Depuis aujourd'hui, on connaît officiellement les noms des candidats à l'élection présidentielle de la FIFA. Qui sont-ils ? Quels sont leurs projets pour remettre cette institution sur de bons rails ? Foot Mercato fait le point.

Un chantier colossal. C'est l'image qui peut venir tout de suite à l'esprit lorsqu'on pense au travail qui attend le prochain président de la FIFA dont le nom sera connu le 26 février 2016 au cours d'un Congrès électif extraordinaire. Un homme dont l'objectif prioritaire sera de redonner un nouvel élan à cette institution toute proche de l'explosion ces derniers mois. Cela a commencé le 27 mai 2015 lorsque plusieurs hauts cadres de la FIFA ont été suspectés de corruption deux jours avant l'élection présidentielle qui a consacré Sepp Blatter. Depuis, les accusations s'enchaînent. Et personne n'est épargné. Il y a quelques jours, le comité d'éthique de la FIFA a suspendu Jérôme Valke, Sepp Blatter et Michel Platini durant 90 jours. Un coup dur pour le Français, candidat et favori à l'élection présidentielle. C'est donc dans ce climat particulièrement tendu que l'institution du football mondial va devoir élire son nouveau président. Première étape ce lundi 26 octobre, date butoir des dépôts de candidatures. Désormais, ils sont huit à vouloir prendre la succession du très controversé Sepp Blatter. Qui sont-ils ? Foot Mercato fait les présentations.
Michel Platini (France / 60 ans) : un parcours quasi sans faute. La légende du football français a gravi les échelons avec succès. Joueur, entraîneur, sélectionneur, membre du comité de la FIFA depuis 2002 puis président de l'UEFA durant deux mandats, l'ancien numéro 10 des Bleus possède un CV exceptionnel. Dans "l'intérêt du football", il a souhaité se présenter à l'élection présidentielle de la FIFA le 29 juillet dernier. « Ce fut une décision très personnelle, prise avec beaucoup de considération et pour laquelle j’ai tenu compte du futur du football tout comme de mon propore futur. J’ai aussi été guidé par l’estime, le support et les encouragements que beaucoup d’entre vous m’ont montré », a-t-il confié. Candidat idoine aux yeux de beaucoup de personnes, Platoche a eu le soutien de nombreuses fédérations. Tous les voyants étaient donc au vert pour lui. Mais c'était sans compter sur une affaire remontant à 2011. Conseiller de Blatter, il avait perçu une somme de deux millions de francs suisses (1,8 millions d'euros). S'il existait un contrat oral entre les deux hommes, un "gentlemen agreement" comme l'a reconnu Blatter, il n'y avait pas en revanche de contrat écrit. Tout cela a poussé le comité d'éthique de la FIFA à sévir. Résultat : Michel Platini a été suspendu 90 jours. Une décision confirmée en appel. On évoque même une possible falsification des comptes. Sa candidature, elle, est mise de côté jusqu'à la fin de sa suspension. Cela pourrait lui être préjudiciable dans la course à la présidence. D'autant que la commission qui validera les candidature consultera le fameux comité d'éthique. Le même comité qui l'a suspendu trois mois... Si Platini s'est défendu, ses chances de succéder à Blatter sont difficiles à l'heure actuelle.
David Nakhid (Trinité-et-Tobago / 51 ans ) : bien moins médiatisé que Michel Platini, l'ancien capitaine de l'équipe nationale de Trinité-et-Tobago a lui aussi déposé sa candidature. «J’ai le soutien de cinq fédérations membres de la FIFA, mais il est préférable qu’elles restent anonymes pour l’instant ». L'homme a été plus bavard en revanche au moment de donner les grandes lignes de son programme. Comme les autres candidats, son but est de redonner une belle image à la FIFA et de revenir aux principes fondateurs. «Ma priorité est la droiture. Avec toute cette confusion, je crois que c'est important de défendre la Fifa, pour le football et ses millions de fans dans le monde. Je suis déterminé à une transformation juste et impartiale et qui fera face à toute infraction ou mauvaise conduite», a-t-il confié à l'AFP. L'ancien milieu de terrain veut aussi promouvoir le développement universel du football. «J'ai une vision afin d'améliorer l'implication des 85% du football mondial, qui font aussi partie d'une Fifa présentement dominée par l'Europe. Une Fifa dirigée par Nakhid aborderait ces problèmes ». Il reste à savoir si son souhait sera exaucé.
