultés. Ce qui est important surtout, c’est que l’équipe du Maroc sait toujours affronter la difficulté. Avec la mentalité et le caractère du groupe. C’est sur qu’on va être prêt.

FM : après cette belle saison, vous vous êtes envolé pour l’Arabie saoudite. Un choix qui peut surprendre. Pourquoi ce choix ?

YB : pendant le mercato, Al-Hilal a démontré son envie de m’avoir. Le club a fait son maximum pour tenter de me recruter et de m’avoir parmi eux. Ça m’a fait plaisir. Et pour moi, c’est un nouveau défi. Je ressens la responsabilité d’être à la hauteur avec eux. Je suis content d’être ici. Et puis, nous les joueurs, on aime bien être là où l’on est vraiment désiré.

«J’étais en contact avec le PSG, le Real Madrid et le Bayern Munich. J’étais l’une des options pour ces clubs»

FM : cet été, le PSG, le Real Madrid ou encore le Bayern Munich étaient également sur vous… Pourquoi ça ne s’est pas fait ?

YB : concernant Paris, le Real Madrid où le Bayern Munich, oui il y a eu des contacts avec ces trois clubs là pendant le mercato. Ce que je peux vous dire, c’est que j’étais l’une des options pour ces clubs. Mais comme vous savez, dans le football, ça ne dépend pas juste de moi. Il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte pour que ça se fasse, ou pas. J’ai la chance aujourd’hui d’être dans un club comme Al-Hilal, ou je suis content, et où surtout j’étais leur option principale. Donc, je ressens la responsabilité de lui donner le maximum.

FM: dans votre équipe, vous êtes entouré de stars dont Neymar, comment vous avez vécu ces premières semaines avec lui ?

YB : Neymar c’est un très grand joueur, c’est clair. Et c’est une grande personne. C’est vraiment plaisant de m’entraîner chaque jour avec lui et d’être son coéquipier.

FM : est-ce que vous avez pu échanger avec lui depuis sa blessure ?

YB : non, je n’ai pas pu parler avec lui après sa blessure. Mais je lui envoie toutes mes forces. J’espère vraiment qu’il reviendra bientôt parce que c’est un joueur qui nous a tous régalé et on a envie de le revoir bientôt sur les terrains.

FM : parlons d’un aspect peu évoqué, c’est le côté psychologique. Plusieurs fois vous avez expliqué que c’était parfois dur mentalement pour vous notamment pendant le Mondial…

YB : c’est vrai. Pendant la Coupe du Monde, ce n’était pas facile car vous êtes enfermé dans une bulle. Et c’est sûr que quand vous jouez pour votre pays, surtout quand c’est le Maroc, un pays avec une passion, je ne vais pas dire exagérée, mais avec une très très grosse passion pour le foot… Tout le pays s’arrête pendant les matches. Il y a beaucoup de pression, ce n’est pas facile à gérer. Surtout en tant que gardien. Mais c’est quelque chose que j’ai vécu depuis tout petit. Moi, mon premier match en pro ça a été une finale de Ligue des Champions avec le Wydad Casablanca. Donc c’est quelque chose qu’on apprend à gérer avec le temps.

FM : est-ce que vous pensez qu’on ne prend pas au sérieux le côté mental dans le foot ?

YB : peut-être qu’avant on ne le prenait pas au sérieux. Mais là, avec l’évolution du football, on voit qu’il y a un encadrement. Il y a des coachs, des spécialistes, qui aident les joueurs au quotidien, quand ils ont besoin d’un soutien psychologique. Je pense que ça a évolué et que c’est pris au sérieux de plus en plus justement.

FM : à 32 ans en Arabie saoudite, est-ce que Bounou a encore des objectifs ?

YB : pour l’instant, mon objectif, c’est de triompher avec Al-Hilal. Je veux essayer de tout gagner, de marquer une époque et de laisser quelque chose. Je veux laisser une trace dans ce championnat, sur ce continent. Surtout que c’est un championnat qui est en train de grandir. Le niveau est de plus en plus élevé. De mon côté, j’espère justement pouvoir continuer à contribuer à ça.

FM : est-ce qu’on vous reverra en Europe ou au Maroc avant la fin de votre carrière ?

YB : (rires) je suis concentré sur mon aventure ici pour le moment. Je pense juste à bien faire avec Al-Hilal. Après, on verra…

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