Bundesliga

La rapide extinction des Loups de Wolfsburg

Déstabilisé par le scandale Volkswagen, le VfL a rapidement implosé. Changeant de mâle alpha à deux reprises cette saison, la meute a dégringolé au classement. Résultat, une finale de la peur disputée lors de l'ultime journée, à Hambourg, et au bout des quatre-vingt-dix dernières minutes de la saison, une défaite qui condamne les Loups à disputer un barrage pour sauver leur peau. Et pourtant, tout allait si bien du côté de la Basse-Saxe...

Par Mathieu Rault
9 min.
Wolfsbourg Maxppp

Il n'est pas nécessaire de revenir à des temps très anciens pour parler de Wolfsburg en des termes élogieux. Le club estampillé Volkswagen, Champion d'Allemagne pour la seule fois de son existence en 2009, grâce au duo fantastique Grafite-Dzeko, était encore le dauphin du Bayern Munich il y a deux saisons. Une performance due notamment à un recrutement efficace lors des saisons 2013/14 et 2014/15. Bien aidé par les 100 millions d'euros annuels alloués par le constructeur automobile, Klaus Allofs, l'ex-secrétaire général du Werder Brême et nouveau directeur sportif du VfL, était à l'origine du renouveau bas-saxon.

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A l'été 2013, le VfL, qui sort d'une saison très moyenne, avec une onzième place à la clé, débute un grand chantier. Le club fait signer Luiz Gustavo, pour 16 millions d'euros, non désiré par Pep Guardiola, fraîchement débarqué au Bayern. Dans son sillage, Ivan Perisic rejoint les Loups, en provenance de Dortmund, pour 8 millions d'euros. Timm Klose, Junior Malanda et Daniel Caliguri rejoignent également l'effectif de Dieter Hecking. Au mercato hivernal, Kevin De Bruyne, malheureux du côté de Chelsea, sous les ordres de José Mourinho, est lui rapatrié pour 22 millions d'euros. Le VfL termine l'exercice 2013/14 à une prometteuse cinquième place.

Avec un effectif encore renforcé (Bendtner, Hunt, Jung, Guilavogui), l'exercice 2014/15 apparaît comme la confirmation du renouveau des Loups. Pour sa troisième saison avec les Vert et Blanc, l'attaquant néerlandais Bas Dost explose. Il inscrit 16 buts en Bundesliga et contribue au parcours exceptionnel des Loups. Imité dans son excellence par un Kevin De Bruyne au jeu retrouvé, auteur de 20 passes décisives. La fin de la saison est exceptionnelle. Autre transfuge de Chelsea à avoir rejoint le VfL au mercato hivernal, Andre Schürrle apprivoise rapidement le groupe. Wolfsburg réalise un joli parcours en Ligue Europa, éliminé au stade des quarts de finale par le Napoli (1-4, 1-1), et termine sa saison de Bundesliga à la deuxième place, derrière le Bayern, parvenant à se qualifier pour la Ligue des champions. Les Vert et Blanc concluent en beauté en remportant la première Coupe d'Allemagne de leur histoire (1-3 face à Dortmund) ! Le 1er août, ils s'imposent encore, en Supercoupe d'Allemagne cette fois, face au Bayern (1-1, 5-4 t.a.b.).

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Après s'être extasiés devant les prouesses de fin de saison de leur club, les supporters de Wolfsburg déchantent à l'annonce du départ de Kevin De Bruyne. Après son échec de Chelsea, le milieu belge retente le coup en Angleterre. Le 30 août 2015, il s'engage pour six ans avec Manchester City pour un montant compris entre 75 et 80 millions d'euros. Mais dès le lendemain, les fans retrouvent le sourire lorsque Julian Draxler rejoint le club, en provenance de Schalke 04, pour une somme avoisinant les 43 millions d'euros. Un crack pour un crack. Deal honnête se dit-on.

Le scandale Volkswagen à l'origine du déclin ?