Ali ben Al Hussein (Jordanie / 39 ans) : lui aussi souffre d'un certain manque de médiatisation. Troisième fils du roi Hussein de Jordanie, il hérite légitimement du titre de "Prince" dans son pays. Il débarque dans le monde du ballon rond en 1999. A tout juste 24 ans, il devient président de la Fédération jordanienne de football, avant de devenir vice-président de la Fédération internationale de football pour le continent asiatique. Un poste qui lui permet de densifier son réseau de connaissances et de devenir un membre influent dans les instances. Suffisamment pour se présenter une première fois à la présidence de la FIFA en 2015. Soutenu par des personnalités importantes du football (Platini et Maradona notamment) mais aussi de la géopolitique mondiale (David Cameron, le premier ministre britannique), il parvient à tancer Sepp Blatter en se hissant jusqu'au dernier scrutin où il abandonnera se sachant battu. Il ne renonce pas à son ambition et a son désir de changement à la tête de la FIFA, affirmant qu'elle doit être La FIFA doit être « une organisation de service et un modèle d'éthique, de transparence et de bonne gouvernance. »
Jérôme Champagne (France / 57 ans) : il est l'autre représentant français de cette élection. S'il est moins réputé que Michel Platini dans le commun des mortels, il n'en reste pas moins un dirigeant d'influence. Journaliste à France Football dans un premier temps, il épouse ensuite une carrière de diplomate où il opérera aux quatre coins du monde (Oman, Etats-Unis, Brésil, Cuba). Après avoir rencontré les membres du comité d'organisation pour la Coupe du Monde 1998 dont Michel Platini faisait parti, il en devient conseiller de France 98. C'est lors du Mondial qu'il fait la connaissance de Sepp Blatter. Alors tout jeune président de la FIFA, le dirigeant suisse appelle l'ancien diplomate pour intégrer ses services. Jérôme Champagne restera 11 ans à la FIFA. Il participera activement à la réélection de Blatter en 2002 et à l'élection de Platini à l'UEFA en 2007, avant d'être remercié par Blatter pour désaccord politique en 2010. Viré de la FIFA, il n'en reste pas moins dans le monde des instances du football en effectuant diverses piges de conseiller auprès de fédérations asiatiques et africaines. Considérer comme un réformiste, il n'hésite pas à taper fort contre ses anciens mentors. «Le moment est grave, on a besoin d'une FIFA forte. La FIFA a 111 ans, elle a fait beaucoup de bonnes choses mais aujourd'hui il est temps d'engager des réformes. Une seule réforme ne suffira pas. Voilà pourquoi je ne propose pas de réformes mais des engagements.»
Tokyo Sexwale (Afrique du Sud / 62 ans) : homme d'affaires spécialisé dans les activités minières qui l'ont rendu riche à centaines de millions, Tokyo Sexwale était pourtant prisonnier sous l'apartheid aux côtés de Nelson Mandela. Homme de pouvoir aujourd'hui, il s'est décidé sur le tard quant à briguer la tête de la FIFA puisque son nom ne circule que depuis quelques jours. Soutenu par sa fédération nationale, il a d'autres appuis notamment dans le reste de l'Afrique, et ses 54 fédérations, où il est très populaire, ainsi qu'en Europe, auprès de l'Allemagne par exemple. «L’institution et le nom de la FIFA ont été sévèrement salis par plusieurs affaires scandales dont nous entendons parler. Cela doit cesser», a expliqué Sexwale. En revanche, il devrait pâtir de son absence notable dans les grandes instants internationales du football.
Salman bin Ibrahim Al-Khalifa (Bahreïn / 49 ans) : reconnu comme le patron du football asiatique, ce membre de la famille royale du Bahreïn occupe le poste de Président de la Confédération asiatique de football (AFC) depuis 2013. Et s'il avait été l'un des soutiens importants de Michel Platini par le passé, ce fervent défenseur de la candidature du Qatar pour le Mondial 2022, connaît bien la FIFA puisqu'il y occupe le poste de vice-président. Néanmoins, le Bahreïnien de 49 ans traîne de sérieuses casseroles derrière lui, lui qui avait fait l'objet de vives critiques de la part d'organisations de défense des Droits de l'Homme pour son rôle dans la répression du soulèvement démocratique de son pays en 2011. Des antécédents qui devraient faire fuir les fédérations européennes...
Musa Bility (Liberia / 48 ans) : loin d'être une surprise, la candidature du président de la fédération libérienne était attendue, son dépôt officiel intervenu ce lundi dans la suite logique des choses. Alors qu'un seul Africain s'était jusqu'ici présenté au poste suprême de la FIFA dans l'histoire, c'était en 2002, ils seront donc deux à concourir en février prochain. Du haut de ses cinq soutiens, validés par le comité électoral, il veut lui aussi tourner la page Blatter. «Si nous sommes ici pour changer le football, alors nous devons nous assurer que ceux qui ont dirigé la FIFA pendant les 20 ou 25 dernières années ne seront pas conviés», a-t-il expliqué à la BBC. Par ailleurs opposant déclaré à Michel Platini, le Libérien avait peiné à convaincre la CAF de le soutenir cet été, qui lui avait même claqué la porte au nez. Quoiqu'il en soit, les chances de Bility sont infimes.
Gianni Infantino (Suisse / 45 ans) : pour beaucoup, c'est avant tout l'homme de tous les tirages au sort, et surtout celui de la Ligue des Champions. Celui qui lance la cérémonie d'une longue tirade incompréhensible où l'explication de la répartition des boules dans les différents pots précède leur tirage, le tout dans un anglais impeccable malgré l'accent. Secrétaire général de l'UEFA, avocat par ailleurs, il est aussi le bras droit de Michel Platini, et sa candidature est surtout une issue de secours à la situation actuelle du Français, et un moyen de voir l'institution européenne représentée coûte que coûte lors du scrutin. Bricolage de dernière minute décidé vendredi en interne et officialisé ce lundi, il est également le dernier candidat à s'être manifesté, et pour cause. Considérant cet état de fait, il est d'ores et déjà acté qu'Infantino se désistera si Platini peut finalement défendre ses chances à la loyale. Nul besoin de précisant qu'en attendant que la situation se décante, le Suisse bénéficie du «soutien total» de l'UEFA. Reste à savoir s'il en sera de même avec les alliés du légendaire numéro 10 tricolore.