Entretien avec… Guy Roux : « L’enlèvement de Momo Sissoko par le FC Valence est un vrai regret »

FM : Quel est votre sentiment sur le parcours d'Auxerre en Ligue des Champions. Malgré trois défaites, que peut encore espérer l'AJA dans cette compétition ?

Guy Roux : Tout d'abord, je dois vous dire que je n'ai aucune légitimité pour parler de l'AJ Auxerre actuel. Actuellement le club a un entraineur qui s'exprime et qui sait ce qu'il veut, et qui travaille bien. C'est donc à Jean Fernandez de répondre à cette question. Évidemment, j'espère que l'AJA gagnera ses trois derniers matches.

FM : Parlons donc de l'AJA que vous connaissez bien, celui que vous avez entraîné de 1961 à 2005. La qualité de votre recrutement a souvent été saluée. Comment faisiez-vous pour dénicher des talents méconnus tels que Benjani, Taribo West ou encore Bonaventure Kalou ?

GR : J'avais mes réseaux. Par exemple pour Taribo West, il est arrivé du Nigéria à l'âge de 17 ans au mois de mars, il n'avait pas le droit de jouer alors on l'a fait travailler comme un fou avant d'évoluer une année en équipe B où il a fait d'énormes progrès. Ensuite, je l'ai pris en équipe première et il a réalisé des saisons extraordinaires avant de réaliser une grande carrière en Italie.

FM : Vous arrivait-il d'aller superviser vous-même des joueurs ?

GR : Malheureusement rarement. J'étais surtout occupé à suivre mon équipe au quotidien. Mais l'élément clé d'un bon recrutement c'est d'avoir des informateurs crédibles sur place et en qui vous pouvez avoir entièrement confiance. Mais c'est vrai que j'étais beaucoup aidé par Daniel Rolland (ancien entraîneur de l'équipe B puis entraîneur principal de l'AJA durant l'année sabbatique de Guy Roux lors de la saison 2000/01, il deviendra par la suite en charge de la supervision des équipes adverses et de la détection de jeunes talents). Par exemple, quand nous avons recruté Bonaventure Kalou c'est Daniel Rolland qui est parti le superviser plusieurs fois à Feyenoord. Il m'a dit qu'il avait beaucoup de talent. Pendant plusieurs semaines, je devais aller le voir, mais je n’ai jamais pu me libérer pour aller le superviser. Finalement, je me suis fié à l'avis de Daniel et on a vu la carrière que Kalou a réalisée à l 'AJA par la suite.

FM : Quel est le joueur que vous avez formé et qui a réalisé une carrière au-delà de ce que vous auriez pu imaginer ?

GR : Momo Sissoko. Il est parti très jeune de chez nous. On se l'est fait piquer par Valence, c'était un hold-up, plutôt un enlèvement je dirais, c'est un vrai regret pour moi encore aujourd'hui. Il est parti en junior et il a fait une carrière extraordinaire puisqu'il a évolué par la suite à Liverpool et il évolue aujourd'hui à la Juventus.

FM : La situation d'Abou Diaby est différente puisque c'est l'AJA qui l'a vendu à Arsenal ?

GR : Diaby est parti quand je n'étais plus l'entraîneur (NDLR : il avait quitté ses fonctions quelques mois auparavant). Si j'avais encore été l'entraîneur, je peux vous assurer qu'il ne serait pas parti à ce moment-là.

FM : À cette époque était-il déjà si prometteur ?

GR : Oui à l'époque il avait un grand potentiel, mais il était déjà souvent blessé.

FM : Que pensez-vous du parcours de Djibril Cissé au Pana ?

GR : C'est très bien ce qu'il fait au Pana. Quand la France cherchera à nouveau un buteur, ils le reprendront (rires). Il a tout de même fait une belle carrière, il ne faut pas oublier qu'il a eu deux fois la jambe cassée, c'est pas si mal.

FM : Enfin, que pensez-vous de la difficulté qu'ont certaines anciennes gloires de L1 à retrouver un club ?

GR : Les joueurs qui ont 35 ans, c'est l'âge de la retraite on peut pas vraiment les considérer comme des chômeurs. Pour Olivier Kapo c'est dommage, mais depuis le début de sa carrière, il n'a pas souvent fait les bons choix.