Le 20 septembre 2015 signe un tournant dans l'évolution du club. Le propriétaire-financeur-sponsor du club de Basse-Saxe, Volkswagen, est alors impliqué dans un énorme scandale aux Etats-Unis, lié aux émissions de gaz de ses véhicules. Le 23 septembre, au lendemain de l'humiliation infligée au VfL par Robert Lewandowski à l'Allianz Arena - auteur de cinq buts en neuf minutes - éclaboussé par le scandale, Martin Winterkorn, PDG de Volkswagen, démissionne. Le groupe encourt jusqu'à 18 milliards de dollars d'amende et doit sans attendre mener un plan d’économies pour affronter la crise. Les investissements dans le sponsoring sportif sont réduits, d'autant que le nouveau patron du groupe, Matthias Müller, n’est pas un grand défenseur de la cause footballistique. Il est rapidement annoncé que le budget passera de 100 à 80 millions d'euros par saison. L'avenir montrera que le budget sera bien inférieur à cette somme.

Comme si cela ne suffisait pas, l'équipementier Kappa, lié avec les Loups jusqu'en 2018, décide de mettre un terme à son contrat de sponsoring avec le VfL Wolfsburg à l’issue de la saison. Alors que l'ambiance pesante qui règne à Wolfsbourg commence à avoir un impact réel sur les résultats du club, les mauvaises nouvelles s'enchaînent. Au mois d'octobre, le club allemand gèle son projet de construire un centre pour la formation des jeunes, dont le coût est estimé entre 30 et 40 millions d'euros. « Je pense qu'il est compréhensible dans la situation actuelle que les projets de cette ampleur soient reportés », affirme alors le directeur sportif, Klaus Allofs.

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Si le championnat est compliqué, les Loups profitent de la Ligue des champions pour s'aérer l'esprit et réalisent un parcours exemplaire. Sortis premiers d'un groupe composé de Manchester United, du CSKA Moscou et du PSV, les Bas-Saxons passent les huitièmes de finale en écartant La Gantoise. Le Real Madrid se présente alors sur leur route. Et le 6 avril 2016, les hommes de Dieter Hecking réussissent l'exploit de faire tomber les Merengues à la Volkswagen Arena (2-0), grâce à Ricardo Rodriguez et Maximilian Arnold. Joie de courte durée, puisque le futur vainqueur de la compétition, qui n'a plus perdu un seul match de Ligue des champions depuis cette défaite, va renverser la vapeur au match retour (3-0 à Bernabeu) et envoyer les Loups en vacances. Huitième de Bundesliga, ils finissent en roue libre, concédant quatre défaites de suite qui marquent la fin d'une saison éprouvante.

Le VfL affiche son manque d'ambition au mercato estival

Premier mercato estival post scandale Volkswagen pour le VfL et premiers couacs. A l'été 2016, le club cherche à couper dans les dépenses et vend à tour de bras. Il se sépare d'André Schürrle, vendu à Dortmund pour 30 millions d'euros, pourtant l'un des meilleurs éléments de la saison précédente. Bas Dost rejoint lui le Sporting pour 10 millions d'euros. Club pour lequel il inscrira 35 buts en 42 journées, pour sa première saison. Vendu 7,5 millions d'euros, Max Kruse fait la route jusqu'à Brême, où il inscrira 15 buts cette saison. Au club depuis 2012, Naldo part lui libre à Schalke 04, alors que Dante, arrivé du Bayern l'été précédent, est convaincu par Lucien Favre de rejoindre Nice, pour 2,5 millions d'euros. Et les recrues ne sont pas au niveau des partants.

Le défenseur Jeffrey Bruma arrive du PSV pour 11,5 millions d'euros. Au mercato hivernal, Philipp Wollscheid est prêté par Stoke. Les deux joueurs formeront la charnière centrale du VfL lors de la deuxième partie de saison et seront loin du niveau de leurs prédécesseurs. L'ailier droit de Dortmund Jakub Blaszczykowski signe chez les Loups pour 5 millions d'euros, alors que l'arrière gauche Yannick Gherardt quitte Cologne et rejoint le VfL pour 12,5 millions d'euros. Deux nouveaux transferts qui se révèleront être des échecs relatifs. Des joueurs moyens, pour un club que l'on a connu plus ambitieux. Dernier renfort de poids en attaque, Mario Gomez quitte la Fiorentina et rejoint la Basse-Saxe au mois d'août. Un transfert qui coûte 7 millions d'euros à Wolfsburg. S'il rapporte 16 buts cette saison en Bundesliga (sur les 34 inscrits par la troisième moins bonne attaque d'Allemagne), l'attaquant ne s'intègre pas vraiment au groupe et travaille de son côté. Il n'est plus le joueur d'équipe qu'il avait été. Le club ne trouve plus l'harmonie qui avait fait sa force. Signe de temps incertains, Julian Draxler, au club depuis un an, fait savoir à ses dirigeants qu'il veut partir. Il reçoit un non catégorique au mois d'août. L'ambiance est électrique. Quant à la valeur marchande du club, évaluée à 260 millions d'euros au commencement de la saison 2015/16, elle chute à 150 millions au début de cette nouvelle saison.

