Le Brexit, des conséquences terribles pour la Premier League ?

Par Aurélien Léger-Moëc
4 min.
Payet et Kanté menacés par le Brexit ? @Maxppp

Le Brexit est donc désormais officiel. Le choix des Britanniques place la Premier League dans l'embarras. Explications.

Le football n'était évidemment pas le thème de réflexion principal des Britanniques appelés au référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne. Mais le monde professionnel du ballon rond risque d'en payer une partie des conséquences. Le Brexit est sorti gagnant, des bouleversements sont donc à prévoir pour la Premier League. Du moins, c'est la menace agitée par quelques dirigeants du football anglais, dont la vice-présidente de West Ham Karen Brady, qui avait confié sa crainte dans une lettre adressée à tous les clubs en janvier dernier. « Quitter l'UE pourrait avoir un impact conséquent. Des études indépendantes ont montré que 2/3 des stars européennes en Angleterre ne rempliraient pas les critères d'exemption de visa et pourraient ainsi être forcées de partir.»

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C'est le premier gros point d'interrogation. Quitter l'Europe, c'est potentiellement tirer un trait sur la possibilité de venir faire travailler des Européens sans permis de travail. Tout joueur sud-américain, asiatique ou africain doit présenter les conditions indispensables pour obtenir la validation du « Home Office ». À savoir : un étranger doit avoir joué 30 % des matches de sa sélection nationale au cours des deux dernières années si cette sélection figure parmi les 10 premières du classement FIFA ; 45 % des matches si la sélection est entre la 11e et 20e place, et ainsi de suite, allant jusqu'à 75 % pour les sélections au-delà de la 30e place. Si l'on exerce ce règlement pour tous les joueurs évoluant en Premier League, 122 joueurs (sur 168 européens) ne pourraient pas évoluer dans le championnat, selon les calculs de la BBC ! Parmi eux, on retrouverait Dimitri Payet, N'Golo Kanté, Samir Nasri ou même Laurent Koscielny (qui n'a pas joué assez régulièrement avec les Bleus).

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Imaginez donc un championnat amputé de ses meilleurs joueurs étrangers à cause de la sortie du Royaume Uni de l'Europe. Cela réduirait donc massivement les investissements des clubs anglais à travers le Vieux Continent. D'autant que, comme rapporté dans un article de France Football, une chute de la livre sterling consécutive à une sortie de l'UE entraînerait une grosse baisse du pouvoir d'achat des Anglais, non seulement sur les transferts mais aussi sur les salaires. C'est déjà le cas, puisque la livre a lourdement chuté dès l'annonce du résultat du référendum. La Premier League perdrait donc de sa superbe sur le plan financier. D'un autre côté, cette perspective ne déplaît pas à certains observateurs du football anglais, qui déplorent la faiblesse de la formation anglaise et la difficulté pour les jeunes Anglais prometteurs d'éclore au sein du championnat national.

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Des conséquences encore incertaines

« La campagne du Brexit contient beaucoup de bluff des deux côtés et le football n'y échappe pas mais je ne crois pas à une conséquence du Brexit sur le football anglais », a toutefois tempéré l'avocat Thierry Granturco au site Huffington Post. Certains ne croient ainsi pas au scénario catastrophe, assurant que le cadre resterait aménagé pour permettre aux Européens de ne pas être soumis aux règles strictes du permis de travail. Interrogé par nos soins, Richard Parry, journaliste au London Evening Standard, confirme qu'il est compliqué d'envisager la suite dès à présent. « La Premier League a pris une décision collective en annonçant qu'un vote sur le maintien dans l'Union Européenne est préférable. Mais il semble qu'ils ne sont pas encore sûrs des répercussions potentielles d'un Brexit. C'est la même chose du côté de la FA. Beaucoup a été dit sur les situations, par exemple, de Dimitri Payet et N'Golo Kanté, qui sont des cas à risque. Et il y a plus de 300 joueurs qui seraient concernés sur les 2 premières divisions anglaises et écossaises. »

Mais il confirme les craintes d'un championnat devenu forcément moins intéressé par les joueurs européens. « Il est difficile de savoir dès maintenant quelles seraient les conséquences. À court terme, les clubs auraient plus de mal à attirer des recrues européennes, tout comme retenir celles déjà présentes, notamment pour les clubs qui achètent des joueurs sans expérience internationale. À long terme, cela favoriserait le développement des jeunes joueurs anglais, mais les plus gros clubs ne s'empêcheraient pas de continuer à piocher en dehors de l'Union Européenne ». Une chose est sûre, du côté de la Premier League, on a clairement choisi son camp. « Il y a un processus d'ouverture de la Premier League, ce serait totalement incongru de prendre la direction inverse », a lancé Richard Scudamore, le patron du championnat anglais.

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