Federico Balzaretti, le cœur à l’ouvrage pour sortir d’un interminable calvaire

Par Alexandre Pauwels
5 min.
AS Rome @Maxppp

On attendait presque l’officialisation de l’arrêt de sa carrière : mardi dernier, Federico Balzaretti a convoqué la presse pour une conférence exceptionnelle, visant à faire le point sur sa situation personnelle. Absent des terrains depuis dix mois, le latéral de la Roma a raconté son calvaire. Et a assuré vouloir continuer le combat, pour un jour, pouvoir rechausser les crampons.

L’histoire de Federico Balzaretti pourrait se résumer par les larmes. Flashback : le 22 septembre dernier, le latéral gauche fondait en pleurs sous la Curva Sud, submergé par l’émotion d’un but lors du derby romain, derby gagné par une Roma qui effaçait alors une série noire face à son rival, marquée quelques mois plus tôt par une défaite traumatisante en finale de Coupe d’Italie. Et puis, il y a ces larmes du 19 août dernier, à l’occasion de la présentation de l’effectif giallorosso en marge d’un amical face à Fenerbahçe. Acclamé par le public, Balzaretti ne peut une nouvelle fois contenir l’émotion. Celle de constater qu’il est toujours dans le cœur des tifosi, bien qu’il n’ait pas joué depuis 10 mois. Parce que le défenseur a bel et bien disparu de la circulation depuis ce 10 novembre 2013, date de sa dernière apparition avec la Roma, face à Sassuolo. Depuis, dans l’ombre, il se bat.

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Révélation tardive et explosion tronquée

Mais au vrai, Balzaretti avait déjà dû se battre bien avant ce coup du sort. Produit du Torino, il est contraint comme tous les jeunes Italiens sortis du cocon de la formation à la fin des nineties, de faire ses armes dans la gavetta, autrement dit les divisions inférieures. Varese, Sienne, Torino en Serie B, Balza se voit offrir le potentiel salto di qualità avec un transfert chez l’ennemi juventino, mais faute à pas de chance, le rêve tourne court en raison du scandale Calciopoli. Il aura dû patienter janvier 2008, et un transfert à Palerme, pour voir sa carrière décoller véritablement, à l’âge de 26 ans. C’est en Sicile, où il s’est rapidement élevé au rang d’indiscutable, que le latéral a percé. Dans un dispositif à 3 ou 4 défenseurs, Balza est celui qui couvre le flanc gauche et multiplie les cavalcades dans son couloir. Infatigable, très porté vers l’avant car doté d’une mentalité offensive – qui ne lui aura pas valu que des louanges – et bon centreur, il devient alors une valeur sûre de l’élite italienne, au point de se voir convoqué, à l’orée de la trentaine, en équipe nationale. Lui et ses boucles blondes deviendront des membres assidus de la Squadra Azzurra de Cesare Prandelli, jusqu’à l’Euro 2012. Et seront également courtisés par le PSG, auquel ils ont été associés sur plusieurs fenêtres de marchés. Annoncé tenté par la perspective de rejoindre sa femme, ballerine reconnue opérant à Paris, Balzaretti n’a finalement pas rejoint la capitale française. Mais italienne.

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La Roma, donc. Un « choix familial arrangeant » pour le défenseur, pour la fréquence de vols vers Paris plus conséquente qu’à Palerme. Mais surtout, l’occasion d’adhérer à un projet ambitieux, là où celui des Rosanero, qui ont longtemps flirté avec la LdC avant de sombrer, se cassait la figure. Mais cette perspective de participer activement à la mise en place d’une nouvelle Roma sauce américaine, Balzaretti n’a donc pas eu l’occasion de l’achever. Après une première saison en dents de scie, Zeman oblige, le natif de Turin n’a pas pu profiter pleinement du renouveau incarné par Garcia. Une douleur au pubis pointe le bout de son nez début novembre 2013, et ne va plus le lâcher. « Je n’avais jamais eu de souci similaire et je pensais que ce serait passager, à tel point que j’avais joué une autre partie, face à Sassuolo. Au terme de ce match, je n’avais pas la force de marcher. Je pensais encore que ce serait bref », a raconté le joueur ce mardi face à la presse. Le début de son calvaire.

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« Je ne sais pas quand je reviendrai ni si cela se produira »

Au départ, on décèle à Balzaretti une pubalgie. Le terme hernie s’en suit, mais le fait est que la pathologie en question n’est pas commune. En vrai, le souci réside dans « l’usure du cartilage au niveau des muscles de l’adducteur », dixit la médecin de la Roma. Déjà opéré deux fois, aux Etats-Unis puis en Allemagne, le joueur n’a pas vu la situation s’améliorer, les derniers examens mettant même en évidence une légère dégradation. « C’est un souci qui m’empêche de courir, commente Balza. Dès que je tente de frapper dans la balle, la zone en question s’enflamme, me provoque une gêne. A la dernière opération, nous avons décidé de couper les nerfs qui provoquaient la douleur, mais ça n’a pas eu les résultats escomptés. Je dois encore observer quelques mois de thérapie, la nuit je dors avec un instrument qui pourra, nous l’espérons, atténuer la douleur. Malheureusement je dois encore me tenir éloigné des terrains pour des mois, et il y a la possibilité que la douleur reste toujours, avec toutes les conséquences que cela implique. »

Mais attention, il faut voir dans cette dernière déclaration un aveu d’impuissance, plutôt que la décision de dire stop. Car Balzaretti n’a pas lâché les armes. « Durant ces dix mois j’ai pensé à raccrocher les crampons, c’est normal. Mais après, mon envie de ne jamais rien lâcher a prévalu. J’y mettrai tout, j’essaierai de guérir, c’est une promesse que j’ai faite à tout le monde. Mais c’est très difficile, pour être honnête. Je m’investis à fond, mais je ne sais pas quand je reviendrai ni si cela se produira ». La Roma, elle aussi, veut y croire. Quand bien même elle ne retrouvera pas un joueur performant – d’autant qu’il a désormais 32 ans –, elle s’investit à fond dans cette entreprise. Parce que Balzaretti est un coéquipier et salarié très apprécié. Un type sympa. Alors hors de question de revoir son salaire à la baisse, malgré les propositions de l’intéressé à ce sujet. « Pallotta a carte blanche, je lui en ai parlé. S’il veut réduire mon salaire, il sait qu’il peut le faire. Mais la Roma est une famille : Garcia est une personne exceptionnelle, les dirigeants et mes coéquipiers aussi. C’est aussi pour eux que je ne peux pas m’arrêter là, que je ferai tout pour guérir. » C’est ce que le monde du football lui souhaite. Alors, comme on dit en Italie, in bocca al lupo, Federico.

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