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Les chefs de la meute sont contestés

Auteur d'un début de championnat raté (1 victoire, 3 nuls, 3 défaites), Wolfsburg décide de se séparer dès le mois d'octobre de son entraîneur Dieter Hecking, au club depuis quatre ans. L'ancien défenseur français Valérien Ismaël, qui était entraîneur de la réserve des Loups, assure l'intérim du groupe pro. S'il connait deux défaites pour ses débuts sur le banc de Wolfsburg, un succès trois buts à zéro sur la pelouse de Fribourg convainc le club de lui laisser sa chance. Mais l'instabilité règne au sein du club. A la mi-décembre, le club reste sur quatre matches sans victoires en Bundesliga, dont une correction reçue de la part du Bayern Munich (0-5). Il occupe la quinzième place du classement, à égalité de points avec Hambourg, alors en position de barragiste.

Moment choisi par Klaus Allofs pour quitter le VfL Wolfsburg, où il occupait le poste de directeur sportif depuis le mois de novembre 2012. Alors que le VfL lutte pour le maintien, le Mercato hivernal s'annonce capital, mais compliqué. Le jeune Olaf Rebbe, 39 ans, récupère le poste de Directeur sportif du club. Julian Draxler, décevant depuis son arrivée et bien décidé à changer d'air, obtient l'accord du club pour rejoindre le Paris Saint-Germain, en échange de 42 millions d'euros. Une somme tout de suite réinvestie dans le recrutement de six joueurs au mois de janvier de cette année. Le milieu offensif Yunus Malli arrive en provenance de Mayence, quand Riechedly Bazoer, fait lui le chemin depuis Amsterdam. Paul-Georges Ntep, l'ailier à la santé fragile, arrive en provenance du Stade Rennais. Le jeune avant-centre nigérian Victor Osimhen arrive de l'Académie Ultimate Strikers et signe pour 3,5 millions d'euros. Un record. Enfin, Wollscheid et Dejagah sont prêtés par Stoke et Al-Arabi Sports chez les Loups.

Des choix qui laissent perplexe. Aucun joueur ne parvenant à réellement s'identifier au projet du VfL. Le début d'année 2017 n'est pas catastrophique, mais Wolfsburg ne parvient pas à enchaîner deux succès consécutifs. Les Loups enchaînent même cinq défaites au mois de février. Et moins de quatre mois après avoir été nommé, Valérien Ismaël est remercié. En quinze matches dirigés, toutes compétitions confondues, le manager français aura perdu neuf fois (un nul, cinq victoires). Entraîneur des U19 d'Arsenal lors des deux dernières années, Andries Jonker le remplace sur le banc du VfL.

Un derby pour sauver leur peau

Si Wolfsburg n'a jamais occupé l'une des trois dernières places lors des 33 premières journées de Bundesliga, l'ultime rencontre fait basculer la saison des Loups. Alors que cinq équipes se tiennent en trois points, le calendrier réserve une surprise pour ce dénouement. Hambourg, 16e avec 35 points, barragiste avant la rencontre, reçoit Wolfsburg, 15e avec 37 points, lors de l’ultime journée. Un match couperet. Alors que les Loups ouvrent le score en première période, par Knoche (23e), et que le HSV se dirige vers son troisième barrage en quatre ans, Kostic égalise pour Hambourg, neuf minutes plus tard (32e). A deux minutes du terme, le jeune Gian-Luca Waldschmidt délivre tout un stade d'un coup de tête au deuxième poteau (88e). La Basse-Saxe comptera donc deux représentants en Bundesliga, la saison prochaine. Si Hanovre, second de Bundesliga 2, a assuré sa montée dans l'élite du football allemand, Brunswick, troisième de cette même division, doit encore disputer un barrage. Et quoi de mieux qu'un derby contre le voisin de Wolfsburg pour mettre un peu de piment dans cet affrontement décisif ?

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